Présentation :
Propriété d'une centaine d'hectares située à environ un kilomètre au sud-ouest de la commune de Pauillac sur le hameau de Bages à proximité de château Croizet-Bages.
Le vignoble de 96 hectares (90 hectares en rouge : 75 % Cabernet-sauvignon, 17 % Merlot, 6 % Cabernet franc, 2 % Petit verdot. 4,5 hectares en blanc : 53 % Sauvignon, 32 % Sémillon, 15 % Muscadelle) est disposé sur un sol de graves et se décompose en plusieurs parcelles. La plus grande parcelle se situe au bord de la D1E au nord-ouest du château. Une parcelle se situe autour du château, une face à la Gironde et deux autres à l'ouest du château entre la D2 et la D1E.
Le nom du domaine vient de l'union de Lynch, nom de famille d'une grande famille de négociant et de Bages, nom du hameau mentionné dès le 16ème siècle sous le nom de Batges.
Histoire :
Le domaine existait dès le Moyen-Âge. Le premier propriétaire connu est Monsieur de Guiraud qui possédait un domaine à la fin du Moyen-Âge qui englobait l'actuel château Lynch-Bages, le château Grand-Puy Lacoste et le château Grand-Puy Ducasse.
Le sieur de Guiraud eu deux filles qui épousèrent, l'une un Monsieur Labégorce, l'autre un Monsieur Déjean, conseiller au Parlement de Bordeaux.
En 1703, Pierre Dejean ( ?-1712), notaire à Pauillac depuis au moins 1695, possède des terres dans la seigneurie de Lamarque et dans la seigneurie de l’abbaye de Vertheuil.
En 1728, Bernard Déjean ( ?-1748), fils aîné de Pierre Déjean vend le domaine de Bages à Pierre Drouillard (1681-1729), chevalier et trésorier général de Guyenne à compter de 1721 et jurat perpétuel de Bordeaux de décembre 1708 jusqu'en 1714, pour la somme de 70000 livres.
Pierre Drouillard était également propriétaire du château Dauzac.
Bernard Déjean reste à la tête du domaine de Bages et l’exploite pour la famille Drouillard jusqu’à son décès en 1748.
Après le décès de Pierre Drouillard en 1729, le domaine est repris par son épouse, depuis le 22 novembre 1712, Marguerite Valtrin (1692-1742).
Après le décès de Marguerite Drouillard en 1742, le domaine de Bages devient la propriété de Jacques-Grégoire Drouillard ( ?-1748) avant de devenir la propriété de son frère aîné Pierre-Jacques Drouillard ( ?-1749) époux de Valérie de Gombaud.
A partir de ce moment, l'histoire de ces différents châteaux diverge.
Après la mort en 1749 de Pierre Drouillard, sa fille Elisabeth ( ?-1763) hérite du domaine le 9 juin 1750 sur licitation (vente aux enchères d'un bien immobilier en indivision par des propriétaires de manière volontaire ou en vertu d'un jugement) pour la somme de 84000 livres et l'apporte à son époux depuis le 22 mai 1740 : Thomas-Michel Lynch (1710-1783). Celui-ci était le fils de John Lynch of Galway (1599-1677) qui s'était installé à Bordeaux en 1691.
Cette branche de la famille Lynch s’était établi au château Dauzac après le décès de Marguerite Valtrin en 1742.
Le 2 juillet 1753, Elisabeth Drouillard hérite de sa nièce Marie-Anne Drouillard des deux tiers d’un domaine situé sur Cantenac, Labarde et Macau d’une valeur de 113000 livres.
Après le décès en 1763 d’Elisabeth Drouillard, le domaine de Bages est la propriété de Thomas-Michel Lynch qui va continuer de le développer en achetant entre 1765 et 1770 pour près de 4600 livres de plusieurs pièces de terres.
