Présentation :
Le vignoble d'Irancy se situe sur trois communes dans le département de l'Yonne à 15 kilomètres en amont d'Auxerre et 18 kilomètres de Chablis sur les coteaux d'un vallon formant un amphithéâtre exposé au sud-Ouest et creusé dans les hautes collines du versant de la rive droite de la vallée de l'Yonne.
Le vignoble est installé sur des marnes calcaires sur socle calcaire semblable au sol de Chablis à une altitude variant de 130 à 300 mètres.
Le climat de l'appellation est océanique avec une forte influence continentale.
Irancy est la seule appellation rouge du département de l'Yonne et se compose de 65 lieux-dits.
Histoire :
La vigne existait sans doute à l'état sauvage en Bourgogne avant l'invasion romaine (-58 avant J.C).
Dès 60 après J.C., la vigne est cultivée et des vins aromatisés, des vins doux, miellés, goudronnés ou salés sont exportés (Lucius Iunius Moderatus Columella dit Columelle dans son Traité d'agriculture) vers l'Italie.
En 96, un édit de l'empereur Domitien ordonne la suppression de la vigne hors d'Italie, sans doute afin de relancer la production de vin en Italie.
En 281, l'empereur Probus révoque l'édit de Domitien ce qui a pour conséquence de relancer la culture de la vigne en Bourgogne. Dès cette époque, la présence de la vigne est attestée dans une villa gallo-romaine d'Escolives-Sainte-Camille situé près d'Auxerre et face à Irancy sur la rive gauche de l'Yonne. La voie romaine Agrippa (Boulogne-Lyon) passant par Auxerre.
A compter du 5ème siècle, la vigne fut développée en Bourgogne par les monastères avec pour fer de lance l'abbaye de Cîteaux et l'abbaye de Cluny.
En 422, l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre est fondée par Germain d'Auxerre ou Germain l’Auxerrois (380?-448), évêque d'Auxerre de de 418 à 448. Le village d'Irancy appartient à cet évêché.
Durant le Moyen-Âge, le vignoble va se développer à proximité d'Auxerre car l'Yonne est navigable jusqu'à Cravant (18 kilomètres au sud d’Auxerre) et permet d'alimenter Paris.
Le 14 septembre 861, Charles II (823-877) dit le Chauve, qui épousera en 870 Richilde d'Ardennes (845 ?-910) impératrice d'Occident confirme la donation, faite à l'abbaye bénédictine de Saint-Germain d'Auxerre par un de ses abbés, de la parcelle de vigne d'Irancy : Vaupaisseau (Vaupessiot).
En 864, Richard de Bourgogne (858-921) dit le Justicier et abbé de Saint-Germain d'Auxerre, considéré comme le premier des ducs de Bourgogne et futur beau-frère de Charles II, donne à l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre les héritages qu'il a reçu sur Irancy. Ce nouveau don est confirmé le 22 avril 900 par Charles III (879-929), dit le Simple.
Au 10ème siècle, les moines introduisent la taille courte de la vigne, défrichent et plantent les coteaux abandonnés autour des monastères et les terrains qui leurs sont donnés.
Au début du 12ème siècle, les moines de l'abbaye de Régny, fondée en 1104 et devenu cistercienne en 1127, bâtissent un cellier, vini cellulae en latin, qui donnera son nom à la commune de Vincelottes. Peut être que la production du vignoble d'Irancy y était stockée.
Dès le 12ème siècle, une sélection des cépages est opérée et les terroirs commencent à être délimités.
Entre 1160 et 1167, Alain de Larivour (Alanus) évêque d'Auxerre de 1152 à 1167, confirma la donation par Jehan, chapelain de Cravan, de quatre arpents de vignes à Irancy à l'abbaye cistercienne de Reigny.
Dès le 13ème siècle, les vins de la région d'Auxerre sont parmi les vins les plus réputés de France. Ils sont transportés vers Paris, mais également Rouen, l'Angleterre, les Flandres... Les vins blancs d'Auxerre sont cités dans la bataille des vins d'Henri d'Andeli (vers 1224).
En 1247, lors de son passage en Bourgogne, Fra Salimbene de Adam de Parme (1221-1288), moine franciscain, décrit les vignes autour d'Auxerre comme un océan de vigne, à perte de vue, sur les coteaux et en plaine.
En 1395, un édit de Philippe II de Bourgogne (1342-1404), dit Philippe le Hardi, interdit la culture du cépage Gamay au profit du Pinot noir sur l'ensemble de la Bourgogne afin d’améliorer la qualité des vins produits. Un autre édit de la même année interdit l'emploi du fumier dans les vignes comme engrais car il donne un vin jaune et gras.
En 1416, Charles VI de France (1368-1422), dit Charles le Bien-Aimé ou encore Charles le fol défini par un édit les délimitations de la zone de production des vins de Bourgogne de pont de Sens dans l'Yonne au Mâconnais.
Au 16ème siècle, Roger de Collerye (1468-1536), dit Roger Bontemps, secrétaire de l'évêque d'Auxerre parle des vins d'Irancy dans ses œuvres.
