Présentation :
Propriété de 87 hectares située face au Château Pichon-Longueville de l'autre côté de la Départementale 2, au sud de la commune dans le quartier de Saint-Lambert (ancienne commune absorbée par Pauillac).
Le domaine est généralement appelé Pichon comtesse ou Pichon Lalande.
Le vignoble de 75 hectares (53 % Cabernet-sauvignon, 36 % Merlot, 7 % Petit verdot, 4 % Cabernet franc) est établi sur un sol de graves.
Le vignoble est situé autour du château sur le haut plateau à proximité du vignoble de Château Latour et s'étend jusqu'au plateau de Léoville vers Saint-Julien.
Particularité du vignoble, 11 hectares sont situés sur la commune de Saint-Julien mais sont commercialisés en appellation Pauillac par dérogation car propriété du domaine avant le décret d'appellation.
Le domaine tire son nom de Marie-Laure-Fortunée-Virginie, comtesse de Lalande, propriétaire du domaine au 19ème siècle.
Le domaine tire son nom de Marie-Laure-Fortunée-Virginie, comtesse de Lalande, propriétaire du domaine au 19ème siècle.
Histoire :
Le lieu-dit où se situe la propriété portait le nom de la « Baderne » au Moyen-âge, était le fief de la famille de Montguyon et dépendait de la seigneurie de Latour.
En 1504, Antoine Brun de Boysset était le seigneur de Montguyon et de Balac.
En 1612, le fief de Montguyon est acheté par Denis de Mullet (?-1635), seigneur de Latour à Saint-Maubert (voir château Latour).
Entre 1686 et 1690, Pierre des Mesures de Rauzan (?-1692), armateur, acheta une quarantaine de pièces de terres située dans la seigneurie de Latour soit environ 21 hectares où il plante 17 à 18 hectares de vigne. Ce domaine prend alors le nom d'Enclos Rauzan.
En 1689, il achète des parcelles et commence à planter un vignoble sur Margaux (Quarante parcelles bien graveleuses) pour l'adjoindre à la maison noble de Gassies.
Après son décès en 1692, sa fille Thérèse (1672-?) hérite du vignoble de l'Enclos Rauzan de Pauillac (ses frères héritant des terres de Margaux). Le domaine possède alors d'une superficie de 21 hectares avec un vignoble de 17 à 18 hectares.
Le 6 février 1694, Thérèse épouse Jacques-François de Pichon, Baron de Longueville (1649-1731). Celui-ci va commencer à développer et constituer le vignoble de la propriété, on le surnommera le « sorcier de la vigne ».
A sa mort en 1731, son fils, Jacques (1697-1752), conseiller lay en au parlement de Bordeaux et époux de Germaine de Lajus depuis 1730 s’attachera à agrandir le vignoble et augmenter la réputation du domaine qu'il transmettra à son tour à son fils Jean-Pierre (1731-1761) époux depuis 1747 avec Marie Barbe Branda de Terrefort (?-1775). Le domaine possède alors une superficie d'environ 13 hectares.
Après le décès en 1761 de Jean-Pierre de Pichon-Longueville, c'est son épouse qui prend la direction du domaine.
En 1776, le vin de la propriété est considéré Labadie comme un troisième cru et son prix s'établit entre 650 et 750 livres le tonneau contre 1200 à 1300 pour Château Latour.
En 1777, Joseph de Pichon, baron de Longueville (1755-1850) reprend la direction du domaine, deux ans après le décès de sa mère.
Celui-ci épousera le 11 mai 1784, Marguerite Rosalie Sophie de Narbonne Pelet d'Anglade (1759-1822) et ceux-ci auront 5 enfants : Raoul (1787-1864), héritier du titre, Louis (1789-1835), Marie-Joséphine-Thérèse-Sophie (1785-1858), religieuse, Marie-Laure-Fortunée-Virginie (1798-1882), épouse du Comte de Lalande et Joséphine-Gabrielle-Blanche (1795-1875), épouse du vicomte de Souris de Lavaud de Sainte-Fortunade.
