Présentation :
Domaine de 100 hectares situé au nord-est de l'appellation Moulis sur la la butte de Grand Poujeaux. Le château est à proximité de la ligne de train Bordeaux-Pauillac.
Le vignoble de 68 hectares est d'un seul tenant (50 % Cabernet-sauvignon, 40 % Merlot, 5 % Cabernet franc, 5 % Petit verdot). Il est installé sur un sol de graves.
Le nom de Poujeaux signifie hautes croupes.
Histoire :
La présence de la vigne dans ce secteur de Moulis en Médoc est attestée dès le 12ème siècle.
Ce domaine est issu en partie ou en totalité de la seigneurie de La Salle de Poujeaux appartenant le 18 janvier 1544 à Gaston de l'Isle (1490-?) seigneur de la Brède et de La Salle de Poujeaux.
En 1571, Arnaud de Mullet (1566?-1607), sieur de Cartujac, de Laujac, Préjeau et de Volusan, conseiller au parlement de Bordeaux, président aux enquêtes de la cour achète, le 8 mai 1571, peut-être à Gédéon (ou Gaston) de Latouche, seigneur de L'isle, baron de La Brède, La Faye et Beautiran sa part de la co-seigneurie de Saint-Maubert (futur château Latour) et de la seigneurie de La Salle de Poujeaux à Moulis pour la somme de 1100 écus.
La seigneurie de La Salle de Poujeaux passe ensuite au fils aîné d'Arnaud de Mullet, Denis de Mullet.
On retrouve la seigneurie de La Salle de Poujeaux une soixantaine d'années plus tard. Elle est alors la propriété d'Étienne-François de Brassier (1685-1743), conseiller au Parlement de Bordeaux, baron de Lamarque et seigneur de Beychevelle. A cette époque la superficie du vignoble est d'environ 13 hectares.
Au décès d'Étienne-François de Brassier, La Salle de Poujeaux devient la propriété de son fils aîné, François de Brassier, chevalier, seigneur de Lamarque, d'Arcins et de Landiras et baron de Senignan. Celui-ci va confier la seigneurie de La Salle de Poujeaux à sa fille aînée, Delphine de Brassier (1722-1795), baronne de Budos et de Beychevelle, qui épousera le 23 juin 1745 Michel-Joseph de La Roque (1715-1770).
En 1793, la seigneurie de La Salle de Poujeaux devient Poujeaux.
Au décès de Delphine de Brassier, ses deux garçons : Charles François Armand de la Roque (1750-1825), baron de budos et Charles de la Roque, ses possessions sont saisies pour les sept neuvièmes par la République.
Sa fille, Marguerite de La Roque-Budos (1752-1821) mariée le 25 juin 1775 à Jean Baptiste Calixte de Montmorin (1727-1781), marquis de Saint-Hérem, va entamer des procédures judiciaires pour récupérer sa part de la succession et racheter les biens de sa mère.
La marquise de Saint-Herem vendra le domaine de Poujeaux le 18 juillet 1806 à André Castaing (1776-1847), fils de François Castaing (1729-1792), capitaine de navire dont l'épouse Magdeleine Elisabeth Gressier (1754-?) possède en indivision une partie du domaine voisin de Gressier situé au Grand Poujeaux.
André Castaing épouse le le 21 janvier 1810 sa cousine Lucrèce Pauline Gressier (1789-1875).
En 1822, l'indivision liant les nombreux héritiers du domaine de Gressier au Grand Poujeaux prend fin. Celui-ci est partagé entre André Gressier (1800-1865) époux à compter du 25 avril 1831 de Marie Guillemette Zamé de Frontin (1806-1839) et André Castaing. Les deux nouveaux domaines sont baptisés selon le nom de leur nouveau propriétaire : château Gressier-Grand Poujeaux et château Poujeaux-Castaing.
André Castaing étant également propriétaire du château Gastebois avant 1824.
Après le décès d'André Castaing en 1847, le domaine est partagé entre ses 4 fils : Jean Castaing Bellisle (1811-1880), Philippe (1812-1870), Gabriel André (1815-1875 ?) et Jean-Jacques Guillaume Castaing (1816-1875) époux de Jeanne Marie Rosa Ferrière (1826-1904).
Le château Poujeaux Castaing devient la propriété de son fils aîné, Jean Castaing Bellisle (1811-1880) et prend naturellement le nom de château Castaing-Bellisle. Jean-Jacques Castaing se séparant du domaine familial pour fonder le futur château Chasse-Spleen et reprendre le château Gastebois.
