Présentation :
Appellation située dans le département du Vaucluse, à une quinzaine de kilomètres au nord d'Avignon et une dizaine de kilomètres au sud d'Orange.
Elle se répartie sur la presque totalité de la commune de Châteauneuf du Pape et quatre communes limitrophes (Bédarrides, Courthézon, Orange et Sorgues), sur la rive gauche du Rhône dans sa partie méridionale.
Le vignoble est installé pour l'essentiel sur un sol de terrasses d'alluvions sur socle d'argile recouvertes de galets de quartzite (caïau frejaü) qui emmagasinent la chaleur la journée pour la restituer la nuit à une altitude moyenne de 100 mètres.
Le climat est méditerranéen avec un fort ensoleillement et très peu de pluie.
La superficie de l'appellation (3200 hectares) représente la superficie de toute la Côte de Beaune.
Le nom de l'appellation a pour origine le fait que la ville fut au Moyen-Âge la résidence d'été des papes d'Avignon.
Histoire :
La vigne existait sans doute à l'état sauvage avant l'invasion romaine (-58 avant J.C).
Probablement qu'après la chute de l'empire romain, la vigne est développée et cultivée par les ordres religieux.
La vigne est présente depuis au moins le 12ème siècle à Châteauneuf du Pape puisqu'une charte de 1157 de l'empereur Frédéric Ier de Hohenstaufen, dit Frédéric Barberousse (1122-1190) signale la présence d'un vignoble à Châteauneuf lors de la confirmation du don d'Avignon à l'évêque Geoffroy Ier.
Cette donation fut confirmée le 12 septembre 1238 par Frédéric II (1194-1250).
C'est au début du 14ème siècle que le vignoble s'est développé sous l'impulsion du Pape Jean XXII (1244-1334), originaire de Cahors. Celui-ci est le successeur du pape itinérant : Clément V (1264-1314), voir l'historique du château Pape-Clément.
Jean XXII installe le Saint-Siège à Avignon et fait construire une résidence secondaire à Châteauneuf-Calcernier (Calcernier signifiant four à chaux) à partir de 1317 sur l'emplacement du château de l'Hers. Les travaux s'achèveront en 1333.
Dans le même temps, le vignoble autour de Châteauneuf-Calcernier se développe pour fournir la cour papale.
En 1325, la production du vignoble atteint 12 tonneaux pour une superficie estimée de 8 hectares.
En 1344, sous le pontificat de Clément VI (1291-1352), le terroir nommé Vieille Vigne (Bois de la Vieille) est recensé.
Urbain V (1310-1370), pape de 1362 à 1370 fit planter du cépage Muscat.
Clément VII (1342-1394), élu pape en 1378 lors du grand schisme d'Occident aurait fait condamner en 1390 un vigneron à livrer l'année suivante le double de sa commande (22 saumées de vin muscat soit environ 42 hectolitres) en vin clairet.
Après la fin du grand schisme d'Occident vers 1419, Avignon et Châteauneuf-Calcernier tombent dans l'oubli.
A la Renaissance, le vignoble est possédé par l'aristocratie et la bourgeoisie locale.
Vers 1750, le domaine de la Nerthe, propriété de la famille Tulle de Villefranche depuis le 25 novembre 1560, exporte sa production vers l'Allemagne, l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie depuis les ports des ports de Roquemaure et des Armeniers vers Hambourg via un négociant et Marseille.
En 1784, la mise en bouteille est pratiquée pour une commande de Gênes.
Après la Révolution française, en 1793, un décret interdit aux vins de Châteauneuf-Calcernier d'être négociés plus de trente pour cent au-dessus du prix maximum fixé par les autorités départementales.
En 1817, afin de protéger la réputation des vins de Châteauneuf-Calcernier le mélange avec des vignes provenant d'autres territoires sont interdits.
A partir de 1866, le phylloxéra fait son apparition dans la région et va ravager les 700 hectares de vignoble du secteur.
En 1877, Joseph Ducos (1833-1910) rachète le domaine viticole du Château la Nerthe. En pleine crise du phylloxéra, celui-ci va se lancer dans l'étude des cépages et déterminer les cépages les mieux adaptés au secteur : Cinsault, Counoise, Grenache noir, Mourvèdre, Syrah et Vaccarèse (Brun argenté).
