Présentation :
Propriété de 80 hectares située au nord-est de la commune d'Arsac, à proximité du château Brane-Cantenac, du château Cantenac Brown, du château Giscours et du château Monbrison.
Le vignoble de 52 hectares d'un seul tenant (45 % Cabernet-sauvignon, 30 % Merlot, 20 % Cabernet franc, 5 % Petit verdot) est installé sur un sol de graves sur socle calcaire sur une croupe au point culminant de la commune de Margaux (20 mètres d'altitude).
Le terme de Tertre désigne une petite proéminence isolée, généralement à sommet plat.
Histoire :
Ce domaine est issu de la seigneurie d'Arsac, seigneurie remontant au moins au 12ème siècle avec Pierre 1er d'Arsac (1150-?).
La seigneurie d'Arsac reste dans cette famille jusqu'au 16ème siècle lorsque la dynastie des Arsac s'éteint avec le mariage des deux dernières descendantes de la famille, filles de Jean d'Arsac, Marguerite et Jacquette d'Arsac. Elles épousent respectivement Etienne de la Boétie (1530-1563) et Thomas Eyquem de Montaigne (1537-1597), seigneur de Beauregard, de Castera, de Lilhan et de Loyrac, frère de Michel Eyquem de Montaigne, qui prend le titre de seigneur d'Arsac.
La fille de Thomas Eyquem de Montaigne, Antoinette Eyquem de Montaigne épouse Gabriel d'Arrerac, avocat au Parlement de Bordeaux puis trésorier général de Guyenne et lui apporte la seigneurie d'Arsac.
Après le décès d’Antoinette Eyquem de Montaigne, Gabriel d’Arrérac se remarie avec Catherine du Noyer.
De ce mariage va naître Jean d'Arrerac qui dès 1626 est écuyer et seigneur d'Arsac. Celui-ci épouse Marie d'Alesme.
Le 16 mars 1666, Gabriel d’Arrérac, baron d’Arsac, concède un bail à fief (concession de terres moyennant une redevance) à Philippe Lafon au lieu dit du Tertre.
Le 24 juillet 1672, Jeanne Beussaq, veuve de Pierre Lafon, rend hommage à Gabriel d’Arrérac.
Le 22 octobre 1682, Philippe Lafon vend le domaine du Tertre au curé d’Arsac, Jean Dastugue.
Le fils unique de Gabriel d’Arrérac et de Marie d’Alesme, Henri d'Arrérac, baron d'Arsac (?-1732) épouse Marie de Combabessouze le 6 juillet 1688.
Dès le 1er avril 1691, il est qualifié de baron d'Arsac et il est jurat de Bordeaux en 1703.
De ce mariage naît un seul enfant, Catherine d'Arrerac d'Arsac qui épousera le 14 novembre 1706 Joseph de Ségur Cabanac (1684-1755).
le 18 septembre 1724, Pierre Mitchell (1687-1740), propriétaire de la première verrerie du Bordelais puis armateur, achète aux héritiers du curé d’Arsac, le domaine du Tertre qui se compose de deux maisons, un moulin à eau, des terres labourables, des bois, landes et vignes situés sur une partie de la seigneurie d'Arsac pour la somme de 12000 livres.
Il agrandit progressivement sa propriété par de petits achats successifs que son épouse continuera après son décès (25 actes notariés entre 1724 et 1749).
En 1736, débute les travaux de construction du château du Tertre sous la conduite de l'architecte Etienne Buissière de Bordeaux. Le château est construit au point culminant d'une croupe de graves (24 mètres d'altitude). Le domaine possède alors un vignoble de 5 hectares et 6 hectares de terres labourables.
Après le décès de Pierre Mitchell, c'est sa femme, Jeanne, née Hicky, puis son fils François-Patrice Mitchell (1732-1792) qui prennent la direction du domaine.
Le 27 juin 1782, le domaine du Tertre est vendu à maître Joseph Guy, notaire à Bordeaux pour la somme de 135000 livres.
Après la Révolution française, en octobre 1809, la veuve de maître Joseph Guy vend le domaine à Pierre Conil de Cluzeau, avocat au parlement et époux de Marguerite du Cheyron de Beaumont pour la somme de 78794 francs.
En 1821, Bernard de Brezets (1783-1838), maire d’Arsac, achète le domaine qu’il cède à son épouse depuis le 5 juin 1819 Marthe Françoise Dufresne (1801-?).
