Présentation :
Le château est situé sur le village "Le Pouyalet" (un des villages de la commune de Pauillac) séparé par un simple chemin de Château Lafite-Rothschild à une cinquantaine de kilomètres au nord de Bordeaux.
Le vignoble de 84 hectares (83 % Cabernet-sauvignon, 14 % Merlot, 3 % Cabernet franc) est situé sur un sol de graves sur socle marno-calcaire.
Le nom Mouton vient du gascon mothon et signifie la petite motte.
Histoire :
Le vignoble faisait partie de la seigneurie de Lafite et appartenait à la famille de Ségur.
En 1720, Joseph de Brane acheta le terrain et la vigne fut probablement plantée avant 1725.
Dès 1750 il est fait mention d'un « Clos de Mouton » sur une carte de la seigneurie de Lafite.
Durant cette période, Joseph de Brane rachète à Monsieur Saint-Duval la Maison du Grammant située à Pouyalet. Avec cet achat, il acquiert les droits seigneuriaux de la baronnie de Mouton ce qui lui donne le droit d'accoler le nom de Mouton au nom du domaine.
En 1830, le domaine de Brane-Mouton est vendu par Joseph Hector de Brane au banquier Isaac Thuret pour la somme de 1 200 000 francs, celui-ci ne s'occupe pas de la propriété et nomme régisseur Pierre Sévère de Lestapis (1784-1862), copropriétaire avec son frère Pierre Firmin (1786-1866) du château Calon-Ségur. La superficie du vignoble est alors d'environ 50 hectares.
Joseph Hector de Brane grâce à cette vente, surnommé le Napoléon des vignes, décide de se consacrer à une autre propriété : le château de Gorse (devenu château de Brane-Cantenac) qu'il rachète le 9 juillet 1833. Il est également un des promoteurs de l'arrachage des vignes blanches et de la promotion du cépage Cabernet-sauvignon dans le Médoc.
En 1851, Bernard Théodore Galos (1809-?), négociant bordelais succède à Pierre Sévère de Lestapis comme régisseur du domaine. Il gère dans le même temps le château Lagrange.
En 1853, le Baron Nathaniel de Rothschild (1812-1870), de la branche anglaise de la célèbre famille achète pour la somme de 1125000 francs le Château Brane-Mouton et le rebaptise aussitôt Château Mouton-Rothschild. Le vignoble à cette époque n'est plus entretenu.
Théodore Galos va remettre à niveau le vignoble et les chais.
En 1855, le château n'est pas classé premier cru (chose logique si l'on considère les critères de sélection retenus : les prix sur une cinquantaine d'années).
En 1880, le fils de Nathaniel de Rothschild, le baron James de Rothschild (1844-1881) commence la construction du château, son nom : Petit mouton.
Après son décès en 1881, le domaine sera dirigé par sa veuve Thérèse Laura de Rothschild (1847-1931) jusqu'au début des années 1920.
La direction du domaine est ensuite confiée à Henri de Rothschild (1872-1947), fils aîné de James de Rothschild.
En 1902 , le domaine accorde un abonnement de 10 ans au négociant J. Calvet & Cie (1902 à 1911).
En 1915, le régisseur du domaine s'appelle Augustin de Miollis (1864-1939), copropriétaire du château du Breuil à Cissac et de l'abbaye Skinner à Vertheuil.
Le 22 octobre 1922, le petit fils de Nathaniel de Rothschild et second fils de Henri de Rothschild, Philippe de Rothschild (1902-1988) prend la direction de la propriété à condition d'arrêter les courses automobiles. Il commence par lui donner une devise : « Premier ne puis, second ne daigne, Mouton suis ». Sous sa direction, le domaine va prendre son essor.
En 1924, la totalité des vins produits sont mis en bouteilles au château en même temps et en accord avec le château Margaux. Pour marquer cet événement, une nouvelle étiquette est créée par Jean Carlu, dessinateur publicitaire et affichiste français. Il existe également une étiquette de 1918 avec le dessin de Carlu qui correspond sans doute à une mise tardive au château pour le compte des établissements Nicolas.