En 1893, à la demande de Joseph Ducos, maire, la commune de Châteauneuf-Calcernier est rebaptisée Châteauneuf du Pape.
En 1900, la reconstitution du vignoble est achevée. Sa superficie atteint 750 hectares.
En 1911, un syndicat de défense est créé.
Le 4 octobre 1923, le baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié (1890-1967) , juriste et propriétaire du château Fortia par son mariage en 1919 avec Edmée Bernard le Saint (1900-?), le syndicat des propriétaires viticulteurs de Châteauneuf du Pape.
Le 28 juin 1929, le tribunal d'Avignon détermine les fondements essentiels de l’appellation d'origine : délimitation de l’aire, liste des cépages autorisés, titre alcoométrique volumique minimum, tri des raisins… La même année, le syndicat des Côtes du Rhône est créé.
Le 28 mars 1930, le tribunal d'Avignon détermine l'aire parcellaire de production de l'appellation d'origine.
Le 21 novembre 1933, la cour de cassation confirme les jugements du tribunal d'instance d'Avignon du 28 juin 1929 et du 28 mars 1930.
Le 15 mai 1936, grâce aux démarches effectuées par le baron Pierre Le Roy de Boiseaumarie, cofondateur avec Joseph Capus de l'Institut National des Appellations d'Origine et créateur avec Curnonsky de l'Académie du vin de France, l'appellation d'origine contrôlée est créée.
En 1937, le syndicat des propriétaires viticulteurs de Châteauneuf du Pape sous la présidence du Baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié crée la bouteille aux armoiries : une tiare papale située au-dessus des clés de Saint-Pierre avec autour Châteauneuf-du-Pape contrôlé écrit en lettres gothiques.
En 1953, la superficie en production de l'appellation est de 2075 hectares.
Le 25 octobre 1954, Lucien Lejeune, maire de Châteauneuf du Pape, prend un arrêté municipal déclarant :
Article 1. Le survol, l'atterrissage et le décollage d'aéronefs dits soucoupes volantes ou cigares volants de quelque nationalité que ce soit, sont interdits sur le territoire de la commune.
Article 2. Tout aéronef, dit soucoupe volante ou cigare volant, qui atterrira sur le territoire de la commune, sera immédiatement mis en fourrière.
Article 3. Le garde champêtre et le garde particulier sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté.
Cet arrêté municipal fut entériné par la préfecture et est toujours en vigueur.
Le 22 avril 1970, Lucien Diffonty, maire de Châteauneuf du Pape, prend un autre arrêté municipal « original »:
Vu le code d'administration communale, vu la loi du 22 avril 1970 réglementant le taux d'alcoolémie dans le sang des conducteurs de véhicules, attendu qu'il y a lieu de protéger tous visiteurs de nos chais pouvant être victimes d'une dégustation trop riche de nos vins, arrêtons :
Article premier - Il est créé par la commune des emplacements réservés permettant aux dégustateurs en difficulté de se reposer avant de reprendre leur route en toute sécurité.
Article 2 - Pendant cette prolongation de séjour, ils seront placés sous la sauvegarde d'une autorité locale qui les entourera des soins les plus attentifs et décidera seule de leur départ après contrôle des conditions exigées par la loi.
Article 3 - Les infractions aux présentes dispositions seront aux risques et périls des contrevenants.
En 1970, la superficie en production de l'appellation est de 3115 hectares.
En 2002, une nouvelle bouteille est créée, au nom de Mitrale, avec pour armoiries : la mitre papale située au-dessus de la mention Châteauneuf-du-Pape. Cette bouteille est créée par le Syndicat intercommunal de défense viticole, qui regroupe des négociants et producteurs. Les exploitants et négociants souhaitant utiliser cette nouvelle bouteille doivent respecter un cahier des charges plus restrictif que celui nécessaire à l'obtention de l'appellation Châteauneuf-du-Pape.
En 2010, la superficie du vignoble de l'appellation représente 3200 hectares.
Les vins :
L'encépagement de l'appellation ne précise pas quels cépages doivent être utilisés pour la production de vin blanc ou de vin rouge.
Le cépage principal de l'appellation est le Grenache (72 %) suivi de la Syrah (11%) et du Mourvèdre 7%).
