Présentation :
Propriété de 120 hectares située sur la commune de Labarde à proximité du château Siran et au nord-ouest de château Giscours au bord de la Gironde.
Le vignoble de 45 hectares d'un seul tenant, dont 3 hectares en appellation Haut-Médoc et 42 hectares situés en appellation Margaux (62 % Cabernet-sauvignon, 38 % Merlot), est disposé sur des sols de graves sur sous-sol argilo-calcaire à une latitude de 7 à 12 mètres, au bord de la départementale 2, simplement traversé par la voie ferrée Bordeaux-Pauillac.
Le nom du domaine vient de Pétrus d'Auzac qui reçut ces terrains de Richard Ier Cœur de Lion au 12ème siècle.
Histoire :
Le plus ancien propriétaire connu dans ce secteur de Margaux est Pétrus d'Auzac qui reçut ces terrains de Richard Ier Cœur de Lion (1157-1199), roi d'Angleterre de 1189 à 1199, comte de Poitiers, duc d’Aquitaine, comte du Maine et comte d’Anjou).
Les premières traces d'un vignoble sur la propriété remonterait au 13ème siècle avec la présence d'un vignoble de palus sur la commune de Labarde.
En 1545, l'abbaye bénédictine de Sainte-Croix était la propriétaire du bourdieu de Dauzac (ferme louée à condition d'en partager les produits), elle fut également propriétaire des terres du château Carbonnieux.
On retrouve une mention de Dauzac en 1622, année ou Jean Cousseau ( ?-1635?), procureur au Parlement de Bordeaux (pas sur la liste des membres) achète le bourdieu de Dauzac à un nommé Nadouillac.
Après son décès avant 1635, c'est son épouse Jeanne de Guérin qui reprend le domaine.
Ses héritiers vendent en 1671 le bourdieu pour régler leurs dettes aux religieuses du carmel de Bordeaux (fondé à Bordeaux en 1610 par la mère Isabelle des Anges) pour la somme de 4 400 livres.
Le 28 juillet 1685, les carmélites vendent le bourdieu de Dauzac à Pierre Drouillard (1649-1708), négociant originaire de l'île d'Yeu et jurat perpétuel de Bordeaux.
Celui-ci va créer le véritable domaine viticole et rebâtir la maison de maître. Par une intense politique d'achats de parcelles, il va agrandir le domaine et développer le vignoble entre 1685 et 1707 en arrachant les vignes situées sur des zones de palus et en replantant sur des sols de graves comme au lieu-dit de Belair.
Le domaine passe ensuite à son fils Pierre Drouillard (1681-1729), chevalier, trésorier général de Guyenne à compter de 1721 et jurat perpétuel de Bordeaux de décembre 1708 jusqu'en 1714. Il est marié depuis le 22 novembre 1712 avec Marguerite Valtrin (1692-1742).
Après la mort en 1729 de Pierre Drouillard, le domaine est repris par son épouse.
Sa fille Elisabeth (1713-?) épouse le 22 mai 1740 Thomas Lynch (1710-1783). Celui-ci était le fils de John Lynch of Galway (1599-1677), négociant, qui s'était installé à Bordeaux à la fin du 17ème siècle. Cette branche de la famille Lynch va s'établir au château Dauzac après le décès de Marguerite Valtrin en 1742 et y résider en permanence.
En 1776, Labadie, courtier en vin, classe dans sa nomenclature des domaines de la Guyenne à l'attention de Dupré de Saint-Maur, intendant général, le cru Lynch au troisième rang de la commune de Labarde avec une valeur de 350 à 380 livres le tonneau.
Le 12 décembre 1779, un des huit enfants de Thomas Lynch, Jean-Baptiste Lynch (1749-1835), magistrat, second président du Parlement de Bordeaux, comte de l'Empire, maire de Bordeaux et pair de France, épouse Marie Claire le Berthon, la fille du premier président du Parlement de Bordeaux André-Jacques-Hyacinthe le Berthon (1713-1800) et de Marguerite-Andrée-Angélique de Pontac (1719-1760).
Après le décès le 4 octobre 1783 de Thomas Lynch, Jean-Baptiste Lynch hérite du château Dauzac. c'est son frère, Michel Lynch (1754-1840), qui dirigera le château Dauzac et le cru de Bages durant la Révolution française, l'Empire et la Restauration. Il sera même maire de Pauillac durant la Révolution française.
Son frère Jean-Baptiste, maire de Bordeaux, décédera au château Dauzac le 15 août 1835.
