Château La Tour de Mons

Présentation :
Domaine de 100 hectares situé au nord de l'appellation Margaux à proximité du château Grand-Soussans.
Le vignoble de 58 hectares (55 % Merlot, 36 % Cabernet-sauvignon, 4 % Petit verdot), d'un seul tenant, est installé sur un sol de graves garonnaises et argilo-calcaires.
Le domaine tire son nom d'un de ses propriétaires, Pierre de Mons, conseiller lay au parlement de Bordeaux.

Histoire :
L'histoire de la tour de Mons débute en 1098 avec la création de la seigneurie de Soussans par Guillaume IX le Troubadour (1071-1126), duc d'Aquitaine, comte de Poitiers et de Gascogne.
En 1245, le seigneur de Blanquefort scinde la seigneurie de Soussans en quatre seigneuries. Deux de ces nouvelles maisons nobles : Bessan et Labégorce sont achetées par Jehan Colomb (?-1246 ?), seigneur de Colomb et la Mure, bourgeois et maire de Bordeaux en 1240 et 1245.
La seigneurie de Labégorce devenant une dépendance de la maison noble de Bessan.
Le seigneur de Blanquefort conservant les deux autres. Celle qui nous intéresse prenant le nom de Courneau de Marsac, Maison noble de Marsac ou Tour noble de Soussans.
La maison forte de Marsac est construite au 13ème siècle (1289?), probablement à la même période que la Tour de Bessan dont elle n'est distante que de 1500 mètres environ. Elle est dotée de quatre tours et sera utilisée lors de la guerre de cent ans où elle sera partiellement détruite.
En 1453, suite à la bataille de Castillon et au bannissement des principaux chefs de l'insurrection décidé par Charles VII de France (1403-1461), Gailhard IV de Durfort (?-1481), le proscrit, seigneur de Duras et de Blanquefort émigre en Angleterre. Avant de partir, il aurait cédé la maison noble de Marsac à Jean de l'Isle, seigneur de Mataplane, baron de la Brède et de Beautiran.
Au 15ème siècle, sous le règne du roi de France Charles VIII l'Affable (1470-1498) la maison forte de la Tour noble de Soussans est reconstruite.
En juin 1476, Louis XI de France (1423-1483) accorde son pardon à Gaillard de Durfort et lui restitue ses biens confisqués de Blanquefort, Duras et Villandraut.
Le 18 janvier 1489, Gaston de l'Isle seigneur de l'Isle et de la Rivière céderait à Jean de Ferron (1440-?), conseiller lay au parlement de Bordeaux ayant épousé le 17 janvier 1503 Sérène de Vertheuil (1485-?) la maison noble de la tour de Soussans.
En 1519, Jean de Ferron achète la seigneurie de Carbonnieux.
En 1540, Sérèbe de Vertheuil vend la maison noble de Marsac à Louis de Macanan ou Makanam (1525-?) reçu chevalier de l'ordre de Malte en 1544.
Le 29 juin 1561, Louis de Macanan achète la maison noble de la Tour de Roussillon et en 1568, celui-ci cède la maison noble de Marsac et la maison noble de la Tour de Roussillon à la famille Decours.
En 1579, Fortis de Laroque rachètent les seigneuries de Marsac et de la Tour Roussillon.
En 1582, il cède à Anne de Bordes, tante de Pierre de Bordes, le futur baron de Soussans, la seigneurie de la Tour du Roussillon. La maison noble de Marsac est vendue au chevalier Arnaud de Mulet (1566?-1607), sieur de Préjeau, seigneur de La Tour-Saint-Maubert (le futur château Latour) et de Volusan, conseiller au parlement de Bordeaux, président aux enquêtes de la cour.
Le 7 février 1608, Pierre de Bordes, suite au décès en 1607 d'Arnaud de Mullet, achète la seigneurie du Cournau de Marsac aux enfants d'Arnaud de Mullet et devient alors détenteur de deux des maisons nobles de Soussans (par héritage de sa tante Anne de Bordes).
Le 26 décembre 1615, Pierre de Mons, écuyer, seigneur de la Caussade et conseiller lay au parlement de Bordeaux, fils de Guillaume de Mons (1539-1624), avocat puis Conseiller au parlement de Bordeaux et détenteur des maisons nobles de Carles, de Lagunegrand..., épouse Anne de Bordes, fille de Pierre de Bordes, baron de Soussans.
Le 28 juillet 1623, Pierre de Mons achèterait pour la somme de 29000 livres les maisons nobles de Bessan et de Labégorce et hériterait la même année de la seigneurie de Marsac. Il devient ainsi le premier titulaire des sept maisons nobles de Soussans.
