Présentation :
Appellation située au sud-est de Bordeaux sur la rive droite de la Garonne s'étirant sur une soixantaine de kilomètres depuis l'est immédiat de Bordeaux jusqu'à Saint-Maixant sur la bordure méridionale de l'Entre-Deux-Mers, pour une largeur de 5 kilomètres.
Le vignoble est principalement installé sur des coteaux abrupts (altitude maximale 120 mètres) de calcaire et d'argile sur socle calcaire en bordure de la Garonne entrecoupés par de nombreux affluents de celle-ci.
Le vignoble est plutôt un vignoble de vin rouge au nord et de vins blancs moelleux et secs au sud.
Le sud de l'appellation produit également des vins liquoreux et moelleux dans les appellations Cadillac, Loupiac et Sainte-Croix du Mont.
La dénomination de Grande Côte de Bordeaux fut parfois utilisée.
Histoire :
La présence de la vigne dans la région bordelaise remonte à l'époque gallo-romaine.
Dès 40 après J.C. Lucius Iunius Moderatus Columella dit Columelle cite, dans son quatrième livre ou volume du Res rustica consacré à la culture des vignobles, le cépage Biturica ou biturigiaca, spécialité du Berry (Bituriges Cubi) ou du Bordelais (Bituriges Vivisci). Ce cépage très productif permettant de produire un vin de garde dès cette époque.
Entre 50 et 70, des amphores sont fabriquées dans le Bordelais et entre 65 et 75, des amphores ayant une forme spécifique sont produites pour transporter le vin de Bordeaux.
Il est probable qu'autour de 140-150, l'amphore disparaisse au profit du tonneau plus léger et plus maniable.
Après la chute de l'empire romain, ce seront les ordres religieux qui cultiveront et développeront la vigne alors essentiellement présente dans l'Entre-Deux-Mers.
Suite à l'annexion le 3 août 1224 de La Rochelle par le roi de France Louis VIII (1187-1226), le port de bordeaux va devenir le pivot du commerce du vin avec l’Angleterre et la perte de l'Anjou et du Poitou aboutisse à un développement de la culture de la vigne en Aquitaine.
En 1241, Henri III Plantagenêt (1207-1272) accorde aux viticulteurs bordelais ce que l'on appelle le Privilège de Bordeaux : l'interdiction aux vins du haut-pays (Cahors, Gaillac...) d'entrer dans le port de Bordeaux avant la Saint-Martin (11 novembre). Cela permet d'écouler plus facilement les vins du vignoble local car les campagnes d'approvisionnement de l'Angleterre par bateaux se déroulent au printemps et à l'automne. Les vins alors produits en Aquitaine sont issus d'un mélange de raisins blancs et noirs (plantés en foule dans les vignobles) qui produisent un vin léger à la couleur rouge pâle (clairet). Ils prennent le nom de Claret wine en Angleterre par opposition aux vins du haut-pays nommés Black wine car issus essentiellement de raisins noirs et tanniques.
Le vignoble des premières côtes de Bordeaux bénéficiera également de ce développement qui entraînera la plantation de vignoble vers Fronsac, Libourne et Saint-Émilion.
Au 15ème siècle, on assiste à une spécialisation du vignoble bordelais avec des vignobles destinés à produire du vin rouge appartenant à l'aristocratie, aux religieux et à la grande bourgeoisie (Graves, Médoc) et un vignoble blanc de production de masse.
Le vignoble des premières côtes de Bordeaux étant planté en rouge dans sa partie nord et en blanc dans sa partie sud (vers Cadillac) afin de produire des vins moelleux ou liquoreux. Les ventes de vins blancs du Blayais, du Bourgeais et de l'Entre-Deux-Mers se développant vers la Hollande qui les importe pour les transformer en eau-de-vie destinée aux pays riverains de la mer Baltique et de la mer du Nord (Allemagne, Russie, Scandinavie, etc).
C'est le 11 juin 1869 que sur la commune de Floirac, au sud-est de Bordeaux, dans la propriété La Tourate de Monsieur Laliman l'on découvrit pour la première fois le phylloxéra dans le vignoble bordelais.