Suite au décès de Michel Lynch le 13 août 1840 sans héritier direct, la famille Lynch, héritière du domaine, va mettre la propriété en vente pour régler les frais de succession.
Le 14 septembre 1841, les biens du chevalier Lynch sont mis en vente aux enchères. La vente se compose du domaine de Madrac (122 hectares) à Saint-Sauveur, du domaine de Moussas (41,8318 hectares) et de la terre de Dauzac (composée de différents lots pour une superficie totale de 138,4215 hectares).
Le 19 octobre 1841, Thomas Diedrich Wiebroock, personne d'origine allemande ou hollandaise ayant bénéficié d'une charge de conseiller de justice, rachète le domaine.
En 1855, le domaine est classé dans la catégorie cinquième cru classé.
Après le décès de Thomas Diedrich Wiebroock, ses héritiers décident de vendre le domaine à Nathaniel Johnston (III) (1804-1870), négociant, en 1863 pour la somme de 240000 francs.
Après son décès le 24 août 1870, son fils Nathaniel Johnston (IV) (1836-1914), député et conseiller général de la Gironde, lui succède à la tête de château Dauzac.
En 1878, le mildiou envahi le vignoble et en 1881, la totalité du Bordelais est concerné.
En 1884, Alexis Millardet (1838-1902) « découvrira » avec l'aide d'Ernest David (1845-1932), régisseur de la propriété de 1878 à 1922, la bouillie bordelaise (mélange de sulfate de cuivre et de lait de chaux) en pratiquant des essais sur le vignoble de Château Dauzac et de Ducru-Beaucaillou (appartenant à la femme de Nathaniel Johnston, Lucie-Caroline Dassier depuis 1866).
En 1892, Nathaniel Johnson achète le vignoble de l’île aux vaches (un vignoble de palus de 130 hectares à proximité de château Dauzac) qu’il rebaptise Cru La Maqueline et Cru Cantegrive.
Dès l’année suivante, il se lancera avec succès dans la champagnisation des vins du Médoc en créant une entreprise à Bourg sur Gironde où une partie des raisins du vignoble de château Dauzac et du cru la Maqueline seront champagnisés à Bourg sur Gironde et commercialisés sous l’étiquette Royal-Médoc mousseux.
La propriété de Dauzac atteint alors une superficie de 121 hectares.
En mai 1907, le domaine passe un contrat d'abonnement d'une durée de 5 ans (1907-1911) avec la maison de négoce bordelaise Nathaniel Johnston & fils pour la somme de 650 francs le tonneau (900 litres).
Après le décès de Nathaniel Johnston (IV) en 1914, la famille Johnston s'est divisée en deux : la maison Nathaniel Johnston & Fils et la maison Raoul Johnston & Cie installée à Bourg sur Gironde en 1919 (elle deviendra plus tard Les grands vins mousseux de Bordeaux). Conséquence de cette division, une partie de la production du domaine sera champagnisée par Raoul Johnston & Cie.
Suite à la crise économique des années 1930, les héritiers décident de vendre le domaine resté en indivision jusque là.
Le 20 novembre 1939, Jean-Jacques Bernât, de la fabrique de glace artificielle Larrieux et Bernât de Bordeaux rachète la propriété.
Sous sa direction, le vignoble ne va pas connaître d'amélioration comme la plupart du vignoble bordelais qui est en pleine crise économique.
En 1955, le domaine est possédé par Henri Bernat.
En 1964, le domaine est racheté par la famille Miailhe, déjà propriétaire de château Palmer et de château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande. L’œnologue conseil du domaine est alors Émile Peynaud (jusqu'en 1983).
Alain Miailhe (1931-) prend la direction du château Dauzac et gère également depuis le château Siran, le château Bellegarde. L'ensemble représente une superficie totale de 225 hectares pour 75 hectares de vigne en incluant le vignoble de l'Ile-Margaux (ou île de la tour de Mons).
Sous la conduite de la famille Miailhe et avec l'aide du professeur Émile Peynaud, à compter de 1960 et jusqu'en 1983, la rénovation progressive du vignoble va débuter.
Alain Miailhe va tenter de modifier l'étiquette de château Dauzac en château Dauzac-Lynch, mais cela sera refusé à la demande des propriétaires des châteaux Lynch-Bages, Lynch-Moussas et Pontac-Lynch.
Entre 1972 et 1978, une querelle entre héritiers de la famille Miailhe éclate (certains veulent vendre).
