Présentation :
L'aire d'appellation se répartie sur trois départements : le Gers (pour l'essentiel), les Landes et le Lot-et-Garonne.
Le vignoble est installé sur le flanc des collines et le sommet des coteaux sur un sol argilo-calcaire et de grès à l'est et de sable mêlés d'argiles à l'ouest.
Le climat est océanique tempéré.
Histoire :
La présence de la vigne remonte à l'époque romaine avec l’existence d’un chai dans la villa de Lestagnac à Saint-Mézard (Gers).
Après la chute de l’empire romain, la culture de la vigne est perpétuée par les ordres religieux au moins pour un usage sacramentel.
Avant 1230, les jurats de Bordeaux imposent l'interdiction de pénétrer dans le diocèse de Bordeaux aux vins extérieurs avant la Saint-Martin (11 novembre) et ce sans l'assentiment du roi Henri III (1207-1272) qui accorda le même droit aux communes de Bergerac, La Réole ou Saint-Emilion.
Suite à la ratification le 4 décembre 1259 du traité d'Abbeville entre Louis IX, Saint-Louis (1214-1270) et Henri III, une grande partie du « Haut-Pays » (Bergerac, Gaillac,…) est passé sous le contrôle du roi de France. La jurade de Bordeaux en profite pour obliger les vins du Haut-Pays à être mis dans des futailles de taille différentes à la barrique bordelaise.
A compter de 1284, après négociation avec le sénéchal de Guyanne Jean de Grailly ( ?-1303), les vins de Montauban, Rabastens et Toulouse sont imposés plus légèrement et ensuite ceux d'Agen, Gaillac, Villeneuve sur Lot… Ce qui abouti a faire revenir les vins du Haut-Pays vers le port de Bordeaux en même temps que les céréales et le pastel.
Dès 1310, la distillation est avérée dans la région. Domini Vitalis de Furno plus connu sous le nom de Maître Vital Dufour, prieur bénédictin du prieuré conventuel Saint-Luperc d'Eauze dépendant de l'abbaye de Cluny, cite dans un livre à vocation médicale « Livre très utile pour conserver la santé et rester en bonne forme », les quarante vertus de l'Aygue Ardente (l'eau-de-vie) produite localement. La distillation se pratique alors au moyen de chaudières à repasse.
En 1373, Édouard III d'Angleterre (1312-1377), déclencheur de la guerre de cent ans en 1337, rétabli le Privilège de Bordeaux en interdisant aux vins du Haut-Pays d'atteindre Bordeaux avant Noël.
Au 15ème siècle, l'Armagnac se diffuse et serait vendu pour ses propriétés médicinales dès 1441 et en 1461 serait présent sur le marché de Saint-Sever.
En 1453, Charles VII de France (1403-1461) banni les bordelais ayant le plus collaboré avec les anglais, supprime le privilège de Bordeaux, suspend le parlement et inflige une indemnité de guerre de 100000 écus (réduite à 30000 écus dès le 11 avril 1454). Mais, le Privilège de Bordeaux est rétabli dès 1461 par Louis XI de France (1423-1483).
Au 17ème siècle, les négociants hollandais vont développer le commerce de l'Armagnac car celui-ci est utilisé comme « médecin » des vins blancs faibles en alcool depuis les ports de Bayonne et de Bordeaux. Par ailleurs, la distillation permet de diminuer le volume à transporter et d’abaisser les coûts de transports.
La conséquence de ces achats et de la diffusion de l'Armagnac à l'étranger est un fort développement des surfaces du vignoble notamment dans l'ouest et le nord-ouest du Gers.
Dès cette époque, on pratique l'élevage sous bois des Armagnac pour en modifier le goût.
A la fin du 18ème siècle, la superficie du vignoble atteint 60000 hectares (1788 : 601000 hectares) et va connaître une croissance constante jusqu'au dernier quart du 19ème siècle grâce au développement des moyens de communications .
Le 4 août 1818, Jacques Tuilière poêlier à Auch, dépose un brevet d'invention pour un appareil à colonne permettant une distillation continue (rebaptisé depuis alambic armagnaçais). Le résultat de cette nouvelle méthode de distillation est la production d'une eau-de-vie aux saveurs florales et fruitées.
Durant le 19ème siècle, Bordeaux devient le principal lieu de stockage et d’expédition de la production des eaux-de-vie de l'Armagnac (André Jullien, Topographie de tous les vignobles connus).
Dans le dernier quart du 19ème siècle, la superficie du vignoble, lors des différentes crises du vignoble : mildiou, oïdium et phylloxéra, va chuter de 140000 hectares vers 1880 à un peu moins de 60000 hectares à compter de la première guerre mondiale. Le cépage principal étant la Folle Blanche (cépage utilisé de nos jours pour le Gros Plant du Pays Nantais).
En 1898, François Baco (1865-1947), instituteur à Peyrehorade dans les Landes réalise le croisement Folle blanche * Noah et obtient le Maurice Baco 22 A (du nom de son fils décédé). Ce cépage hybride producteur direct va supplanter le cépage Folle Blanche et deviendra avec l'Ugni blanc un des principaux cépages de l'Armagnac.
En septembre 1907, une commission siégeant à Condom est désignée pour définir les délimitations géographiques de l'Armagnac et créée les sous-régions que l'on connaît encore maintenant : Armagnac, Armagnac-Ténarèze, Bas-Armagnac et Haut-Armagnac.
