Présentation :
Propriété de 350 hectares située au sud de la commune de Sauternes à proximité du château Lamothe et du château Guiraud.
Le vignoble d'une superficie de 62 hectares (60% Sémillon, 36% Sauvignon et 4% Muscadelle) est disposé sur un sol d'argile et de sable sur socle calcaire. Il est traversé par la rivière Le Ciron et se compose de trois parcelles qui s'étale sur toute la largeur sud de la commune de Sauternes avec une exposition sud et sud-ouest.
Le nom du domaine est issu du nom de son fondateur : Jean Jacques Romain de Filhot.
Histoire :
La famille de Filhot existe au moins depuis le 15ème siècle.
Dès le 17ème siècle, Jacques Filhot (1598-1660), trésorier général de France à Bordeaux possédait à Sauternes la maison noble de Verdoulet et des terres à Quinsac au sud-est de Bordeaux.
Dans la première moitié du 17ème siècle (entre 1630 et 1650), un vignoble est créé sur les terres qui deviendront ultérieurement le château Filhot.
En 1709, Jean Jacques Romain de Filhot (1673-1743), conseiller au Parlement de Bordeaux à compter de 1707 et trésorier de France, fait construire le château de Filhot sur les terres familialles.
Après son décès en 1743, c’est Jean François Xavier de Filhot (1717-1769), conseiller au Parlement de Bordeaux de 1738 à 1769, qui hérite du domaine. Il est l’époux depuis le 13 juin 1740 de Madeleine de Basterot, fille de Barthélémy de Basterot (1680-1751), conseiller au parlement de Bordeaux.
En 1754, la production du domaine atteint les 100 tonneaux de vin (900 hl).
En 1769, c'est Gabriel Barthélémy Romain de Filhot (1746-1794), conseiller au Parlement de Bordeaux de 1769 à 1789 puis premier président de la seconde chambre des enquêtes du dit parlement, qui prend la tête du domaine.
Les différents membres de la famille de Filhot vont développer la viticulture dans le domaine et à la fin du 18ème siècle, le vin de Filhot se vendra à des tarifs similaires à ceux du château d'Yquem. Thomas Jefferson classant le château Filhot parmi les meilleurs crus de Sauternes.
En 1788, Gabriel Barthélémy Romain de Filhot rachète le domaine de Coutet à Pierre de Pichard.
Lors de la période pour le moins mouvementée de la Révolution française, Monsieur de Filhot devra s'acquitter de 350000 livres de taxes en tant que propriétaire d'un domaine à Sauternes. Il sera finalement guillotiné le 10 juillet 1794.
On peut supposer que les différents domaines furent confisqués comme Bien national (même s'il n'y a aucune trace), puisqu'une partie du vignoble de château Coutet sera racheté par le chevalier de Védrines, propriétaire du château Védrines et futur château Doisy-Védrines.
Le 12 septembre 1807, Marie Geneviève Françoise de Filhot (1790-1815), unique héritière de Gabriel Barthélémy Romain de Filhot, épouse Antoine Marie Henri Amédée de Lur-Saluces (1786-1823). Celui-ci, au mieux avec avec le pouvoir napoléonien de l'époque (il était Colonel-Chambellan de Napoléon Ier en 1810) permit à sa femme de pouvoir récupérer le domaine de Filhot en 1810.
Antoine de Lur-Saluces et Thérèse Filhot se retrouvent alors propriétaires de château Coutet, château Filhot, château de Malle et château d'Yquem (plus château de Fargues et château Piada).
Après le décès en 1815 de Marie Geneviève Françoise Joséphine Thérèse de Filhot, le domaine entre dans la famille de Lur-Saluces pour plus d'un siècle.
En 1823, Antoine Marie Henri Amédée de Lur-Saluces décède en exil et Joséphine de Lur-Saluces va continuer d'administrer le domaine jusqu'à ce que Romain Bertrand de Lur-Saluces (1810-1867) en prenne la tête vers 1831.
En 1835, la superficie du vignoble est de 100 hectares.
