Château Jean Faure

Présentation :
Domaine de 20 hectares installé sur le plateau de Pomerol à proximité de La Conseillante et de L'Evangile. au nord-ouest de Saint-Émilion.
Le domaine est entouré des grands crus classés suivants : château Cheval Blanc, château Corbin, château Corbin-Michotte, château La Dominique et le château Ripeau.
Le vignoble de 18 hectares (51 % Cabernet franc, 41 % Merlot, 8 % Malbec) est mitoyen de celui du château La Dominique. Il est disposé sur un sol d'argile mêlée de sable avec une présence marquée de cailloux et se divise en une quinzaine de parcelles situées à une altitude comprise entre 36 et 41 mètres.
Passé de 9 à 18 hectares lors des différents classements.
Le domaine tire peut-être son nom d'un jurat de Saint-Émilion en 1542 nommé Jean Faure.

Histoire :
L'histoire de ce domaine débute au début du 19ème siècle.
Auparavant, ce vignoble faisait parti de la seigneurie de Corbin saisie et démembrée à la Révolution française.
Lors de la vente de cette seigneurie, le principal adjudicateur est Jean-Mathias Auguste Chaperon (1753-1825), négociant à Libourne dont la famille achètera 26 propriétés vendues comme Bien national réparties sur Fronsac, Libourne et Saint-Émilion.
Les achats d'Auguste Chaperon dans ce secteur de Corbin représentent une superficie de 42 hectares regroupant les futurs châteaux Corbin, La Dominique, Jean Faure et Ripeau.
Suite au décès en 1825, d'Auguste Chaperon, Jean Chaperon-Grangère (1773-1832), négociant en vins et maire de Libourne de 1815 à 1819, reprend le domaine baptisé château Corbin et Jean Faure. Le vignoble possède alors une superficie de 15 hectares.
En 1820, les travaux de construction du château s'achèvent.
En 1832, après le décès de Jean Chaperon-Grangère, son épouse Marguerite Delphine née Rulleau (1780-1845) reprend la direction du château Corbin et Jean Faure.
En 1841, selon Lecoutre de Beauvais dans son journal Le Producteur, le cru se nomme Jean Faure et appartient à la veuve de Jean Chaperon-Grangère.
Vers 1845, le cru Jean Faure passe de Delphine Chaperon-Grangère à un cousin de Jean Chaperon-Grangère : Jean-Paul Chaperon (1826-1903). Celui-ci va diriger le château Corbin et Jean Faure pendant plus de cinquante années, jusqu'à son décès le 4 juin 1903.
Quelques années plus tard (1868), il existe également un cru Jean Faure appartenant à Penaud. Ce cru est nommé Jeanfaure en 1874, Jean Faure en 1881 et 1886 (propriétaire Veuve Penaud et fils) pour devenir à compter de 1893 le château Jean-Faure appartenant à Émile Penaud.
Après le décès de Paul Chaperon, c'est sa veuve, Françoise Louise Marie née Lacaze (1830-1920) qui reprend la direction du domaine.
En 1908, les deux domaines sont cités dans Bordeaux et ses vins de Féret.
En 1920, suite au décès de Marie Chaperon, c'est François Marie Emmanuel Dupuy de La Grandrive (1847-1927) époux de Jeanne Marie Catherine Denise Chaperon (1854-1939), fille de Paul Chaperon, qui reprend le château Corbin et Jean Faure. Pendant ce temps, le château Jean-Faure a disparu, conséquence de la première guerre mondiale ?, à la place, il y a trois exploitants du cru Jean-Faure : Bouchon, Pierre Descombes et la veuve L. Ducasse.
En 1921, Marcel Loubat (1873-?), déjà propriétaire depuis 1917 du château Ripeau, maire de Libourne de 1935 à 1941 et frère d'Edmonde Loubat propriétaire de Pétrus, rachète les 18 hectares du vignoble de Jean Faure à Emmanuel Dupuy de La Grandrive qui cédera ensuite en 1924 le château Corbin et son vignoble de 8 hectares à Joseph Giraud. A compter de ce moment, les deux domaines seront gérés conjointement. L'hypothèse voulant que ce soit le domaine en possession de la famille Penaud qui soit racheté me semble moins plausible vu les superficies respectives des domaines et l'existence de trois exploitants du cru Jean Faure après 1929 : Beune, Pierre Descombes et la veuve L. Ducasse. Mais il est également possible que des parcelles des deux domaines furent regroupées pour former le château Jean-Faure.
