Abrogation :
Appellation abrogée le 28/04/1982 et remplacée par l'appellation Saussignac.
Présentation :
Appellation située à l'ouest de Bergerac, sur la rive gauche de la Dordogne, à l'intérieur de l'appellation Côtes de Bergerac, entre le vignoble de l'appellation Monbazillac (séparé par la rivière Gardonette et son affluent le Brajaud) et celui de Sainte-Foy-Bordeaux.
Le vignoble est disposé sur un sol argilo-calcaire, composé de calcaire, de grès et de molasses mêlées, sur un socle calcaire situé au pied de coteaux à pente faible (altitude maximale 152 mètres) et sur des plateaux avec une orientation générale vers le nord, ce qui favorise l'apparition du Botrytis.
Le climat est de type océanique modéré.
Le nom de l'appellation viendrait du gallo-romain, le domaine de Celsinius, il apparaît dès 1053 (Santus Martinus de Saussignac) avant d'évoluer (Salsinac en 1117, Salsinhac en 1286, Salsignaco en 1323).
Histoire :
La présence de la vigne à Saussignac remonte probablement à l'époque gallo-romaine puisqu'il existait une villa gallo-romaine mais sa première trace avérée se retrouve seulement au 11ème siècle (1074) dans le cartulaire du prieuré bénédictin de Saint-Sylvain de la Mongie-Saint-Martin dépendant de l'abbaye Notre-Dame de Saintes.
Le vignoble de Saussignac va être développé par les ecclésiastiques et le seigneurs locaux afin d'approvisionner les pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle.
Dès le 12ème Siècle, Bergerac est un lieu de commerce pour l'ensemble des vins de la région.
Au 13ème siècle, Henri III Plantagenêt (1207-1272) accorde aux viticulteurs bordelais, en 1241, ce que l'on appelle le Privilège de Bordeaux : l'interdiction aux vins du haut-pays (Cahors, Gaillac...) d'entrer dans le port de Bordeaux avant la Saint-Martin (11 novembre) ce qui permet d'écouler plus aisément les vins du vignoble de la région bordelaise. Les campagnes d'approvisionnement des bateaux provenant de l'Angleterre ayant lieu au printemps et à l'automne. Ce qui oblige les vins du haut-pays à être débarqués au port de Libourne.
Au 15ème siècle, les bourgeois de Bergerac prennent petit à petit le contrôle des vignobles autour de Bergerac.
En 1520, les lettres patentes du roi François Ier (1494-1547), confirment l'autorisation d'accès au port de Libourne pour les vins de Bergerac et de ses environs.
En 1532, François Rabelais (?-1553) cite dans Pantagruel, le village de Sausignac (Saussignac dans l'édition de 1552) : « Panurge continuant son propous, dit: Le premier mot que dist celluy qui escouilloit les moines beurs a Saussignac ». Rabelais devait connaître ce vin car il fut sous la protection de Geoffroy d'Estissac (?-1542) et de son frère aîné Bertrand de Madaillan d'Estissac (1460-1522), sénéchal de l'Agenais, du Périgord, lieutenant-général et gouverneur de Guyenne, maire et gouverneur de Bordeaux.
A la fin du 17ème siècle, suite à la révocation de l'édit de Nantes le 18 octobre 1685 (édit de Fontainebleau) sous le règne de Louis XIV (1638-1715), le commerce entre Bergerac et les Provinces Unies (Pays-Bas) où se sont réfugiés de nombreux huguenots va se développer. La production de vins moelleux et liquoreux va croître avec l'utilisation du cépage Muscadelle (appelé muscat fou) pour les vins blancs.
La crise phylloxérique de la fin du 19ème siècle diminuera la superficie du vignoble mais ne le fera pas disparaître.
En 1909, le conseil d'état statuant en assemblée générale défini la délimitation de l'appellation d'origine Bordeaux. Parmi les communes désignées, il y avait 41 communes de la Dordogne : dans le canton de Vélines, les communes de Carsac, Minzac, Montpeyroux, Saint-Martin de Gurçon, Saint-Méard de Gurçon, Villefranche-de-Longchapt. Dans le canton de Sigoulès, les communes de Cunèges, Flaugeac, Gageac-Rouillac, Mescoulès, Monbazillac, Monbos, Monestier, Pomport, Puyguilhem, Razac-de-Saussignac, Sigoulès et Thénac. Dans le canton de la Force, Prigonrieux. Dans le canton d'Issigeac, les communes de Bouniagues et Colombier. Dans le canton de Bergerac, Bergerac (partie de la commune située au nord de la ligne du chemin de fer de Libourne au Buisson), Lembras, Saint-Laurent des Vignes et Saint-Nexant.
Décision annulée définitivement 2 ans plus tard. L'appellation d'origine Bordeaux étant réservée aux communes du département de la Gironde.
Après la première guerre mondiale, le commerce des vins moelleux et doux restent important, grâce à la renommée des vins de Monbazillac. Ce qui va provoquer un procès entre un viticulteur de Gageac-Rouillac souhaitant donner l'appellation Monbazillac à sa production et le syndicat viticole de Monbazillac.
Le 16 mars 1934, le tribunal civil de Bergerac confirme les délimitations de l’appellation d'origine Monbazillac définie par son jugement du 8 décembre 1921 confirmé par la cour d'appel de Bordeaux le 24 novembre 1924, limitant l'appellation à 5 communes : Colombier, Monbazillac, Pomport, Rouffignac-de-Sigoulès et Saint-Laurent-des-Vignes. Cela exclue les communes de Gageac-Rouillac et Saint-Nexans.
Ce jugement est confirmé par la cour d’appel de Bordeaux en novembre 1935 et le décret d'appellation Monbazillac du 15 mai 1936 fixe définitivement les délimitations géographiques.
A compter du 11 septembre 1936, les vins de Saussignac et des alentours prennent l'appellation d'origine contrôlée Côtes de Bergerac.
Le 9 octobre 1956, une mention Côtes de Saussignac complémentaire à l'appellation Côtes de Bergerac est autorisée, ce qui donne Côtes de Bergerac Côtes de Saussignac.
Le 25 janvier 1967, un décret réaffirme les caractéristiques de l'appellation Côtes de Bergerac Côtes de Saussignac, décret confirmé par le conseil d'état le 26 novembre 1969 après la demande du maire de Saussignac de pouvoir utiliser la dénomination Côtes de Saussignac écrite plus grande ou avant la dénomination Côtes de Bergerac.