Le 28 septembre 1978, Félix Chatellier (1934-.), futur propriétaire de la maison de Champagne Abel Lepître, reprend le domaine à travers la société Chatellier & fils et le Groupement Foncier Agricole Félix Chatellier & Fils.
Son épouse prend la direction du domaine et nomme monsieur Essel, régisseur du domaine. Le vignoble va alors être entièrement restructuré et les chais rénovés.
En 1986, le vignoble atteint la superficie de 50 hectares.
En mars 1989, le château Dauzac est vendu en même temps que la maison de Champagne Abel Lepitre pour la somme de 273 millions de francs (l'ensemble). Le nouveau propriétaire du château Dauzac est la société d'assurances MAIF (Mutuelle des assurances des instituteurs de France). Christian Ribe est nommé directeur du domaine.
Suite à ce rachat, Pascal Ribereau-Gayon, directeur de l'Institut d’œnologie de Bordeaux, devient l’œnologue conseil et un second vin est créé : la Bastide Dauzac, issu des vignes jeunes et des parcelles non retenues pour le grand vin.
En 1992, André Lurton (château Couhins-Lurton, château La Louvière...), prend une participation de 42 % dans la propriété et la direction du domaine. Celui-ci va lancer des travaux de drainage du vignoble et mettre en place une vendange parcellaire.
En 1993, la restructuration du vignoble débute avec 2,4 hectares replantés en cépage Cabernet-sauvignon.
En 2004, Christine Lurton de Caix, fille d'André Lurton, lui succède et devient la présidente du directoire de la société d'exploitation du domaine. Cette même année les derniers pieds de cépage Cabernet franc sont arrachés. La même année débute les travaux de construction d'un nouveau chai gravitaire.
En 2005, la rénovation du château et des chais commence. La direction technique du domaine étant assurée par Philippe Roux.
Le nouveau cuvier est doté de 20 cuves thermorégulées à tronc conique (10 en bois avec une capacité de 110 hectolitres et 10 en acier inoxydable). Cela représente un investissement de 900000 euros.
En mars 2013, Laurent Fortin est nommé directeur général du domaine à la place de Christine Lurton de Caix. Sous sa direction, les vins sont également commercialisés par les négociants de la place de Bordeaux et non plus uniquement par les structures commerciales d'André Lurton.
A compter du millésime 2013, la commercialisation des vins est refondue avec la création d'un second vin : Aurore de Dauzac et d'un troisième vin : Labastide de Dauzac.
En juillet 2014, André Lurton cède sa participation de 42 % à la société d'assurances MAIF.
9 hectares du domaine sont conduits en biodynamie non certifée (2,8 hectares en appellation Haut-Médoc et 6 hectares en appellation Margaux).
En 2017 est commercialisé un nouveau vin en appellation Bordeaux : D de Dauzac issu d’un assemblage des cépages Cabernet-sauvignon et Merlot.
En 2018, le domaine annonce être le premier cru classé à produire ses vins sans protéines animales (végan) à compter du millésime 2016.
En 2019, la MAIF vend le domaine pour la somme de 120 millions d’euros la famille Roulleau, propriétaire de Samsic, société de services aux entreprises.
En 2020, le domaine aura terminé la conversion de son vignoble en biodynamie.
En 2022, la famille Roulleau, rachète le domaine de la Bégude en appellation Bandol (superficie de 500 hectares dont 30 hectares de vignoble) à la famille Tari (ex-propriétaire du château Giscours).
Les vins :
Rouge :
Densité moyenne de plantation : 10000 pieds à l'hectare.
Âge moyen du vignoble : 35 ans.
Vendanges manuelles.
Élevage de 16 à 18 mois en fût de chêne (60 à 80 % neuf) pour le grand vin.
Le second vin s'appelle : Aurore de Dauzac. Parrainé par Stéphanie Le Quellec, chef du restaurant La Scène à l’Hôtel Prince de Galles.
S'appelait du millésime 1988 au millésime 2012 : La Bastide Dauzac.
Produit à partir des vignes jeunes du domaine.
La Bastide Dauzac.
Appellation Margaux. Auparavant second vin du domaine du millésime 1988 au millésime 2012.
Vin produit à partir des vignes jeunes du vignoble et de vignes sur un sol de sables sur socle de graves.
Château Labarde.
Produit en appellation Haut-Médoc sur les 3 hectares hors appellation Margaux.
D de Dauzac.
Création avec le millésime 2015.
Produit en appellation Bordeaux. Assemblage de Cabernet-sauvignon et de Merlot.
Blanc :
Cru de la Comète †.
Production dans les années 1970 en très faible quantité.