Présentation :
Domaine de 56 hectares situé au nord-ouest de l'appellation jouxtant l'appellation Pomerol et située face au château Cheval Blanc. C'est la plus grande propriété de l'appellation Saint-Émilion.
Le vignoble de 40 hectares (35 % Cabernet franc, 35 % Cabernet-sauvignon, 30 % Merlot, proportion similaire aux vins du Médoc) est drainé et installé sur trois croupes de graves (l'Enfer : 38 mètres d'altitude, les Moulins : 36 mètres d'altitude et La Terrasse : 36 mètres d'altitude) sur un sol d'argile riche en fer et de sables issues des anciens glaciers du Massif Central de la France et apportées par les deux rivières de l'Isle et de la Dronne. Cette partie de l'appellation est appelée Graves de Saint-Émilion et recouvre une soixantaine d'hectares dont la moitié pour le vignoble de château Figeac (l'autre partie pour Cheval blanc).
Le vignoble est passé de 34 à 39 hectares lors des différents classements.
Le domaine tire son nom d'une villa gallo-romaine construite au 2ème siècle après J.C : Figeacus.
Histoire :
Figeac est une très ancienne propriété. Son origine remonte au 2ème siècle, à l’époque gallo-romaine, alors que la famille Figeacus donne son nom à la « villa » qu’elle fonde à cet endroit. Cette villa n'avait sans doute pas de vignoble. Les seules traces qu'il en reste étant des canalisations.
La maison noble de Figeac existe au moins dès le 14ème siècle et appartenait à la famille de Lescours.
Après la fin de la guerre de cent ans (1453), la seigneurie est la propriété de la famille de Cazes. Jean de Cazes (1430-1513), seigneur de Figeac est maire de Libourne en 1476. La superficie de la seigneurie est alors d'environ 500 hectares.
Étienne de Cazes, jurat de Libourne et fils de Jean devient ensuite le seigneur de Figeac.
Puis, Raymons de Cazes (?-1560), grenetier du roi à Libourne (receveur des droits perçus sur le sel) et fils de Jean devient seigneur de Figeac.
Après le décès de Raymond de Cazes en 1560, c'est son fils nommé également Raymond de Cazes (?-1595), écuyer, grenetier et jurat de Libourne en 1578 et 1579 qui devient seigneur de Figeac.
En 1595, un nouveau château est construit sur les ruines de l'ancien château médiéval (détruit par Henri III de Navarre (1553-1610), ou Henri IV de France ?).
La seigneurie passe ensuite à Jean de Cazes, sieur de Figeac.
Le 16 janvier 1654, Marie de Cazes (?-1700), fille de Jean de Cazes, épouse François de Carles (?-1697) et lui apporte la seigneurie de Figeac.
Le 26 août 1679 Jeanne de Belliquet épouse le fils de François de Carles, également nommé François de Carles (1655-?), seigneur de Belliquet, de Blanquerie et de Figeac et maire perpétuel de Saint-Émilion.
En 1722, François de Carles de Figeac (1680-?), chevalier, seigneur du Petit-Val et de Figeac épouse Jeanne de Gères (?-1767) qui lui apporte en dot les terres du futur château Beauséjour. De ces terres naîtront les châteaux Beau-Séjour-Bécot et Beauséjour héritiers Duffau-Lagarosse.
Le domaine passe ensuite à Jacques comte de Carles (1724-1803), maréchal de camp dans l'armée du roi puis lieutenant-général dans l'armée de la république. Ce qui évitera la saisie du domaine lors de la Révolution française.
Après le décès en 1803 du comte Jacques de Carles, c'est son cousin André de Carle-Trajet (?-1825), émigré depuis le 21 juin 1792 et de retour en France à la faveur du consulat, qui hérite du domaine.
Celui-ci va décider d'augmenter les rendements sur ses domaines en utilisant des fumures et des cépages productifs, pratiquer la culture céréalière, l'élevage et va planter de la garance au château Figeac à la place du vignoble. Il va également faire construire le château actuel.
Cette manière de gérer ses propriétés va provoquer sa ruine après la levée du blocus continental décidé par Napoléon (1806-1814).
En 1823, afin de payer ses dettes et de garder son train de vie, André de Carle-Trajet vend le château Beauséjour pour la somme de 32000 francs à monsieur Charles (?) Troquart, pharmacien. Il vend également les terrains situés sur Libourne (8 hectares) et qui ont intégré depuis les vignobles des châteaux Beauregard et La Conseillante à la famille Barry-Berthomieu.
Après le décès d'André de Carle-Trajet en 1825, c'est sa veuve la comtesse Aimée Félicité Marie Jacquette de Gères qui va diriger le domaine de Figeac qui possède encore à l'époque plus de 200 hectares de superficie.
En 1832, elle cède une métairie de 15 hectares à Jean-Jacques Ducasse (1796-1854), président du tribunal de première instance et du tribunal civil de Libourne, membre du conseil municipal de Libourne de 1848 à 1854.