Le domaine prend alors le nom de son propriétaire comme il est souvent de coutume et devient la Tour de Mons. C'est sous la propriété de Pierre de Mons que le vignoble serait planter.
La seigneurie de la Tour de Mons passe ensuite à leur fils Guillaume de Mons, baron de Soussans, seigneur de Bessan et de la Tour de Mons, puis à Guillaume Joseph de Mons ( ?-1713) marié depuis le 17 septembre 1681 avec Jeanne d'Essenault.
Le seigneur suivant est François Joseph de Mons qui épouse en 1719 Marie Thérèse Ménoire et transmettra à sa fille Marie Catherine Thérèse de Mons de Soussans (?-1835) la maison noble de la Tour de Mons. Celui-ci va organiser l'assèchement des marais de Soussans afin d'y développer l'agriculture.
Thérèse de Mons de Soussans épouse le 30 août 1740, Jean-Baptiste de Secondat de Montesquieu (1716-1795), conseiller lay au parlement de Bordeaux.
En 1755, le vignoble de la tour de Mons possède une superficie de 29 hectares.
Avant 1766, Thèrèse de Mons de Soussans hérite de la maison noble de Bayle à Sauternes (futur château Guiraud) qu'elle donnera à son frère Léonard-Joseph de Mons (1736-?) également propriétaire du château de Ferrand à Saint-Émilion.
En 1784, le château de la tour de monsieur de Segondat est classé au rang de second cru dans les Variétés bordelaises de l'abbé Baurein et troisième cru dans la plupart des autres classements de ses contemporains.
En 1792, le vignoble atteint la taille de 53 hectares (166 journaux).
Le 11 janvier 1799, le domaine est mis sous séquestre au préjudice de Madame de Mons, veuve de Jean-Baptiste de Secondat de Montesquieu et mère de Charles-Louis de Secondat de Montesquieu (1749-1835), émigré et réfugié au Royaume-Uni.
Thérèse de Mons réussi à récupérer au moins en partie le domaine de la Tour de Mons. Le domaine Marcadié, propriété de Pierre Capelle en 1824, étant détaché du domaine de la tour de Mons soit à la Révolution française soit quelques années plus tard.
Elle cède ensuite le domaine à son cousin Jean-Luc-Guillaume De Mons des Dunes (1760-1830), commandant de la garde nationale de Soussans près Bordeaux, membre du conseil municipal de Bordeaux qui devient en 1813, baron d'empire de la Tour de Mons.
Suite au décès en 1827 de Guillaume Joseph Adrien De Mons des Dunes (1808-1827), seul héritier mâle de Jean-Luc Guillaume de Mons, le domaine passe après le décès de celui-ci à Caroline Aimée Félicité de Mons ( ?-1830) qui épouse Joseph Léonard de Lageard de Cherval (1801-1883) en 1825 et lui apporte par héritage le château La Tour de Mons.
Le couple aura trois filles : Marie Thérèse Félicité de Lageard (1827-1882), Jeanne Marie Philippine Hermine de Lageard (1823-1850) qui épousa le 29 janvier 1849, son cousin Jean-Louis-Jules de Gères-Vacquey (1817-1873) et Marie Véronique Caroline Alexandrine de Lageard décédée à l'âge de 15 ans.
Après le décès de ses sœurs, le château de la tour de Mons est la propriété de Marie Thérèse Félicité de Lageard et de son époux depuis le 2 octobre 1848, Casimir de Gastebois-Marignac (?-1872), son cousin germain.
Le couple n'aura qu'un enfant, Anne Marie Suzanne Caroline Léonie de Gastebois-Marignac (1849-1867) qui sera officieusement fiancée à son cousin le baron Henri de Vassal mais décèderra avant de l'épouser.
C'est ainsi qu’après le décès de Casimir de Gastebois-Marignac, son épouse désignera comme héritier le baron Henri de Vassal.
Après le décès, sans héritier de madame de Gastebois, le château de la Tour de Mons devient la propriété du baron Henri de Vassal et sa nièce Alice Jeanne Gabrielle de Gastebois-Marignac (1844-?) épouse d'Antonin Charles Philippe de Morin de Senneville (1843-?). La superficie du domaine est alors de 200 hectares et celle du vignoble de 30 hectares.
En 1877, un oratoire, toujours présent, dédié à la vierge Marie est construit au milieu des vignes.