Le 25 mai 1909, Armand Fallières (1841-1931), président de la République française, natif de Mézin dans le Lot-et-Garonne et fils de viticulteur, fait adopter par décret la délimitation géographique de la zone de production de l'Armagnac et des mentions géographiques complémentaires, Armagnac-Ténarèze, Bas-Armagnac et Haut-Armagnac.
Le 4 août 1929, un acquit de couleur jaune or réservé aux eaux-de-vie d’Armagnac et de Cognac est créé.
En 1934, la production s'élève à 20000 hectolitres.
Le 6 août 1936, les appellations d'origine contrôlée Armagnac, Bas-Armagnac, Haut-Armagnac et Ténarèze sont définies par décret. Les cépages autorisés sont : Blanquette (Graisse ?), Mauzac (Mozac), Clairette, Colombard, Folle blanche, Folle jaune, Jurançon blanc, Meslier Saint-François, Picquepoul du pays, Ugni blanc (Saint-Emilion). Le titre alcoolique maximum est de 63 °.
En 1941, le Bureau de répartition des vins et eaux-de-vie d’Armagnac est créé afin de gérer les stocks d’Armagnac pour le compte des Beauftragter für den Weinimport Frankreich.
En 1946, ce Bureau de répartition devient le Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac, organisme chargé de promouvoir l'Armagnac, mais aussi de réguler le marché, d'enregistrer les déclarations de récolte et du contrôle des comptes d’âge.
Durant la première moitié du 20ème siècle, la superficie du vignoble stagnera autour de 50 à 60000 hectares avant de nouveau de chuter à partir de 1955 pour atteindre en 1990 : 20000 hectares.
En 2001, les délimitations de l'appellation sont redéfinies.
Le 27 mai 2005, un décret défini les conditions de production de la Blanche Armagnac.
En 2012, la production d’Armagnac est de 19000 hectolitres d’alcool pur.
Les vins :
Les cépages principaux de l'appellation sont : Baco blanc, Colombard, Folle blanche et Ugni blanc.
Le négoce représente 30 % de la production de l'appellation. Les coopératives et les producteurs indépendants le reste (70%).
Le Titre Alcoométrique Volumique de référence pour les vins est de 10 %.
Les vins destinés à la distillation doivent présenter un titre alcoométrique volumique minimum de 7,5 % et un titre alcoométrique volumique maximum de 12 %.
L'alcool obtenu doit être entre 52 % et 72,4 %.
Eau-de-vie aux arômes vifs et concentrés dans sa jeunesse de bois, de fleurs et de fruits frais évoluant avec l'âge vers des notes amples et rondes de fruits confits, cuits avec des notes d'épices et de rancio.
Température de service : 18-24 °C.
Garde potentielle : Presque infinie.
Une fois la bouteille ouverte, consommez-la dans les 12 mois.
Accord(s) gourmand(s) avec ce vin sur le site www.101pairing.com.Conditions de production du décret d'appellation :
Densité minimale de plantation : 2200 pieds à l'hectare.Irrigation : Pas de disposition.Encépagement : Baco blanc, Blanc dame, Colombard, Folle blanche, Graisse, Jurançon blanc, Mauzac, Mauzac rose, Meslier Saint-François, Ugni blanc.Titre alcoométrique volumique naturel minimum : 7,5 % à 12 %.Rendement maximum autorisé : 120 hL/ha.Titre alcoométrique volumique : minimum 40 %.Enrichissement : Interdit.Distillation : Les vins sont distillés sans lies grossières mais doivent contenir des lies fines.
La distillation doit être achevée au plus tard le 31 mars de l’année qui suit la récolte.
Les vins sont distillés selon deux méthodes :
Une principale et obligatoire (représente 95 % de la distillation en 2012) : la distillation continue multi-étagée avec reflux, au moyen d’alambics dits « armagnacais ». L’alambic armagnacais est constitué d’une chaudière surmontée d’une colonne à plateaux et d’un ensemble de chauffe-vin réfrigérant, enfermant un serpentin (la chaudière, le serpentin, la colonne et les plateaux sont en cuivre) d’une capacité totale maximale de 40 hectolitres.
La production journalière de la distillation continue n’excède pas 40 hectolitres d’alcool pur par alambic avec un titre alcoométrique volumique des eaux-de-vie compris entre 52 % et 72,4 %.
Une accessoire : la distillation discontinue simple à repasse. L’alambic à repasse se compose essentiellement d’une chaudière à chargements successifs, d’un chapiteau, avec ou sans chauffe-vin, et d’un serpentin avec appareil réfrigérant (la chaudière, le chapiteau, le col de cygne et le serpentin sont en cuivre) d’une capacité totale maximale de 30 hectolitres.
Le titre alcoométrique volumique, après la seconde distillation ou repasse, est compris entre 65 % et 72,4 % dans le récipient journalier des eaux-de-vie.
La chaudière des deux types d’alambic est chauffée à feu nu.Modification de la couleur : Autorisée. Coloration par utilisation de caramel E150a (caramel ordinaire) et/ou adjonction d’infusion aqueuse de copeaux de chêne stabilisée ou non par de l’Armagnac et/ou ajout de produits (sucre mi-blanc, sucre blanc, sucre raffiné ou sucre blanc raffiné, dextrose, fructose, sirop de glucose, sucre liquide, sucre liquide inverti, sirop de sucre inverti, sucre caramélisé) de telle sorte que l’effet de l’obscuration de l’eau de vie soit inférieur à 4 % vol (obscuration : exprimée en % vol est obtenue par la différence entre le titre alcoométrique volumique réel et le titre alcoométrique volumique brut).Élevage : Minimum jusqu’au 1er avril de la deuxième année suivant la récolte dans des récipients en bois de chêne.