Présentation :
Le domaine de Léoville-Poyferré est une propriété de 95 hectares située au bord de la Gironde sur la commune de Saint-Julien-Beychevelle.
Le vignoble de 80 hectares (65 % Cabernet-sauvignon, 25 % Merlot, 8 % Petit verdot, 2 % Cabernet franc) est constitué de 6 parcelles réparties de part et d'autres de la D2, la plus grande faisant face au vignoble de Pichon-Longueville au bord du ruisseau de Juillac à l'ouest de la commune. Le sol est de type graves garonnaises.
Le domaine tire son nom de son créateur : Jean-Marie de Poyferré de Cère.
Histoire :
Cette propriété est née de la scission du Château Léoville † (voir la fiche du Château Léoville †).
La constitution du domaine de Léoville Poyferré a débuté vers 1769 après le décès de Blaise-Antoine Alexandre de Gascq (1690-1769), président à mortier du Parlement de Bordeaux qui n'a pas de descendant direct. Ce sont ses trois neveux et sa nièce qui vont se partager le domaine : Anne-Jeanne d'Abadie (1715-1768) épouse de Pierre Gaston de Las Cases (?-1759), Jean-Pierre d'Abadie (1716-1776), Bernard (1725-1805) et Jean-Joseph (1717-1794).
Seul Anne-Jeanne aura deux enfants, Jeanne de Las Cases (1752-1830) qui épousera en 1771 Bernard d'Abbadie de Saint-Germain et Pierre-Jean (1750-1815), marquis Las Cases de Beauvoir, seigneur du Péré et de Mézières en Agenois marié en 1796 avec Rose Budes de Guébriant (1756-1810).
Le domaine reste géré en indivision et le vin est appelé indifféremment D'Abadie ou Lionville.
En 1794, les biens du marquis de Las Cases (ayant fui en Grande-Bretagne), qui représentent un quart du domaine, sont confisqués et vendus comme bien nationaux en février 1802 aux frères Chevalier (2/3) et à Monsieur Jean-Baptiste Monbalon (1/3). Les trois autres héritiers de Blaise-Antoine Alexandre de Gascq réussissant à conserver leurs parts.
Il naît alors deux étiquettes : Léoville-Chevalier ou Léoville-Lechevallier et Léoville-Monbalon en plus des étiquettes de Léoville-d'Abadie et Léoville Lascase.
En 1805, après le décès de Bernard d'Abadie, c'est Pierre-Jean marquis Las Cases de Beauvoir qui hérite de sa part après son retour d'exil de Grande-Bretagne.
Après le décès en 1815 du marquis de Las Cases de Beauvoir, c'est son fils Adolphe de Las Cases (1782-1880), époux d'Esclarmonde de Raigecourt-Gournay (1796-1872) qui hérite du domaine qui deviendra le château Léoville Las Cases. Sa part représente approximativement les 3/5 du domaine originel. Sa tante, Jeanne de Las Cases conservant le reste.
En 1830, suite au décès de Jeanne de Las Cases, le domaine est géré en indivis entre ses deux filles : Jeanne Marie Sophie d'Abbadie de Saint Germain (1772-1838), épouse de Jean-Marie de Poyferré de Cère, préfet des Deux-Sèvres, maire de Marmande, président du conseil général des Landes et conseiller d'état honoraire et Rose Raymonde d'Abbadie de Saint-Germain (1776-1863) épouse de Gabriel André de Bonneval (1769-1839), chevalier, Seigneur de Malmouche, lieutenant au régiment de Berry-cavalerie.
En 1836,Jean-Marie de Poyferré de Cère rachète la part de Rose Raymonde d'Abbadie de Saint-Germain et donne son nom au domaine qui deviendra le château Léoville-Poyferré.
Cet imbroglio historique explique sans doute pourquoi en 1855, les courtiers décidèrent de classer deuxième cru le Domaine de Léoville en précisant les trois propriétaires de l'époque mais sans les distinguer.
