Château La Lagune

Présentation :
Propriété de 82 hectares située sur la commune de Ludon-Médoc à proximité du château Cantemerle, à une quinzaine de kilomètres au nord de bordeaux et situé dans l'appellation Haut-Médoc sur la D2 (Bordeaux-Pauillac).
C'est l'un des 6 crus du classement du Médoc (Belgrave, Camensac, Cantemerle, Haut-Brion et La Tour Carnet) à ne pas appartenir à une appellation communale.
Son vignoble de 80 hectares (60 % Cabernet-sauvignon, 30 % Merlot, 10 % Petit verdot) est disposé sur une croupe de graves sableuse sur alios (argile ferrugineuse, grès, sable mêlés formant une couche imperméable) s'étirant le long de la D2 à une quinzaine de mètres d'altitude. Le vignoble a notamment la particularité d'être constitué d'une parcelle d'un seul tenant de 57 hectares disposé sur une croupe de graves à une altitude maximale de 16 mètres. Une autre parcelle située sur la commune d'Agassac est utilisée pour la production du second vin (Moulin de la Lagune ex Château Ludon-Pomiès-Agassac †).
L'origine du nom du domaine est assez imprécise, pour certains, il est possible qu'avant le 16ème siècle, époque où les marécages ont été asséché et que l'on a commencé à planter de la vigne, une bande de terre existait à cet endroit et qu'elle est donné son nom au lieu. Autre explication possible, une maison noble de Légune existait à Ludon-Médoc et son nom a simplement été transformé avec le temps. Légun ou Leun en vieux français signifiant légumes ou herbes.