En 1842, pour faire face aux dettes des époux de Brezets envers Marie Catherine Antoinette de Sentout (1785-1856), épouse de Gabriel Louis George Ferrière (1766-1841?), le domaine du Tertre est vendu au négociant Charles-Hugues Henry de Vallandé (1803-1868?), conseiller de la Cour impériale de Bordeaux.
Celui-ci est toujours le propriétaire du château du Tertre lors du classement de 1855 dans la catégorie cinquième cru classé. Le vignoble possède alors une superficie de 32 hectares et les délimitations de la propriété de l'époque sont identiques à maintenant.
En 1869, Albert-Henry de Valandé hérite du domaine.
En 1870, Henri Koenigswarter (1819-1876), chargé d'affaires du duc de Saxe-Cobourg-Gotha, rachète le domaine. Celui-ci possède alors une superficie de 125 hectares et un vignoble de 50 hectares.
Des travaux de rénovation sont effectués avec la construction d’un cuvier à étage et de logements pour les ouvriers du domaine.
Après le décès en 1876 de Henri Koenigswarter, sa veuve prend la direction du domaine.
Le domaine va alors connaître le même sort que les autres domaines bordelais avec la crise du phylloxéra, de l'oïdium et la première guerre mondiale.
Je n'ai pas réussi à trouver si le domaine avait été saisi à l'occasion de la première guerre mondiale comme bien allemand, mais, après la guerre, en 1920, la société Bernheim frères & Fils, société immobilière, achète le domaine. Elle ne gardera la propriété que quelques années.
En 1929, Achille de Wilde est le nouveau propriétaire, acheteur de château Ripeau en 1943.
Celui-ci reste le propriétaire durant la seconde guerre mondiale. Le domaine possède alors une superficie de 125 hectares pour un vignoble de 50 hectares.
En 1948, la société civile du château du Tertre est constituée.
En 1961, Philippe Capbern-Gasqueton (?-1995), administrateur de Calon-Ségur, rachète le domaine.
Celui-ci va replanter le vignoble et rénover les chais.
En 1988, David Fennely devient le maître de chai du domaine.
En 1997, suite au décès de Philippe Capbern-Gasqueton en 1995, Eric Albada Jelgersma, actionnaire néerlandais du groupe de distribution Laurus et propriétaire de la société d'exploitation du château Giscours, rachète le domaine à Denise Capbern-Gasqueton (1924-2011) qui conserve le château Capbern-Gasqueton et le château Calon-Ségur.
Il va engager une nouvelle restructuration des chais, la rénovation du château qui n'était pas occupé auparavant par la famille Capbern-Gasqueton avec la construction d’une aile supplémentaire et la construction d’une orangerie en 1999. Le vignoble est restructuré avec un programme de replantation de 2 à 2,5 hectares par an et une augmentation progressive de la densité de plantation de 6200 à 10000 pieds par hectare.
En 1998, Jacques Pelissier, ex-régisseur de château Cos d'Estournel, devient le responsable technique du château du Tertre et du château Giscours.
En 2008,le domaine s’équipe de cuves tronconiques en béton de petites capacités afin d’effectuer des vinifications parcellaires.
Depuis son rachat, le domaine est dirigé par Alexander Van Beek et le responsable technique était Jacques Pélissié de 1997 à 2010.
Le directeur technique du domaine est Frédéric Ardouin depuis 2010, le maître de chai, Denis Uteau et le maître de culture : Lionel Aznar.
L'oenologue conseil du domaine est Denis Dubourdieu.
Le vignoble est conduit en biodynamie non certifiée.
En 2018, un hectare du cépage cabernet franc est replanté.
En mars 2021, le domaine est revendu par la famille Albada Jelgersma à la CNP, société d’assurances, qui confie l’exploitation du domaine à la famille Helfrich (Les Grands Chais de France et propriétaire du château Bastor-Lamontagne).
Les vins :
Rouge :
Densité moyenne de plantation : 8300 pieds à l'hectare (6500 à 9100 pieds/hectare selon les parcelles).
Elevage en fût de chêne de 15 à 17 mois (50 % neuf).
Rendement moyen : 35 à 45 hl/ha.
Le second vin du domaine porte le nom de : Les Hauts du Tertre.