En 1926, Charles Siclis bâti un nouveau chai : le chai de première année.
En 1927, la récolte n'étant pas au niveau, il n'y aura pas de château Mouton-Rothschild et le vin produit sera commercialisé sous le nom de Carruades de Mouton-Rothschild.
En 1932, les conditions sont si mauvaises que le grand vin ne peut être produit, il sera alors produit un vin appelé Mouton-Cadet mais il ne s'agit pas d'un second vin car produit à partir des jeunes vignes du domaine. La production de ce vin cessa rapidement pour ensuite devenir une marque.
En 1931, le comte Roger de Ferrand, propriétaire de château d'Armailhacq, lance la société anonyme du domaine de Mouton d'Armailhacq dotée de 3500 parts de 1000 francs chacune. Philippe de Rothschild, en devient un actionnaire minoritaire.
En 1932, le grand vin n’est pas produit non plus et le vin déclassé s’appelle Mouton-Cadet. Très vite, devant le succès, Mouton-Cadet cessera d’être le second vin de Mouton et il deviendra une marque à part entière.
En 1933, le domaine d'Armailhacq est vendu en viager au baron de Rothschild et en 1934, le comte de Ferrand meurt.
En septembre 1940, l'état français met sous séquestre le domaine, il sera administré par le Secours National. En avril 1942, les propriétaires sont expropriés. A compter de 1943, c'est l'Administration provisoire des Domaines qui gère le domaine.
Philippe de Rothschild est emprisonné à Vichy avant de s'évader et de s'enfuir vers Londres, tandis que sa femme Elisabeth de Chambure (1902-1945) décède en déportation à Ravensbrück.
Durant l'occupation allemande, le château est transformé en poste de commandement et des baraquements sont construits pour abriter des troupes. Un officier allemand, Heinz Bömers (1893-1978) dont la famille fut propriétaire du château Smith-Haut-Lafitte, désigné, sous le nom de weinführer, par Hermann Göring (1893-1946) se chargeant de superviser la production du domaine mais également les achats allemands de vins de Bordeaux.
En 1945, le domaine est restitué à la famille de Rotschild
En 1947, Philippe de Rothschild rachète les parts de son frère : James Nathaniel Charles Léopold Henri de Rothschild (1896-1984) et de sa sœur Nadine de Rothschild (1898-1958) et devient seul propriétaire du domaine.
En 1954, Philippe de Rothschild se remarie avec Pauline Fairfax-Potter (1908-1976), le château est agrandi et baptisé Grand Mouton.
En 1961, un comité d’experts de l’INAO, à l’initiative de Philippe de Rothschild étudie un projet de classement des crus du Médoc en 3 catégories : premiers grands crus classés exceptionnels, premiers grands crus classés et grands crus classés. Projet rapidement abandonné.
En 1962 : création du musée du vin dans un ancien chai du domaine. Chaque objet présenté est en rapport avec le vin.
Le 27 juin 1964, Georges Pompidou signe le décret 64-668 autorisant un nouveau classement des vins.
En 1967, le vignoble possède une superficie totale de 60 hectares.
En 1969 et enfin en janvier 1971, le baron Philippe entame les démarches officielles pour obtenir la modification du classement de 1855.
Le 27 juin 1972, un arrêté du ministère de l’agriculture autorise un concours pour mettre à jour et établir une nouvelle hiérarchie de mérite pour les vins de l’aire géographique Médoc avec les mentions Crus classés, Crus bourgeois et Autres crus.
Le 21 juin 1973, Jacques Chirac, ministre de l'agriculture de l'époque, signe l’arrêté de « mise à jour » du classement de 1855 et le château Mouton-Rothschild, passe du statut de second à celui de premier cru classé, la devise est alors modifiée en : « Premier je suis, second je fus, Mouton ne change ».
De 1985 à 2003, l’œnologue du domaine est Patrick Léon qui était auparavant le directeur technique des vignobles d'Alexis Lichine & Cie (Château Castéra et Château Lascombes). Il est également le directeur général du domaine et des différents domaines Baron Philippe de Rotschild (d’Armailhac, Clerc Milon...).