En 1840, Romain-Bertrand de Lur-Saluces rachète le domaine voisin de la famille de Pineau du Rey situé à l'ouest de château Filhot ce qui va porter la superficie du vignoble de la propriété à 120 hectares. Ce domaine qui avait été acheté au 17ème siècle par un négociant bordelais du nom de Pineau à une vieille famille noble nommée de Durey (dont le nom a évolué en Du Roy de Suduiraut) était une maison noble dont il ne reste plus qu'un pigeonnier, transformé au 19ème siècle en basse-cour puis au 20ème siècle en chais du château Filhot.
En 1845, le château est rénové par l'architecte Alexandre Poitevin (1782-1859), élève de Victor Louis, par l’ajout de deux ailes et la création d'un parc à l'anglaise conçu par le jardinier paysagiste Fischer. Le château devient alors la résidence d'été de la famille de Lur-Saluces.
Le vin du domaine est alors commercialisé de 1850 à 1900 sous le nom de « château Sauternes » ou « Vin de Sauternes ». Ce n'est qu'à compter du millésime 1901 que le nom de Filhot reviendra.
Le 18 avril 1855, le domaine est classé parmi les deuxièmes crus des vins blancs de la Gironde sous le nom de château Filhot même si la marque de commercialisation est château de Sauternes.
En 1867, au décès de Romain-Bertrand de Lur-Saluces, le domaine est transmis à Amédée de Lur-Saluces (1839-1894), député, qui va affronter le crise du phylloxéra.
A compter de 1879, le phylloxéra apparaît dans le Sauternais. Le vignoble du domaine ne sera intégralement replanté avec des porte-greffes américains qu'au début du 20ème siècle mais la superficie totale de celui-ci ne cessera de diminuer car le vignoble du château d'Yquem sera favorisé au détriment de celui du château Filhot.
Après le décès d'Amédée de Lur-Saluces, celui-ci n'ayant pas d'enfant, le domaine va être repris par son frère cadet Eugène de Lur-Saluces (1852-1922).
A la fin de la première guerre mondiale, Bertrand de Lur-Saluces (1888-1968) prend la direction du domaine. Le vignoble ne possède plus alors qu'une trentaine d'hectares de superficie. Il commence par réhabilité les installations viticoles abandonnées depuis la crise du phylloxéra.
Bertrand de Lur-Saluces sera durant 40 ans le président du syndicat viticole de la région de Sauternes et Barsac et participera activement à l'élaboration de l'AOC Sauternes.
En 1922, vu les conditions économiques de l'époque, Bertrand de Lur-Saluces vend le château Coutet à la société immobilière des grands crus de France, propriétaire à l'époque de nombreuses autres propriétés bordelaises : Branaire Ducru, Brane Cantenac, Lagrange...
En 1935, la superficie du vignoble est tombée à 20 hectares. la comtesse Thérèse Lacase Durieu de Lacarelle, née Lur-Saluces (1884-1976) et épouse de Etienne Durieu de Lacarelle, sœur de Bertrand de Lur-Saluces (1888-1968) rachète le vignoble de son frère et c'est l'un de ces fils, Louis Durieu de Lacarelle (1925-2013), époux de Paule Cardon de Garsignies, qui va restaurer et agrandir le vignoble.
Dès 1955, le vignoble atteint une superficie de 63 hectares pour un domaine d'une superficie de 350 hectares.
En 1972, c'est le comte Henri de Vaucelles (1937-2014), neveu de la comtesse Durieu de Lacarelle, qui prend la direction de la propriété.
En 1986, la superficie du vignoble est de 60 hectares.
En 1990, le domaine produit pour la première fois une crème de tête.
En 1995, les chais ont été entièrement rénovés avec utilisation de barriques neuves, cuves inox, pressoirs pneumatiques.
A compter de 1996, Gabriel de Vaucelles participe à la gestion du domaine.
A partir du millésime 1999, c'est Gabriel de Vaucelles qui assure les vinifications.
En 2011, Kenzo Takada (1939- ), styliste (Kenzo) dessine en édition limitée une nouvelle étiquette et un coffret assorti pour le millésime 2005.
Les vins :
Densité moyenne de plantation : 6000 pieds/hectare (inférieur au décret d'appellation ?).
Production moyenne : 750 hl/an.
Les fermentations s’effectuent en cuve de petits formats à basse température (19 à 21 °C).
Élevage en fût de chêne (1/3 neuf).
Blanc liquoreux :
En 1990, le domaine a produit une crème de tête.
Le second vin du domaine porte le nom de : Château Pineau du Rey.