La fille de Jean Castaing Bellisle, Élisabeth Marie Castaing (1846-1912) épouse Eugène Jean Baptiste Benjamin Clauzel (1832-1891), un des héritiers du château Citran.
Après le décès en 1880 de Jean Castaing Bellisle, le domaine est partagé entre les héritiers qui commercialisent leur vin toujours sous l'étiquette Château Poujeaux : Philippe « Beauséjour » Castaing (1845-1920), Eugène Clauzel et Louis Marie (ou Édouard) Clavières, époux de Jeanne Castaing (1863-1883).
L'indivision cessera le 24 novembre 1920 avec le décès de Philippe Castaing.
La partie du château Poujeaux appartenant à Edouard Clavières étant devenue entre 1908 et 1922 la propriété de Pierre Marly (qui serait son gendre). Elle prend désormais le nom de château Poujeaux Marly. Les deux autres domaines continuant d'être commercialisés sous l'étiquette de château Poujeaux.
En 1921, François Theil, négociant en vins qui vient de revendre le château Le Pape à Léognan, achète aux héritiers de Philippe Castaing le château Poujeaux Castaing.
En 1929, la situation reste identique.
En septembre 1932, les trois domaines, château Poujeaux-Castaing, château Poujeaux-Jacmart et château Poujeaux-Marly sont retenus dans la catégorie cru bourgeois supérieur du premier classement des crus bourgeois.
Après la deuxième guerre mondiale, le château Poujeaux Castaing est toujours la propriété de la famille Theil. Jean Theil ( ?-1981) a également repris avant 1942 le château Poujeaux-Jacmart. Le château Poujeaux Marly étant la propriété de Thibaut.
En 1957, Jean Theil achète le château Poujeaux Thibaut. Cela permet de reformer le domaine initial du château Castaing-Bellisle. Le nouveau domaine reprend le nom de château Poujeaux et la superficie du vignoble est alors de 40 hectares.
Jean Theil va créer une devise pour son domaine : « Je ne suis, ni premier, ni second, ni troisième, pas même quatrième ou cinquième, mais je suis celui qu'on aime. Je suis, je reste Poujeaux lui-même.
En 1976, Jean Theil reprend le château Arnauld, propriété de ses beaux-parents monsieur et madame Roggy.
En 1978, le château Poujeaux est retenu comme cru grand bourgeois exceptionnel lors du palmarès des crus bourgeois.
Après le décès en 1981 de Jean Theil, le domaine est repris en indivision par ses trois fils : François, Jean-Pierre et Philippe.
En 1986, la superficie du vignoble est de 50 hectares.
En 1992, le cuvier est rénové avec l’installation de cuves dotées d’échangeurs thermiques.
En 1993, le chef de culture est Frank Antoldi, le maître de chai, Daniel Bercion et l’oenologue conseil est Jacques Boissenot.
En 1997, les sept enfants de Jean Theil fondent la société anonyme Jean Theil.
Le 17 juin 2003, le domaine est retenu dans le premier classement officiel des crus bourgeois dans la catégorie cru bourgeois exceptionnel. Classement annulé en février 2007 par la cour administrative de Bordeaux suite à l'appel de 77 châteaux non classés. La superficie du vignoble est alors de 52 hectares.
En 2007, la famille Roggy-Theil revend le château Arnauld à la société d'assurances AGF-Allianz.
En 2008, la société anonyme Jean Theil vend le domaine à Philippe Cuvelier également propriétaire du Clos Fourtet à Saint-Émilion.
L'œnologue conseil du domaine est Stéphane Derenoncourt.
Mathieu Cuvelier est le directeur du domaine tout comme de Clos Fourtet.
Les vins :
Densité moyenne de plantation : 10000 pieds/hectare.
Vendanges manuelles.
Production moyenne annuelle : 3000 hectolitres (2250 hl pour le grand vin).
Élevage de 12 mois en fût de chêne (30 à 40 % neuf).
Le second vin du domaine porte le nom de : La Salle de Poujeaux.
Autre vin produit : Haut de Poujeaux en appellation Haut-Médoc (55 % Merlot, 45 % Cabernet-sauvignon), s'appelait auparavant Charme de Poujeaux †.
Un autre vin fut produit sous la responsabilité de la famille Theil du millésime 1976 jusqu'au millésime 2007 : château Arnauld (cru bourgeois 1932 en appellation Haut-Médoc).