En 1898, année d'une nouvelle épidémie de black-rot, une Station de pathologie végétale et d’avertissement agricoles est créée à Cadillac. Elle est dirigée par Joseph Capus (1867-1947), créateur de la greffe Cadillac, futur ministre de l'agriculture (durant 3 mois en 1924) et cofondateur avec Pierre Le Roy de Boiseaumarié de l'Institut National des Appellations d'Origine.
Le début du 20ème siècle fut marqué par une crise de surproduction due à la replantation du vignoble après les crises de l'oïdium, du mildiou et du phylloxéra. La première guerre mondiale n'améliorant pas les choses.
Le 31 juillet 1937, l'appellation d'origine contrôlée Premières Côtes de Bordeaux est créée par un décret publié au Journal Officiel du 11 août 1937.
Le décret accorde l’appellation aux vins blancs issus des cépages Muscadelle, Sauvignon et Sémillon avec une richesse minimale en sucre des moûts de 187 g/L et un degré alcoolique minimal de 11 ° et aux vins rouges produits avec les cépages : Cabernet franc, Cabernet-sauvignon, Carménère, Malbec, Merlot et Petit verdot avec une richesse minimale en sucre des moûts de 170 g/L et un degré alcoolique minimum de 10 °. Le rendement maximal est fixé à 40 hL/ha (moyenne sur 5 ans).
L’appellation regroupe alors 34 communes.
Le 6 décembre 1938, l’appellation Premières Côtes de Bordeaux blanc regroupe les communes de Baurech, Cadillac, Capian, Cardan, Gabarnac, Haux, Laroque, Lestiac sur Garonne, Monprimblanc, Omet, Paillet, Rions, Saint-Mexant, Tabanac et Villenave de Rions. En rouge, elle rassemble les communes de Bassens, Bouliac, Cambes, Camblanes, Carbon-Blanc, Carignan, Cenac, Floirac, Latresne, Lormont, Quinsac et Saint-Caprais de Bordeaux.
Le 8 novembre 1955, Cadillac peut ajouté son nom à l'appellation pour les vins blancs.
Le 10 juillet 1973, Cadillac devient une appellation d'origine contrôlée autonome pour les vins blancs. Les vins rouges restant produits dans l'appellation Premières Côtes de Bordeaux.
Le 18 septembre 2009, l'appellation d'origine contrôlée Premières Côtes de Bordeaux rouge est abrogée et remplacée par l'appellation Côtes de Bordeaux.
A compter de cette date, seul les vins blancs demi-sec, moelleux ou liquoreux peuvent prendre l'appellation Premières Côtes de Bordeaux, la superficie exploitée du vignoble de l'appellation étant de 190 hectares.
Les vins : Premières côtes de Bordeaux :
Vin à la robe dorée, moelleux, demi-sec ou parfois liquoreux avec des arômes de fleurs et de fruits (agrumes, coing, pêche) dans sa jeunesse évoluant vers des notes de fruits confits et des notes toastées (vanille).
Température de service : 10-12 °C (50-54 °F).
Garde potentielle : 5 à 10 ans.
Accord(s) gourmand(s) avec ce vin sur le site www.101pairing.com. Synthèse des conditions de production du décret d'appellation:Premières côtes de Bordeaux :
Densité minimale de plantation : 4500 pieds/hectare.Pas de disposition concernant l'irrigation.Encépagement : Muscadelle, Sauvignon, Sauvignon gris, Sémillon.Rendement visé : 45 hL/ha.Rendement butoir : 55 hL/ha.Richesse minimale des moûts : 221 g/L.Titre alcoométrique volumique naturel minimum : 13,5 %.Enrichissement : Autorisé.Enrichissement par sucrage à sec ou moût concentré rectifié : Autorisé. Dans la limite d’un titre alcoométrique volumique total après enrichissement de 15%.Enrichissement par concentration partielle des moûts : Autorisé. Dans la limite d’une concentration de 10% des volumes ainsi enrichis.
Il peut permettre de porter le titre alcoométrique volumique total à un niveau de 18%.Sucres résiduels : 34 g/L minimum.Élevage au minimum jusqu'au 15 janvier de l’année suivant la récolte.Commercialisation possible à partir du 31 janvier suivant l'année de récolte.