En 1776, Labadie, courtier en vin, classe dans sa nomenclature des domaines de la Guyenne à l'attention de Dupré de Saint-Maur, intendant général, le cru Lynch au troisième rang de la commune de Pauillac avec une valeur de 500 à 550 livres le tonneau. Le premier de la commune est château Lafite avec une valeur de 1200 à 1300 livres par tonneau.
Suite au décès le 4 octobre 1783 de Thomas-Michel Lynch, le domaine de Bages est hérité par le chevalier Michel Lynch (1754-1840) qui dirigera le cru de Lynch et le château Dauzac durant la Révolution française, l'Empire et la Restauration. Il sera même maire de Pauillac de 1800 à 1802. Michel Lynch continuera d’agrandir son domaine pour porter sa superficie totale à 219 hectares et laissera son domaine de Bages en fermage jusqu’en 1818.
Le 18 août 1819, Michel Lynch épouse à l’âge de 65 ans, Elisabeth Davies (1776-1854).
En 1822, Léonard Pouyalet est nommé responsable du domaine de Lynch.
Le 7 août 1824, Michel Lynch vend le domaine de Lynch (42 hectares de superficie et 37 hectares de vigne) à un négociant bordelais d'origine suisse, Sébastien Jurine (1777-1846) pour la somme de 300000 francs.
Il conserve la propriété du domaine de Haut-Madrac et le futur Lynch-Moussas (superficie totale 176 hectares).
Monsieur Jurine va conserver Léonard Pouyalet à la direction du domaine et modifier le nom du domaine Lynch en Jurine-Lynch (sans doute à compter de 1831) comme il est de mode à cette époque.
En 1850, un cuvier gravitaire et une nouvelle maison de maître sont construits.
Le 27 juillet 1852, suite au décès de Sébastien Jurine en 1846, c'est son fils André-Louis Jurine (1803-1861), époux d’Aline Mestrezat (1817-1858), fille du fondateur de la société de négoce Mestrezat, qui devient le propriétaire du domaine par une vente sur licitation pour la somme de 90000 francs. La superficie du domaine est alors de 50 hectares pour un vignoble de 34 hectares.
Le 10 août 1853, le domaine est mis en vente aux enchères, mise à prix 100000 francs. La vente échoue.
En 1855, le cru Lynch est classé dans la catégorie cinquième cru classé du Médoc.
Après le décès de André-Louis Jurine le 8 juin 1861, afin de régler la succession, le domaine de Jurine-Bages est mis en vente sur licitation le 20 mai 1862 pour la somme de 400000 francs. Aucun acheteur n’ayant enchéri, le domaine est remis en vente le 9 septembre 1862 pour la somme de 309000 francs. L’enchérisseur est Sébastien Jean Kat Wellem Jurine (1837-1890), fils ainé d’André-Louis Jurine, qui ne peut régler la somme.
Le 1er juin 1865, Jérome Maurice Cayrou (1820-1893) et Henri Cayrou (1824-?), négociants bordelais, achètent pour la somme de 325000 francs le domaine Jurine-Bages.
Ceux-ci modifient le nom de la propriété en château Lynch-Bages.
En 1875, Henry Cayrou cède sa part du capital en échange d’une rente viagère de 12000 francs à son cousin qui devient le seul propriétaire du domaine.
Après le décès en 1893 de Maurice Cayrou, c'est sa veuve Marie Sophie Suzanne Castéja (1840-1915), fille de Pierre Castéja (1799-1863) qui gérera le domaine.
Puis, le 30 juin 1898, la fille de Maurice Cayrou, Jeanne-Féva Cayrou (1878-1965) épouse le général Jean Marie Félix de Vial (1864-1949) et en 1907, suite à un partage familial apporte le domaine a celui-ci.
En 1915, les vignes sont tellement abîmées par le mildiou, l'oïdium et l'absence d'entretien du à la mobilisation de la première guerre mondiale qu'il n'y a pas de vendanges.