Histoire :
La vigne existe dans ce secteur depuis le 16ème siècle, elle fut planté par des hollandais.
En 1702, messire Jean de Savant, contrôleur des fortifications en Guyenne, possédait le domaine de La Lagune à Ludon.
Le 30 juillet 1719, Jean-François Lavaud de Baraillon, peut-être un héritier direct de Jean de Savant, président-trésorier général au bureau des Finances de Guyenne épouse Marie Vidaud qui lui apporte 60000 livres de dot.
En 1729, débute les travaux de construction d'une chartreuse, terminée en 1734, sur l'emplacement d'un ancien édifice.
Après le décès de Jean-François Lavaud de Baraillon, c'est sa sœur Anne (?-1748), épouse depuis 1695 de François Rozier (?-1716), marchand et consul à la bourse de Bordeaux, qui hérite du domaine.
Le domaine de la Lagune reste ensuite dans la famille Rozier.
En 1776, le domaine est classé par Labadie dans sa nomenclature des domaines de la Guyenne à l'attention de Dupré de saint-Maur premier cru de la commune de Ludon avec un prix de 500 à 550 livres par tonneau.
Le 30 août 1777, la famille Rozier vend le domaine ainsi que deux autres biens situés sur la commune de Ludon pour la somme de 220000 livres à Pierre Séguineau de Lognac (?-1789), titulaire d'une charge de secrétaire du roi. Celui-ci en date du 2 février 1783, sera seigneur du fief des Carmes à Pian en Médoc, des maisons nobles du Luc et Andride, paroisse de Pian en Médoc et de Blanquefort et de la maison noble de Légune à Ludon-Médoc.
Avant la Révolution française, l'architecte et baron, Victor Louis (1731-1800), va rénover le château.
Catherine de Parouty (1773-1832), née Bénigne de Séguineau, et, Françoise-Marie Dumas de la Roque hériteront en indivis du domaine et dans les années 1800/1815, le vin produit sera connu sous le nom de Cru Séguineau, Cru Dumas Laroque ou Cru la Lagune.
En 1819, le domaine est vendu par les différents héritiers de la famille Séguineau de Lognac (nom rajouté en 1785 avec le rachat du domaine de Lognac et de la seigneurie de Portets pour la somme de 517660 livres) à Jacques Louis Joseph Malherbe (1779-?) pour la somme de 200000 francs.
En 1821, Monsieur Malherbe revend le domaine à Pierre Étienne Pierre Piston (1766-1823), entrepreneur de construction navale revenu de l’Île Maurice en 1820, ayant épousé en seconde noce Lucille Ursule Lucille d'Eaubonne (1787-1883) et possédant le château des Fournils à Beaupouyet reconstruit par l'architecte bordelais Henri Duphot (1810-1889).
Après le décès de Pierre Piston, son épouse prend la direction du domaine avec son fils Eugène Piston. Le domaine va être développé en passant d’une superficie de 30 à 50 hectares.
En 1855, le domaine est classé comme troisième cru du Médoc.
Après le décès d'Eugène, c'est son fils, Jean Jacques Adrien Piston d'Eaubonne (1834-1910), d'Eaubonne ayant été rajouté officiellement à compter du 26 avril 1893, avoué, qui, revenu en 1872 de l’Île Maurice, prend la direction du domaine.
En 1898, celui-ci vend une partie du domaine à Louis Sèze (1841-1911) pour la somme de 340000 francs. Le domaine possède alors un superficie de 50 hectares. L'autre partie du vignoble, une parcelle appelée Petit la Lagune est reprise par P. Clossman alors propriétaire du château de Malleret-Barthez-Pian-Médoc.
En 1911, après le décès de Louis Sèze, le domaine est repris par son gendre Albert Galy (1881-1933). La crise économique et les guerres vont entraîner un lent et inexorable déclin de la propriété par manque d'investissement. A la mort d'Albert Galy, sa femme Marguerite Sèze (1889-1972) continuera d'administrer le domaine et celui-ci continuera à décliner, il changera de nom pour devenir le château Grand la Lagune tandis que le vignoble de la propriété diminuera progressivement de 40 hectares en 1923, à 35 hectares en 1935, 9,5 hectares en 1949 puis 4 hectares en 1954.
En 1958, Georges Brunet, entrepreneur dans l'immobilier, rachète le domaine, rachète une parcelle voisine appelée Petit la Lagune qui avait été détaché du domaine quelques décennies auparavant, commence à replanter le vignoble et à moderniser les chais notamment par la création d'un système de circulation du vin entre les 26 cuves du domaine totalement à l'abri de l'air.
Le domaine reprend alors le nom de Château la Lagune.
Trois ans plus tard, en raison d'un divorce compliqué et afin de financer un nouvel achat en Provence (château Vignelaure), il met en vente le domaine.
Le nouvel acquéreur, en 1962, est René Chayoux (1892-1969), PDG de la maison de Champagne Ayala. Celui-ci a les moyens financiers de ses ambitions et va tripler la taille du vignoble tout en continuant de moderniser les chais et de mettre en œuvre la restauration du château.
De 1962 à 1986, le professeur Emile Peynaud intervient comme œnologue conseil du domaine.
En 1964, il va nommer régisseur du domaine, Jeanne Boyrie qui succède à feu son mari. Elle sera la première à exercer cette fonction dans le Médoc.
En 1967, le vignoble en production atteint 65 hectares.
Au décès de René Chayoux, sans héritier en 1969, Jean-Michel Ducellier, numéro deux de la maison de Champagne Ayala prendra la direction de la maison de Champagne et du domaine. La direction technique du domaine étant confiée à Patrick Moulin dès 1972.
En 1986, Caroline Desvergnes, fille de Jeanne Boyrie prend la direction du domaine. La superficie du vignoble est alors de 70 hectares.
En 2000, Jean-Jacques Frey, fondateur du Groupe Frey, rachète le domaine en même temps qu'il rachète la Société Générale de Champagne propriétaire de la maison de Champagne Ayala, qu'il revendra en 2005 à la maison de Champagne Bollinger pour financer le rachat de la maison Jaboulet dans la vallée du Rhône.
En 2003, le cuvier est entièrement reconstruit, d'une superficie de 2500 m², il fonctionne entièrement par gravité et se trouve doté de 58 cuves, ce qui porte le total à 72 cuves thermorégulées permettant une vinification parcellaire.
Depuis 2003, Denis Dubourdieu est l’œnologue conseil du domaine.
A compter de 2004, c'est Caroline Frey qui dirige la propriété à la place de Thierry Budin. Patrick Moulin en est le responsable technique. Le vignoble possède alors une superficie de 76 hectares.
En 2006, la société Paul Jaboulet Aîné (vallée du Rhône, vigne en appellation Hermitage) est reprise et en 2009, Caroline Frey en prend la direction.
A compter de 2006 une cuvée issue d'un assemblage du cépage Cabernet-sauvignon du domaine et du cépage Syrah issue de l'appellation Hermitage est produite : Duo. Il ne s'agit pas de reproduire la technique des vins hermitagés pratiquée au 19ème siècle, le mélange d'une petite quantité, 10 à 15 %, de vin provenant de la vallée du Rhône ou du Roussillon (cépage Benicarlo) afin d'obtenir un vin ayant plus de couleur et de vigueur.
En 2007, la superficie du vignoble atteint 82 hectares.
A partir de 2008, une partie du vignoble (10 hectares) est converti en agriculture biologique. En 2012, on atteint 20 hectares.
En 2012, Charles de Ravinel, auparavant au château Brane-Cantenac devient le chef de culture du domaine.
En 2013, une autre cuvée issue d'un assemblage de Cabernet-sauvignon du domaine et de Syrah issue de l'appellation Crozes-Hermitage est produite : Evidence.
La même année, Maylis de Laborderie devient maître de chai du domaine et la totalité du vignoble est conduit en biodynamie.
En 2014, le château Corton-André (7 hectares de vignes en appellations Aloxe-Corton, Auxey-Duresse, Corton, Corton-Charlemagne, Ladoix, Meursault, Monthélie, Pommard, Savigny-les-Beaune et Volnay) est racheté à la société de négoce Béjot de Meursault, auparavant propriété du groupe Ballande propriétaire du château Prieuré-Lichine.
La même année, Charles de Ravinel devient le responsable de l’exploitation en remplacement de Patrick Moulin parti en retraite.
En 2016, le vignoble est certifié agriculture biologique.
En 2018 débute la conversion du vignoble à la biodynamie sur une dizaine d’hectares.

Les vins :
Rouge :
Le second vin du domaine porte le nom de : Moulin de La Lagune.
Assemblage composé à 50 % du cépage Merlot.
Auparavant le second vin portait le nom de château Ludon-Pomiès-Agassac.
Le troisième vin porte le nom de Mademoiselle L ou Mademoiselle de la Lagune, il est issu de parcelles non utilisées pour le grand vin. Existe depuis le millésime 2004.
A compter de 2006, une cuvée spéciale nommée Duo issue de 50 % de Cabernet-sauvignon et de 50 % de Syrah (issu de l'Hermitage La Chapelle) est créée uniquement en grand format (magnum et jéroboam).
En 2013 est commercialisé un vin nommé Evidence (millésime 2010) issu de 50 % de Cabernet-sauvignon (issu du Château la Lagune) et de 50 % de Syrah (issu du Domaine de Thalabert en Crozes-Hermitage). Densité moyenne de plantation : 6666 pieds à l'hectare.
Age moyen des vignes : 30 ans.
Rendement moyen du domaine : 35 à 45 hl/ha.
Élevage du grand vin en fût de chêne durant 12 mois (55 % de fûts neufs pour le grand vin, 30 % pour le second vin).