En 1865, le fils du baron de Poyferré, Jean (?-1878), suite à la crise de l'oïdium et peut-être à des placements financiers hasardeux dans les chemins de fer russe vend la propriété au banquier et Baron Frédéric Émile d'Erlanger (1832-1911) et à Armand Lalande (1820-1894), adjoint au maire de Bordeaux, président de la chambre de commerce de Bordeaux et député de la Gironde, courtier bordelais (propriétaire de Cantenac brown depuis 1860) pour la somme d'1000000 F.
Armand Lalande dirigera la propriété durant deux décennies et affrontera l'oïdium, le phylloxéra et le mildiou.
Il faudra attendre 1880 pour que se terminent les problèmes juridiques liés à la séparation entre Léoville las Cases et Léoville-Poyferré !
Lors de ce partage, les bâtiments du Château Léoville Poyferré et du château Léoville Las Cases ont été divisés en deux parties et le sont encore aujourd'hui ce qui donne des zones communes aux deux propriétés, ce qui est pour le moins exceptionnel.
Paul Skawinski (1844-1933) fut le régisseur du domaine.
En 1885, Armand Lalande achète le domaine de Cadillon mitoyen de Léoville-Poyferré à l'ouest et crée un nouveau vignoble appelé château Moulin-Riche.
En 1889, 10 hectares de palus sont détachés du domaine pour créer le Cru Franklin.
En 1894, au décès d'Armand Lalande, c'est sa fille Laure (1849-1940), épouse d’Édouard Lawton (1846-1933) qui hérite de la propriété.
En 1920, ils vendent le domaine pour la somme d'1200000F à Albert et Paul Henri Cuvelier, négociants du nord de la France, déjà propriétaire de Château Le Crock depuis 1903 et de Château Camensac, acheté en 1913 et qui sera revendu en 1964. Ceux-ci achèteront en même temps le Château Moulin Riche à Édouard Lawton.
L'administration du domaine est alors confiée à la famille Delon (Roger notamment, oncle de Michel Delon, administrateur de Léoville Las Cases dans les années 1960).
De 1959 à 1983, le professeur Emile Peynaud intervient comme œnologue conseil du domaine.
A compter de 1979, suite à une crise cardiaque de Roger Delon, Didier Cuvelier gère la propriété en même temps que les châteaux Le Crock et Moulin riche. A ce moment, le vignoble possède alors une superficie de 48 hectares et un important programme de replantation du vignoble est lancé (30 hectares).
En 1990, un nouveau cuvier est construit.
En 1994, Michel Rolland est désigné œnologue conseil du domaine.
En 1998, le vignoble atteint une superficie de 80 hectares avec l'absorption du vignoble du château Moulin-Riche qui devient l'étiquette du second vin.
L’œnologue du domaine est Isabelle Davin.
En 2006, des travaux de rénovation sont entrepris et aboutissent à la création d'un nouveau cuvier et d'une salle de réception. Coût de l'opération : 3,1 millions d'euros.
Depuis le millésime 2009, le château Moulin-Riche est redevenu un domaine séparé du château Léoville-Poyferré.
En 2017, le domaine débute la conversion de son vignoble à l’agriculture biologique non certifiée.
En août 2018, Sara Lecompte Cuvelier succède à son cousin Didier Cuvelier à la direction des propriétés de la famille Cuvelier : Le Crock, Léoville-Poyferré et Moulin riche.
Les vins :
Rouge :
Densité moyenne de plantation : 9000 pieds à l'hectare.
Rendement moyen : 45 hl/ha.
Le second vin du domaine porte le nom de : Pavillon de Poyferré.
Existe depuis le millésime 2004. Auparavant, il portait le nom de Château Moulin Riche de 1978 à 2003.
Cette étiquette est partagée avec le château Moulin-Riche depuis 2004.
Un troisième vin existe également sous le nom de Pavillon des connétables de 1996 à 2005 qui a sans doute été le second vin pour les millésimes 2001, 2002 et 2003.
Depuis le millésime 2000, Moulin Riche aurait retrouvé sa propre identité malgré l'absorption du vignoble.