Entre 1886 et 1893, Frédéric Eschenauer (1834-1899), négociant et fils de Louis le fondateur de la firme de négoce éponyme, prend en fermage pour une durée de 20 ans un vignoble situé en palus qu'il nomme : Terreforts de la Tour de Mons. Dans le même temps, le baron Henri de Vassal reprend en fermage le domaine de la Tour de Bessan à J. Feuillerat également pour une durée de 20 ans. On trouve ici pour la première fois trace d'un vignoble au nom de la Tour de Bessan.
En décembre 1895, le château de la Tour de Mons est détruit par un incendie.
Le 4 avril 1899, Henriette Marie Dieudonnée Suzanne de Morin de Senneville (?-1877) épouse Jean Louis "Pierre" Dubos (1875-1962), futur propriétaire du château Cantemerle. C'est ainsi que le domaine entre dans la famille Dubos.
En 1905, après le décès de son père, Théophile-Jean Dubos (1837-1905) vice-président du Syndicat des crus classés du Médoc et propriétaire du château Cantemerle hérite du domaine, Pierre Dubos reprend la direction du château Cantemerle.
Après le décès du baron Henri de Vassal, peut-être en 1916, Pierre Dubos prend également la direction du château La tour de Mons avant de reprendre en 1923 les parts de son frère dans le château Cantemerle.
En 1932, le domaine est retenu dans la catégorie cru bourgeois supérieur lors du classement des crus bourgeois du Médoc.
Durant la deuxième guerre mondiale, le domaine possède alors une superficie de 175 hectares (avec le château La Tour de Bessan et le Cru de Richeterre).
Après le décès de Pierre Dubos en 1962, ces deux filles Bernadette (1901-1998), épouse Clauzel, et Pia (1900-1981), épouse Binaud, deviennent les propriétaires du domaine.
En 1972, le château la Tour de Bessan (32 hectares) est vendu à Lucien Lurton.
En 1986, le vignoble possède une superficie de 30 hectares.
En 1991, la superficie du domaine est de 110 hectares et celle du vignoble atteint 32 hectares et la direction du domaine est assurée par Bertrand Clauzel, maire de Soussans et son fils Christian.
En 1996, le Crédit Agricole associé à la Caisse des Dépôts et des Placements du Québec rachète le domaine et son vignoble de 40 hectares et en prennent effectivement les rênes en mai 1997.
La direction du domaine est alors confiée à Henri Corbel et immédiatement un programme de rénovation des chais et du vignoble (étalé sur une vingtaine d’années) est lancé. Un nouveau chai de vinification permettant une vinification parcellaire est construit ainsi qu'un chai climatisé pour le stockage des bouteilles. Dans le même temps, un premier programme de replantation de 8 hectares de vignoble supplémentaires, avec une conduite du vignoble en lutte raisonnée et un drainage des sols est commencé.
En 2003, la superficie du vignoble est alors de 43 hectares et le responsable du domaine est Dominique Laux.
De 2009 à 2012, la direction du domaine est confiée à Christelle Spenner qui auparavant était l'œnologue-conseil du domaine aux côtés d’Éric Boissenot.
En 2012, Christelle Spenner quitte le domaine pour prendre la direction technique du château Grand-Puy Lacoste et la direction du domaine est confiée à Anne Le Naour, directrice technique de CA Grands Crus, filiale du Groupe Crédit Agricole.
L'œnologue conseil du domaine est Éric Boissenot.
Le 17 novembre 2015, CA Grands Crus annonce le rachat de la part minoritaire détenue par la Caisse des Dépôts et des Placements du Québec et devient l'unique propriétaire du domaine. Une semaine après, le 24 novembre, CA Grands Crus annonce la cession d'une part majoritaire du château Rayne-Vigneau en appellation Sauternes à la société Trésors du patrimoine appartenant à Dérek Rémy Smith, spécialisée dans la vente par correspondance.
Le 31 octobre 2019, CA Grands crus annonce la cession du château la Tour de Mons et du château Marsac Seguineau à la SC château Labégorce appartenant à la famille Perrodo, propriétaire du château Labégorce et du château Marquis d’Alesme à Margaux. Le montant de la vente derait d’environ 60 millions d’euros.

Les vins :
Densité moyenne de plantation : 8500 pieds/ha.
Vendanges manuelles.
Âge moyen du vignoble : 30 ans environ.
Élevage de 12 mois en fût de chêne (40 % neuf).
Production moyenne annuelle : 3000 hl/an dont 1100 hl/an pour le grand vin).
Le second vin du domaine porte le nom de : Marquis de Mons.
Il s'appelait auparavant : Château Richeterre †.