Au 17ème siècle, le vignoble autour d'Auxerre atteint son apogée avec une superficie qui atteint 50000 hectares mais c'est également le début de sa chute avec l'ouverture en 1642 du canal de Briare qui va permettre de relier les bassins de la Loire et de la Seine sans passer par l'Auxerrois.
La Révolution française va provoquer un énorme bouleversement dans la structure du vignoble bourguignon. En novembre 1789, la totalité des biens possédés par le Clergé, qui était à cette époque le plus gros propriétaire terrien des vignobles bourguignons, sont saisis comme Bien national.
Dans la première moitié du 19ème siècle, la production moyenne annuelle du vignoble d'Irancy, uniquement en rouge, est de 10000 hectolitres pour une superficie déterminée par le cadastre napoléonnien, établi entre 1807 et 1850, de 427 hectares (tous vignobles confondus).
Le vignoble d'Irancy et de l'Auxerrois va alors connaître une longue crise avec l'apparition du chemin de fer dans la première moitié du 19ème siècle, le début de l'exode rurale, suivi de la crise de l'oïdium en 1854, du pourridié en 1857, suivi de la guerre de 1870, du mildiou en 1882 et du phylloxéra qui s'attaque au vignoble de 1886 à 1897, sans oublier la première guerre mondiale.
Conséquence : la quasi-disparition du vignoble autour d'Auxerre et par conséquent d'Irancy. L'isolement d'Irancy « sauvant » une partie de son vignoble, la culture du cerisier se développant dans le même temps sur les coteaux.
En 1897, le syndicat agricole et viticole d'Irancy succède au syndicat anti-phylloxérique d'Irancy créé en 1888.
Au début du 20ème siècle, le vignoble est replanté et sa superficie atteint 200 hectares en 1900. La production étant toujours consacrée aux vins rosés et rouges dans un secteur de polyculture (arbres fruitiers, élevage).
En 1920, la superficie du vignoble est de 120 hectares environ.
Le 24 décembre 1930, le tribunal civil d'Auxerre accorde l'appellation Bourgogne Irancy aux vins rouges produits sur la commune d'Irancy (à l'exception des vins issus de plants hybrides). Il y a alors 65 vignerons dans la commune.
Le 31 juillet 1937, l'appellation Bourgogne est créée et Irancy en fait parti.
En 1967, le syndicat agricole et viticole d'Irancy devient le syndicat de défense de l’A.O.C Bourgogne Irancy.
Le 10 février 1977, le syndicat viticole d'Irancy obtient la qualification Bourgogne Irancy.
En 1984, le syndicat de défense de l'A.O.C Bourgogne Irancy demande l'extension de l'aire d'appellation aux communes de Cravant et Vincelottes.
Le 2 septembre 1991, l'aire d'appellation Bourgogne Irancy intègre les communes de Cravant et de Vincelottes.
Le 26 février 1999, le décret d'application est publié et l'appellation communale Irancy est obtenue. La superficie du vignoble atteint les 170 hectares, pour une production moyenne de 8000 hectolitres et une surface potentielle de 315 hectares.
Cette appellation est la seule appellation communale en rouge du département de l'Yonne.
En 2018 débute les démarches pour créer des climats premier cru au sein de l’appellation.
Les vins :
Les vins blancs et rosés produits dans l'aire d'appellation Irancy prennent l'étiquette d'une appellation régionale (Bourgogne, Bourgogne grand ordinaire, Bourgogne Passe-Tout-Grains ou Coteaux bourguignons).
Irancy :
La particularité de cette appellation est de posséder dans son encépagement le cépage César.
Vin a la robe foncée, tannique, aux arômes fleuris (violette), fruités (cassis, cerise, framboise, griotte, mûre) avec des notes épicées (poivre, réglisse).
Une garde de 3 à 4 ans est nécessaire avant de le consommer afin de laisser se fondre les tannins.
Température de service : 15-17 °C (59-63 °F).
Garde potentielle : 10 à 20 ans.
Accord(s) gourmand(s) avec ce vin sur le site www.101pairing.com. Synthèse des conditions de production du décret d'appellation :Irancy :
Densité minimale de plantation : 7000 pieds à l'hectare.L’irrigation est interdite.Encépagement : Cépage principal : Pinot noir.
Cépages accessoires (10 % maximum) : César, Pinot gris.>Richesse minimale des moûts : 180 g/L.Titre alcoométrique volumique naturel minimum : 10,5 %.Rendement visé : 52 hL/ha.Rendement butoir : 56 hL/ha.Assemblage : Le cépage Pinot noir représente au minimum 90 % de l’assemblage.Enrichissement : Autorisé.La concentration partielle des moûts de raisins par les techniques soustractives d'enrichissement (TSE) est autorisée, elle ne peut pas dépasser 10 % du volume du moût de départ.Titre alcoométrique volumique total après enrichissement : 13,5 %.Sucres résiduels 2 g/L maximum.Utilisation de morceaux de bois : interdite.Élevage au minimum jusqu'au 15 juin de l’année suivant la récolte.Commercialisation possible à partir du 30 juin suivant la récolte.