En 1933, le général Félix de Vial donne le vignoble du domaine en fermage à Jean-Charles Cazes (1877-1972), qui gère à l'époque le château Les Ormes de Pez propriété de sa sœur. La superficie du vignoble est alors d'environ 30 hectares.
Le 23 février 1939, Jean-Charles Cazes rachète le château Lynch-Bages pour la somme de 265000 francs. Suit une période de replantation du vignoble et de modernisation des chais. La même année, il rachète le château Croizet-Bages (sans le vignoble) afin de remeubler le château Lynch-Bages.
En 1940, Jean-Charles Cazes rachète le château Les Ormes de Pez.
En 1942, Jean-Charles Cazes cède à Henri Martin 0,6 hectare au lieu-dit Gloria à Beychevelle qui permettront la création du château Gloria.
Depuis, le domaine est resté la propriété de la famille Cazes.
En 1966, André Cazes à pris la tête du château Lynch-Bages et du château Les Ormes de Pez.
Dans les années 1970, André Cazes rachète le château Haut-Bages Averous et le vignoble du Saussus (parcelle face à la Gironde).Dans le même temps, il replante le vignoble.
A partir de 1974 commence la rénovation des chais avec l'installation de 25 cuves inox thermorégulées notamment.
En 1975, Jean-Michel Cazes, fils d'André, prend la direction du domaine et, en 1976, il engage comme directeur technique Daniel Llose.
Le 17 juin 1985, Patrick Baudry emporte avec lui une bouteille de 37,5 cl du château Lynch-Bages millésime 1975 lors de son voyage à bord de la navette Discovery.
En 1986, la superficie du vignoble est de 78 hectares.
En 1987, un vin blanc est créé : Blanc de Lynch-Bages. Issu d'un vignoble de 4,5 hectares (40 % Sauvignon, 40 % Sémillon, 20 % Muscadelle). Premier millésime : 1990.
En 2003, la superficie du vignoble est de 96 hectares (dont 5 hectares en blanc).
En 2006, Jean-Charles Cazes, son fils, prend la direction du domaine et Nicolas Labenne prend la direction technique.
En 2007, un redécoupage parcellaire du vignoble débute pour faire passer le vignoble de 80 à 180 parcelles. Jean-Charles Cazes devient le directeur du domaine.
De juin 2011 à décembre 2012, Sylvie Cazes, sœur de Jean-Charles est la directrice de château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande propriété de Roederer.
En février 2017 débute les travaux de construction du nouveau cuvier (doté de 80 cuves inox correspondant au nouveau parcellaire) avec des cuves ascenseurs et du nouveau chai de vieillissement (4000 m², deux années de stockage) à la place de l’existant, dessiné par l’architecte Chien Chung Pei (fils de l’architecte Ieoh Ming Pei, la pyramide du Louvre). Durée estimée des travaux 30 mois pour une livraison réalisée en août 2020. Les millésimes 2017, 2018 et 2019 étant vinifiés dans des bâtiments provisoires le temps des travaux.
Le 28 mars 2017, le château Haut-Batailley (28 hectares de vignoble) est vendu par Françoise des Brest-Borie à la famille Cazes.
Le nouveau cuvier est livré en 2022.
Les vins :
Densité moyenne de plantation : 9000 pieds à l’hectare.
Vendanges manuelles.
Rouge :
Rendement moyen : 50 hL/ha.
Le second vin du domaine porte le nom de : Écho de Lynch-Bages.
Existe depuis le millésime 2008. Auparavant, il s'appelait Château Haut Bages Averous du millésime 1978 au millésime 2007.
A compter du millésime 2009, un troisième vin est produit dans la propriété sous l'étiquette : Pauillac de Lynch-Bages.
Blanc :
Encépagement : Muscadelle, Sauvignon, Sémillon.
Rendement moyen : 50 hl/ha.
Il existe également un vin blanc au nom de Blanc de Lynch-Bages en appellation Bordeaux.
Existe depuis le millésime 1987.