La Révolution française se passera sans trop de problème pour Joseph de Pichon-Longueville car celui-ci n'a jamais exercé d'autre activité que la viticulture.
En 1815, le vin du domaine Pichon de Longueville est estimé par le courtier Guillaume Lawton comme le premier des troisièmes crus devant Gorce (Brane-Cantenac) et Kirwan.
Avant la mort du baron Joseph en 1850, la propriété sera divisée entre les enfants (2/5 pour Raoul avec les installations vinicoles, 28 hectares de vignes et le vieux château, 3/5 pour les héritières soit 42 hectares de vignes).
Dès 1840, Virginie comtesse de Lalande depuis 1818 a fait construire sur la partie qui lui est réservée un nouveau château par le célèbre architecte Henri Duphot (1810-1889).
Pendant 10 ans la propriété continuera bon an mal an d'être administrée comme une seule par le baron Raoul de Pichon Longueville.
En 1854, Sophie (la religieuse) confie sa part à sa sœur Virginie.
Dès 1855, des difficultés apparaissent entre Virginie et son frère Raoul, il faudra l'arbitrage de François Lacoste (Grand-Puy Lacoste), Louis Duluc (Branaire-Ducru) et d'un tiers arbitre, Edouard de Pontet (Pontet-Canet) pour permettre une séparation des biens et la gestion de la vie courante des deux propriétés entre Raoul de Pichon-Longueville et la comtesse de Lalande.
En avril 1855, la propriété sera classée Second cru du Médoc à l'occasion de l'Exposition universelle.
Chose étonnante aucun des cinq enfants du baron Joseph n'eut d'enfant. Alors, après la mort de Raoul de Pichon-Longueville en 1860, la propriété sera définitivement scindée en deux. Virginie, épouse du comte Henri de Lalande, dirigera la partie « féminine » de l'héritage qui deviendra Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande et Raoul de Pichon-Longueville (branche de Parempuyre), cousin du Raoul de Pichon-Longueville qui vient de décéder gérera l'autre partie du domaine le Chateau Longueville au Baron de Pichon-Longueville.
En 1875, Gabrielle de Pichon-Longueville cède sa part du domaine à sa sœur Virginie.
Jusqu’à son décès le 3 mars 1882 Virginie comtesse de Lalande dirigera le domaine, n'ayant pas de descendance, c'est sa nièce Élisabeth de Narbonne-Pelet mariée elle aussi à un membre de la famille de Lalande qui dirigera le domaine ensuite.
A sa mort, ce sont ses deux filles, Sophie et Henriette qui vont hériter de la propriété.
Sophie, épouse de Joseph de la Croix, dirigera la propriété jusqu'en 1925, année de son décès.
Après sa mort, ses cinq enfants et leur tante Henriette décident de vendre la propriété à un consortium dirigé par Édouard et Louis Miailhe (55 % des parts), courtiers en vin bordelais et futurs propriétaires de château Palmer notamment, pour la somme de 700000 francs.
En 1953, Édouard et Louis Miailhe se partagent les différentes propriétés qu'ils possèdent et c'est Édouard qui reprend le domaine. La même année, les chais sont rénovés, des cuves en ciment avec résine époxy remplace les cuves en bois et le professeur Emile Peynaud intervient comme œnologue conseil du domaine.
Jusqu'en 1959, le vin embouteillé portera indistinctement l'appellation Pauillac ou Saint-Julien (11 hectares sont situés sur la commune de Saint-Julien).
Après le décès en 1959, d’Édouard Miailhe, le vignoble a une superficie de 40 hectares.
c'est William-Alain Miailhe (actuel propriétaire de Château Siran) qui lui succéda de 1960 à 1972. Il a agrandi le domaine en ajoutant une dizaine d'hectares de vignes situées entre Château Pichon-Baron, Château Latour, Château Batailley et Château Haut-Bages Libéral.
En 1964, la famille Mailhe rachète le cinquième cru classé : château Dauzac.