Les vins ne pouvant obtenir l'appellation d'origine contrôlée peuvent revendiquer, après agrément, le label Vin de pays de la Principauté d'Orange.
Châteauneuf-du-Pape blanc :
Théoriquement les 13 cépages de l'appellation peuvent être utilisés pour la production de vins blancs, en réalité seuls les cépages Bourboulenc, Clairette, Grenache blanc, Roussanne et parfois Picardan (Oeillade blanche) sont utilisés.
Vin à la couleur jaune claire, aromatique au parfum de fleurs et de fruits avec des notes miellées en vieillissant.
Température de service : 10-12 °C.
Garde potentielle : 5 à 10 ans.
Accord(s) gourmand(s) avec ce vin sur le site www.101pairing.com.Châteauneuf-du-Pape rouge :
L'essentiel de la production (94 %) s'effectue en rouge.
Autrefois, les 13 cépages étaient utilisés pour la production de vin rouge, de nos jours, Cinsault, Grenache noir, Mourvèdre et Syrah sont les cépages privilégiés.
Vin a la robe rubis, charpenté, aux arômes de fruits murs, d'épices, d'aromates, de truffe et de venaison.
Apte à la garde.
Température de service : 15-17 °C.
Garde potentielle : 8 à 20 ans.
Accord(s) gourmand(s) avec ce vin sur le site www.101pairing.com.Synthèse des conditions de production du décret d'appellation :
Densité minimale de plantation : 2500 pieds à l’hectare ou 3000 pieds à l’hectare si plantation en ligne.Irrigation : autorisée avant le 1er mai et jusqu’à la récolte et à titre exceptionnelle du 15 juin au 15 août ou entre la fermeture de la grappe et à la véraison si autorisation délivrée par le directeur de l'Institut national de l'origine et de la qualité.Pratiques culturales : le paillage plastique est interdit.Toute modification substantielle de la morphologie du relief et des sols est interdite.Méthode de vendanges : vendanges manuelles obligatoires.Châteauneuf-du-Pape blanc :
Encépagement : Bourboulenc, Brun argenté (Vaccarèse), Cinsault, Clairette, Clairette rose, Counoise, Grenache noir, Grenache blanc, Grenache gris, Mourvèdre, Muscardin, Picardan (Oeillade blanche), Piquepoul blanc, Piquepoul gris, Piquepoul noir, Roussane, Syrah, Terret noir.Richesse minimale en sucre des moûts : 216 g/L pour le cépage grenache, 207 g/L pour les autres cépages noirs, 196 g/L pour les cépages blancs.Titre alcoométrique volumique naturel minimum : 12,5 %.Rendement visé : 35 hL/haRendement butoir : 35 hL/haEnrichissement : autorisé.Titre alcoométrique volumique total maximal après enrichissement : 14,5 %.L’utilisation de morceaux de bois est : interdite.Élaboration : la flash-pasteurisation est autorisée.Sucres résiduels : 3 g/L maximum si le titre alcoométrique volumique naturel est inférieur à 14 %, 4 g/L au-delà.Embouteillage : les contenants inférieurs à 3 L doivent être en verre obligatoirement.Commercialisation possible : à partir du 15 décembre de l'année de récolte.Châteauneuf-du-Pape rouge :
Encépagement : Bourboulenc, Brun argenté (Vaccarèse), Cinsault, Clairette, Clairette rose, Counoise, Grenache noir, Grenache blanc, Grenache gris, Mourvèdre, Muscardin, Picardan (Oeillade blanche), Piquepoul blanc, Piquepoul gris, Piquepoul noir, Roussane, Syrah, Terret noir.Richesse minimale en sucre des moûts : 216 g/L pour le cépage grenache, 207 g/L pour les autres cépages noirs, 196 g/L pour les cépages blancs.Titre alcoométrique volumique naturel minimum : 12,5 %.Rendement visé : 35 hL/haRendement butoir : 35 hL/haEnrichissement : interdit.L’utilisation de morceaux de bois est : interdite.Élaboration : la flash-pasteurisation est autorisée.Sucres résiduels : 3 g/L maximum si le titre alcoométrique volumique naturel est inférieur à 14 %, 4 g/L au-delà.Embouteillage : les contenants inférieurs à 3 L doivent être en verre obligatoirement.Commercialisation possible : à partir du 15 décembre de l'année de récolte.