En 1838, elle cède une nouvelle parcelle de 16 hectares à Jean-Jacques Ducasse qui en fait sa propriété de campagne possédant un vignoble commercialisant le vin produit sous le nom de Vin de Figeac (Le Producteur de Lecoutre de Beauvais). C'est après 1852 que ce vignoble sera drainé et agrandi et en 1860, le domaine prendra le nom de château Cheval blanc.
A la fin de l’année 1838, la comtesse Félicité de Gères va vendre à Louis-Urbain Lebel (1815-1842) représenté par son gendre Nicolas Fauvelle (1796-?), notaire, et son épouse Marie Louise Philiberte Lebel (1806-1850) le domaine dont il ne reste plus que 131 hectares et un vignoble de 18 hectares pour la somme de 155000 francs.
Entre 1838 et 1841, si ce n'est avant, une autre partie du domaine située sur la métairie du Petit Figeac sera vendue à monsieur Chauvin, peut-être André Feuilhade de Chauvin (1796-1861) et à monsieur Largeteau pour constituer les domaines de La Marzelle.
En 1842, Guillaume Laveine ( ?-1860), notaire, rachète le château Figeac aux héritiers de Louis-Urbain Lebel pour la somme de 197000 francs. A cette époque, les vins du domaines sont toujours considérés comme des vins de 1ère classe et Guillaume Laveine lance des travaux de rénovation du vignoble et entreprend son expansion.
En 1847, il y a 18,3 hectares de vignoble et 2,9 hectares de joualles (système de culture de la vigne consistant à planter d'autres cultures entre ou parmi les rangs de vigne).
A partir de 1866, sa veuve Louise, née Guillot (1812-?), va morceler le domaine en plusieurs vignobles. Le plus important revient à monsieur Loyer, un autre à monsieur Chauvin qui complète son domaine et un troisième à monsieur Longa (famille de notaire originaire de Castillon). Louise Laveine va conserver une dernière part de l'ensemble.
En 1868, on retrouve alors Chauvin, Longa, Loyer et la veuve Laveine propriétaires de Figeac. Les vins des différents propriétaires seront commercialisé sous le nom de vins de Figeac.
Entre 1868 et 1873, la partie du château nommée Figeac-Chauvin devient la propriété de Marguerite Itier, veuve Rebeyrolle (1814-?). Le 16 novembre 1873, la veuve Rebeyrolle se porte acquéreur d'une parcelle supplémentaire de 2 hectares 56 ares 80 centiares située au lieu-dit Lamarzelle et détachée du château Figeac. Ce vignoble réuni à celui de Figeac-Chauvin prendra le nom en 1874 de château Rebeyrolle et deviendra ultérieurement le château Grand-Barrail-Lamarzelle-Figeac.
Après le décès de Louise Laveine et avant 1874, un de ses héritiers, peut-être son fils, rachète la partie du château Figeac appartenant à monsieur Loyer. Une de ses deux filles, Augustine Laveine (1841-1907) va épouser Charles Charmolüe (1833-1904), père de Louis-Victor Charmolüe (1860-1925) futur propriétaire du château Montrose.
Le 14 avril 1874, le château Figeac grand premier cru de Saint-Emilion d’une contenance de 82 hectares est mis en vente aux enchères en trois lots au tribunal de Libourne.
En 1874, le château Figeac est la possession (partiellement ?) de monsieur Fournier. Le vignoble est alors replanté et atteint la superficie de 42 hectares. Figeac Longa produit encore 8 tonneaux selon Bordeaux et ses vins.
Le 19 mars 1879, une nouvelle parcelle de 37 hectares, dont 32 hectares de vigne, située au nord du domaine entre le château Figeac et le château Cheval Blanc est vendue à Pierre Corbière (1836-?) associé à François Marie Maray (1837-?). Les vins produits sur cette parcelle étant vendus sous l'étampe Tour-Figeac.
En 1881, cet achat sera divisé en deux domaines, la moitié à monsieur Marais va prendre le nom de château la Tour du Pin Figeac et la partie de monsieur Corbière conservant le nom de château la Tour Figeac.
C’est à cette époque que le château Figeac atteint sa taille actuelle de 56 hectares, il reste le plus grand domaine de Saint-Émilion. Son vignoble ne possède plus alors qu'une superficie de 30 hectares.
Le 8 mai 1883, le château Figeac est mis en vente aux enchères avec une superficie de 52 hectares et une mise à prix de 268000 francs. La vente échoue.
Le 26 juin 1883, nouvelle tentative avec une mise aux enchères à 105000 francs pour les deux lots avec un domaine d’une superficie de 51 hectares et 65 ares. Les enchères atteignent la somme de 201700 francs.
En 1886, la propriétaire du domaine est madame Wedel.
En 1892, la propriété est rachetée par André Villepigue (1851-1926), secrétaire général de la Préfecture de la Seine, sur les conseils d'Albert Macquin (1852 -1911) qui se charge de gérer le domaine (de 1892 à 1905) pour le compte de celui-ci. Cet achat est financé par Henri de Chèvremont, époux d’Élizabeth Clarke et père d’Henriette de Chèvremont (1861-1942), épouse d'André Villepigue.