Fin 1979, Opus One winery est créé en Californie en association avec Robert Mondavi (1913 - 2008). Le vin est commercialisé sous le nom de Opus One (jusqu'au millésime 1982 sous le nom de Napamedoc).
En 1987, suite aux fortes pluies de la fin septembre et du début octobre, un hélicoptère est utilisé pour « sécher » les rangs de vigne avant la vendange.
Depuis la mort du Baron Philippe de Rothschild en 1988, c'est sa fille, Philippine de Rothschild (1933-2014) qui dirige la propriété. Elle est copropriétaire des différents domaines Baron Philippe de Rotschild avec ses trois enfants Camille, Philippe et Julien.
En 1995, Philippe Cottin quitte la direction du domaine et Hervé Berland devient l'unique responsable des domaines Baron Philippe de Rothschild.
En 1997, un partenariat est réalisé avec concha y Toro (Espagne) pour créer Almaviva au Chili, le premier millésime est commercialisé en 1998 (millésime 1996).
En 1998, Philippine de Rothschild achète le domaine de Lambert (103 hectares) dans l'Aude et le rebaptise Domaine de Baron’arques, premier milésime : 2003 en appellation Limoux rouge.
En janvier 2003, Philippe Dhalluin, ancien directeur technique du château Branaire-Ducru, est nommé directeur technique des domaines Baron Philippe de Rothschild (Château d'Armailhac, château Clerc-Milon et château Mouton-Rothschild). Il remplace à compter de 2004, Patrick Léon qui devient un conseiller technique œnologique indépendant. Le responsable technique du domaine est Éric Tourbier.
L'œnologue-conseil du domaine est Éric Boissenot.
En avril 2012, Hervé Berland quitte la direction des domaines Baron Philippe de Rothschild pour prendre la gérance du château Montrose.
En juin 2013, un nouveau cuvier, réalisé par l'architecte Bernard Mazières, de 70 mètres de long par 23 de large et 14 mètres de hauteur est inauguré. Il contient 64 cuves (2/3 en chêne, 1/3 en inox).
Après le décès le 22 août 2014 de la baronne Philippine de Rothschild, son fils Philippe Sereys de Rothschild lui succède à la tête des différents domaines familiaux.
Les vins :
Densité moyenne de plantation : 10000 pieds à l'hectare.
Rouge :
En 1927, la récolte n'étant pas au niveau, il n'y aura pas de château Mouton-Rothschild et le vin produit sera commercialisé sous le nom de Carruades de Mouton-Rothschild.
Pas de millésime 1930. Les vins sont vendus en appellation Pauillac.
En 1932, les conditions sont si mauvaises que le grand vin ne peut être produit, un vin est produit et vendu sous le nom de Mouton-Cadet, mais il ne s'agit pas d'un second vin car produit à partir des jeunes vignes du domaine. La production de ce vin cessa rapidement pour ensuite devenir une marque.
A compter de 1945, l'étiquette est dessinée par un artiste différent pour chaque millésime (Philippe Jullian en 1945 et le célèbre V de la victoire):
Les exceptions :
1953, année du centenaire de la propriété.
1978, Jean-Paul Riopelle a dessiné deux étiquettes retenues par le baron Philippe de Rothschild.
1993, le dessin de nu de Balthus est refusé par l'ATF aux États-Unis de sorte que l'étiquette a été redessinée avec un espace vide pour le marché américain.
2000, qui présente le bélier symbole de Mouton-Rothschild sur une bouteille sérigraphiée émaillée d'or.
2003, une photo du Baron Nathaniel de Rothschild et en fond l'acte d'achat de la propriété.
Le second vin du domaine porte le nom de : Petit Mouton.
Existe depuis le millésime 1993. Ce vin est issu des raisins non sélectionnés pour le grand vin.
Blanc :
Il existe également un vin blanc issu de Muscadelle et de Sémillon appelé Aile d'argent (production confidentielle : 15000 bouteilles environ par an).