Après le décès de Marcel Loubat, entre 1941 et 1943, c'est sa veuve qui devient propriétaire des domaines.
Après la seconde guerre mondiale, le château Jean-Faure et le château Ripeau sont dirigés par Michel de Wilde (?-1976) qui a épousé la petite-fille de Marcel Labat, Suzanne en 1946.
Le 16 juin 1955, le château Jean-Faure est retenu dans la catégorie Grand cru Classé du premier classement de Saint-Émilion. Rang qu'il conservera jusqu'au classement de 1986.
Dans les années 1960, la commercialisation des vins du domaine est un monopole de la maison Dourthe frères.
A compter de 1969, la mise en bouteille au domaine devient obligatoire pour l'appellation Saint-Émilion Grand cru et pour les Grands crus classés.
En 1974, Ghislaine de Wilde, fille de Michel de Wilde épouse Michel Amart.
A la fin de l’année 1975, Michel de Wilde transmet le château Jean-Faure à sa fille Ghislaine, tandis que le château Ripeau est repris par une autre de ses filles, Françoise de Wilde.
A compter du début 1976, Michel Amart reprend l'exploitation du domaine en fermage, pour une durée de 25 ans. L’œnologue conseil du domaine est alors Michel Rolland. Le domaine dispose alors de 4 chais d'élevage d'une capacité totale de 800 barriques.
Le 23 mai 1986 le château Jean Faure n'est pas retenu dans le classement de Saint-Émilion : « en raison d’insuffisances notoires dans la conduite de l'exploitation de votre cru, principalement au niveau œnologique. Cette opinion s'est trouvée largement confortée par la dégustation des différents millésimes fournis à l'appui de votre demande. Ils lui sont apparus comme présentant une qualité ne correspondant pas à celle d'un Grand Cru Classé ». Autre reproche fait au domaine, les proportions de l'encépagement à rapprocher d'un cru du Médoc et non de Saint-Émilion : 60 % Cabernet franc, 30 % Merlot, 10 % Malbec. Pourtant l'encépagement de château Cheval Blanc est similaire : 58 % Cabernet franc, 42 % Merlot.
Suite à ce déclassement, l'encépagement du domaine est progressivement modifié (54 % Cabernet franc, 40 % Merlot, 6 % Malbec).
En février 2004, Olivier Decelle, propriétaire du château Haut-Maurac dans le Médoc et du Mas Amiel dans le Roussillon, rachète le château Jean-Faure à Ghislaine de Wilde et lance immédiatement des travaux de drainage du vignoble.
Depuis le chai a été reconstruit et le cuvier rénové avec l'installation de cuves, en bois et en ciment, thermos-régulées et d'une contenance individuelle de 70 hectolitres afin de permettre une vinification parcellaire.
L’œnologue conseil des millésimes 2004 et 2005 est Michel Rolland.
Le vignoble est conduit selon les préceptes de la biodynamie.
L’œnologue conseil du domaine de 2006 à 2012 était Stéphane Derenoncourt.
Le 29 octobre 2012, le domaine intègre, après la proposition du 6 septembre 2012 de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO), le classement officiel des crus de l'AOC Saint-Émilion Grand Cru dans la catégorie : Grand Cru Classé.
En 2019, Marie-Laure Latorre devient directrice du domaine.
Le 8 septembre 2022, le domaine est retenu dans la catégorie Grands Crus Classés du septième classement des crus classés de Saint-Emilion.

Les vins :
Densité moyenne de plantation : 5555 pieds/ha.
Élevage de 18 mois en fût de chêne (60 % neuf) pour 66 % des vins, le reste en cuve ciment.
Rendement moyen : 35 hl/ha.
Production moyenne annuelle : 600 hl.
Pas de second vin.
Jusqu'en 1999, un autre vin était produit : Vieux château Jean-Faure.