A la fin du 19ème siècle, le château Troplong-Mondot est le plus important producteur des premiers crus de Saint-Émilion à égalité avec le château Figeac (100 tonneaux).
En 1905, après le départ d'Albert Macquin qui n'a pas réussi à réunir les moyens nécessaires à l'achat du domaine, c'est le fils aîné d'André Villepigue, Robert (1882-1969), ingénieur agronome et futur président d'honneur de la Fédération girondine des coopératives viticoles, qui reprend la direction de château Figeac. C'est lui qui va dessiner l'étiquette actuelle du domaine et en assurer la direction jusqu'en 1928.
Le 29 novembre 1909, Elisabeth Adda Villepigue (1887-1981), fille d’André Villepigue, va épouser Antoine Manoncourt (1875-1964), ingénieur agronome.
Après le décès d'Henriette Villepigue en 1942, la succession va prendre quatre années avant d'être résolue.
Finalement en 1946, Adda Villepigue hérite du domaine alors que Robert Villepigue conserve le Château Cadet-Piola † dont il est propriétaire depuis 1917.
En 1947, la direction du domaine est reprise par Thierry Manoncourt (1917-2010), ingénieur agronome.
En 1952, Thierry Manoncourt s'installe au château, inoccupé depuis la fin du 19ème siècle.
Le 16 juin 1955 dans le premier classement officiel des crus de Saint-Émilion, le domaine est noté 1er Grand cru classé B. Classement qu'il conservera jusqu'à aujourd'hui.
A compter de 1969, la mise en bouteille au domaine devient obligatoire pour l'appellation Saint-Émilion Grand cru et pour les Grands crus classés.
En 1971, une nouvelle ligne d'embouteillage est inaugurée. Elle est située dans une cave souterraine ce qui permet au vin de circuler par gravité jusqu'à la chaîne d'embouteillage.
En 1972, les chais sont modernisés et agrandis avec l'installation de 10 cuves inox.
De nos jours, c'est une des quatre filles de Thierry Manoncourt, Laure, et son gendre le comte Éric d’Aramon qui ont pris la direction du domaine depuis 1988.
En 2002, le château Petit-Figeac, dont le vignoble est contigu à celui de château Figeac est racheté à Axa-millésimes, propriétaire de ce domaine depuis 1989. Le nom du domaine sera réutilisé pour une cuvée spéciale à compter du millésime 2006. Dans le même temps, un autre domaine est également repris à Axa-millésimes, le château La Fleur-Pourret (vignoble de 4,05 hectares).
En 2008, Éric Faye devient chef de culture du domaine.
En 2011, un nouveau bâtiment technique est construit, il regroupe la totalité des équipements liés à la viticulture et à l’entretien du domaine.
Le 29 octobre 2012, le domaine intègre, après la proposition du 6 septembre 2012 de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO), le classement officiel des crus de l'AOC Saint-Émilion Grand Cru dans la catégorie : Premier Grand Cru Classé B.
En février 2013, Jean-Valmy Nicolas co-gérant du château La Conseillante à Pomerol devient également co-gérant de la société d’exploitation du château Figeac. Il prend alors la direction de la propriété à la place d’Éric d'Aramon et de son épouse Laure.
Le responsable technique depuis 2013 est Frédéric Faye.
L'oeonologue conseil du domaine est Michel Rolland depuis 2013.
Le vignoble est conduit en agriculture raisonnée et les vinifications sont parcellaires.
En 2015, la superficie du vignoble est de 32 hectares. La même année, en septembre, Romain Jean-Pierre devient responsable technique du domaine et Frédéric Faye directeur du domaine.
En 2018, suite aux travaux de création du nouveau chai, un chai temporaire est construit.
En 2021, un nouveau chai de 5000 m² est mis en service fonctionnant par gravité et permettant une vinification intra-parcellaire avec l’installation de 8 cuves en bois et 32 en inox d’une capacité allant de 10 à 125 hectolitres. Montant de l’investissement : 15 millions d’euros.
Dans le même temps, la superficie du vignoble est portée à 41 hectares.
Le 8 septembre 2022, le domaine est retenu pour la première fois dans la catégorie Premiers Grands Crus Classés avec la distinction A du 7ème classement des crus classés de Saint-Emilion.
Les vins :
Rouge :
Densité moyenne de plantation : 5800 à 6000 pieds à l'hectare selon les parcelles.
Vendanges manuelles.
Élevage en fût de chêne neuf de 15 à 18 mois pour le grand vin.
Pas de grand vin dans les millésimes : 1951/1956/1963/1965/1991.
Le second vin du domaine porte le nom de : Petit-Figeac. A compter du millésime 2013.
Auparavant, il s'appelait : Grange-Neuve de Figeac † du millésime 1947 jusqu'au millésime 2012.
Un autre vin est produit : Petit-Figeac depuis le millésime 2006 qui devient à compter du millésime 2013 le second vin du domaine. Élevage en fût de deuxième année pour le second vin.