En 1966, un chai de première année est construit.
En 1970, Jean-Jacques Godin est nommé chef de culture du domaine.
A compter de 1972, une querelle entre héritiers éclate (certains veulent vendre), William-Alain Miailhe démissionne et de 1975 à 1978, ce fut Michel Delon du château Léoville-Las-Cases, désigné comme administrateur judiciaire, qui dirigea la propriété et qui racheta 5 hectares de vignes supplémentaires.
En 1978, après un tirage au sort entre héritiers, William Miailhe devient l'unique propriétaire du château Siran, sa sœur May-Eliane de Lencquesaing reçoit 55 % des parts du château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande et Monique Sichère la participation de la famille Miailhe dans le château Palmer.
Le vignoble est alors de 62 hectares, le régisseur du domaine Jean-Jacques Godin nommé en 1975 par Michel Delon et Francis Lopez le maître de chai.
Dès sa prise de pouvoir May-Eliane de Lencquesaing commence par racheter les parts disponibles de quatre actionnaires minoritaires et porte sa participation à 84 % du capital puis finira par acquérir la totalité des actions du domaine. Madame de Lencquesaing développera ensuite le vignoble, rénovera les chais, etc.
En 1980, les chais sont rénovés et des cuves en acier inox sont installées et un nouveau chai de stockage est créé.
En 1986, un chai de deuxième année est construit et le professeur Peynaud cesse son activité de conseil auprès du domaine. La superficie du vignoble est alors de 60 hectares d’un seul tenant.
En 1988, un deuxième cuvier est créé.
En 1992, Thomas Dô Chi Nam devient le responsable technique du domaine à la place de Jean-Jacques Godin, licencié. Il y aura un procès pour chaptalisation d'une partie du millésime 1992 en 1996 (plaignant Jean-Jacques Godin).
En 2006, une cartographie du vignoble de 90 hectares est réalisé fait apparaître l’existence de 70 parcelles.
En janvier 2007, faute d'héritier pouvant succéder à May-Eliane de Lencquesaing, la Maison de Champagne Louis Roederer, également propriétaire du château de Pez, rachète le domaine pour une somme proche de 200 millions d'euros.
En 2008, une carte géologique du vignoble est réalisée.
Début 2011, Thomas Dô Chi Nam quitte le domaine pour prendre la direction du château Margaux et Sylvie Cazes, copropriétaire du château Lynch-Bages, le remplace.
Le responsable du vignoble est François Taris, le maître de chai est Xavier Pallu.
En 2012 débutent les travaux de construction d’un nouveau chai et d’un nouveau cuvier (58 cuves en inox tronconiques et 12 cuves en bois de chêne afin de permettre une vinification parcellaire) d'une superficie de 1800 m² dont les travaux réalisés sous la direction de l'architecte Philippe Ducos sont terminés pour le 30 septembre 2013. Budget de cet investissement : dix millions d’euros.
La même année, Sylvie Cazes quitte la direction du domaine en décembre 2012 et est remplacée en novembre par Nicolas Glumineau, auparavant directeur du Château Montrose jusqu'en novembre 2012.
A compter de 2013, le responsable de la vigne est François Taris, la responsable des chais, Stéphanie Danglade.
Des essais de biodynamie débutent en 2013 sur les 3 hectares arrachés chaque année pour permettre le renouvellement du vignoble.
En 2014, rénovation des anciens chais pour permettre uen vinification parcellaire.
En 2017, construction d’un chai de stockage des bouteilles.
Les vins :
Densité moyenne de plantation : 9000 pieds à l'hectare.
Rendement moyen : 45 hl/ha.
Particularité de la production du château : jusqu'au millésime 1959, la production était commercialisée sous l'appellation Pauillac ou sous l'appellation Saint-Julien (11 hectares du vignoble sont situés sur saint-Julien).
Rouge :
Le second vin du domaine porte le nom de : Réserve de la Comtesse.
Un autre vin peut être produit : Les Gartieux de Pichon-Lalande.