Château Calon-Ségur

Présentation :
Domaine de 80 hectares le plus septentrional des crus classés du Médoc situé au nord-ouest de la commune de Saint-Estèphe.
Le vignoble de 55 hectares (50 % Cabernet-sauvignon, 35 % Merlot, 10 % Cabernet franc, 5 % Petit verdot) entoure le château et est disposé sur un sol de graves argileuses, sableuses et ferrugineuses sur un socle marno-calcaire qui domine les marais de Calon.
Particularité, le vignoble est ceinturé d'un mur comme les clos bourguignons.
Le nom du domaine vient de l'ancien nom de la commune : Calones. Ce nom de calones désignait autrefois les chaloupes destinées à transporter du bois dans l'estuaire de la Gironde et jusqu'au 18ème siècle la commune de Saint-Estèphe portait le nom de Saint-Estèphe de Calon. Ségur étant le nom du seigneur qui en prit possession au 17ème siècle.

Histoire :
La maison noble de Calon était autrefois vassale de la seigneurie de Lesparre et la commune de Saint-Estèphe en était le fief principal et ce dès au moins 1157 (année ou un évêque du nom de Monseigneur de Calon était évêque de Poitiers).
En 1331, la maison noble de Calon est dirigé par un Mossem (Monsieur) Gombaud, cadet de la maison de Lesparre et vassal de Sénébrun de Lesparre.
Le 10 juin 1362, Florimond de Lesparre rappelle, à la demande de Salhida de Calon, épouse de Raymond de Pommiès, le droit au seigneur de Calon de conduire la monture de la dame de Lesparre, la première fois que celle-ci se rendait dans la ville de Saint-Estèphe après son mariage.
En octobre 1382, Gombaud de Pommiés est seigneur de Mauvesin et de Calon, il est le fils d'Assalide, héritière de la maison noble de Calon.
Apparemment, la maison noble de Calon reste dans la famille de Pommiés jusqu'au 14 juillet 1481 et le mariage du fils de Bertrandon de Lur (1409-1468?), Jean de Lur, seigneur de Calon et de Podensac, conseiller et chambellan du roi avec Létice de Pommiès, fille de Gombaud de Pommiès.
Le 10 juillet 1497, Jacquette de Lur, fille de Jean de Lur, épouse Pierre de Marsan, écuyer, coseigneur de Roquefort et celui-ci devient seigneur de Calon le 5 août 1511.
En 1530, Jehan de Marsan, fils de Pierre, vend la maison noble de Calon et de Sémignan à Pierre de Valier, avocat au Parlement de Bordeaux. Celui-ci sera seigneur de la Mothe de Parempuyre et des maisons nobles de Calon et Semignac, en Médoc, de Talence et de la Peyrine.
La maison noble est ensuite transmise par héritage à Joseph de Vallier, seigneur de Calon et conseiller au Parlement de Bordeaux.
En 1587, Esther de Vallier, fille de Joseph de Vallier, épousera Jean de Gascq, trésorier de France et intendant de Guyenne. Elle apportera en dot la maison noble de Calon.
La propriété restera dans la famille de Gascq jusqu'à Jeanne de Gascq (?-1704), veuve de Joseph Saubat de Pommiers, qui apportera le domaine de Calon (avec celui de Latour) à son second époux, Jacques de Ségur des Francs (?-1691), lors de son mariage le 27 septembre ou le 7 octobre 1670.
En 1716, le petit fils de Jeanne de Gascq et de Jacques de Ségur, Nicolas-Alexandre de Ségur des Francs (1697-1755), président à mortier au Parlement de Bordeaux surnommé le prince des vignes est à la tête des domaines de Calon, Lafite et Latour.
C'est pour cette raison qu'il sera surnommé le prince des vignes.
La phrase que l'on peut retenir de celui-ci, si elle est vrai est : « Je fais du vin à Lafite et à Latour, mais mon cœur est à Calon ». Cette phrase expliquant le cœur qui entoure, entre autre, l'étiquette du cru. Nicolas-Alexandre de Ségur des Francs ajoutera son nom au domaine qui deviendra ainsi château Calon-Ségur.
Il cédera avant sa mort, sans doute vers 1742, le domaine à son neveu, Alexandre de Ségur des Francs (1718-1773). C'est également à cette époque que débute les travaux de construction du château.
En 1745, le prix de vente des vins de ce domaine était de 800 à 1000 livres selon Wilhem Franck dans la première édition de son traité sur les vins du Médoc et les autres vins rouges et blancs (1824).
En 1776, le courtier en vin Labadie, chargé par l'intendant de Guyenne, Dupré de Saint-Maur d'établir une classification des domaines viticoles classe Calon premier cru de la commune de Saint-Estèphe avec un prix de vente de 500 à 600 livres le tonneau.
Le domaine restera dans la famille de Ségur jusqu'au 6 mars 1778, date de sa vente sur adjudication par Nicolas Marie Alexandre de Ségur (1697-1755) à Étienne Théodore Dumoulin pour la somme de 300500 francs afin de payer les dettes contractées par son père Alexandre de Ségur des Francs.
Étienne Théodore Dumoulin n'apporta aucune grande transformation jusqu'à sa mort le 2 mai 1808.
Son fils, Étienne Théodore Dumoulin (mêmes prénoms que son père) hérite du domaine après une longue procédure juridique avec son frère (Charles) et sa sœur. Il décide de planter de la vigne sur la lande de l'Escargeon à partir de 1815 et donnera ainsi naissance au château Montrose.
Le 11 avril 1824, Etienne Théodore Dumoulin revend le château Calon-Ségur à M. Firmin de Lestapis (1786-1866), négociant bordelais de la maison Lestapis fondée en 1808 avec ses frères Pierre Sévère (1784-1862) gérant du château Brane-Mouton (futur Mouton-Rothschild) à compter du millésime 1831 et l'armateur Adrien Pierre (1780-1852), pour la somme de 600000 francs. Etienne Théodore Dumoulin conserve le château Montrose.
Le vignoble de château Calon-Ségur possède alors une superficie de 55 hectares.
En 1855, le château Calon-Ségur est classé Troisième cru classé du Médoc.
Après le décès de Firmin de Lestapis en 1866, ses héritiers (7 enfants) conservent la propriété en indivision et doivent affronter la crise de l'oïdium et du phylloxéra.
En 1894, la famille Lestapis cède la propriété pour la somme de 500000 francs à Georges Capbern-Gasqueton (1857-1922) et son oncle Charles Hanappier (1835-1913).
Après le décès de Georges Capbern-Gasqueton le 14 mars 1922, son fils Édouard (1892-1962) reprend la direction du domaine.
Le 31 janvier 1931, Édouard Capbern-Gasqueton épouse Éliane Hanappier (1895-1978) qui sera copropriétaire du château Couhins à Villenave d’Ornon à compter de 1933.
En 1941, le domaine est la propriété de Maurice Peyrelongue et d’Édouard Gasqueton. La superficie du vignoble est alors de 60 hectares.
En 1945 et jusqu’à sa mort, Édouard Gasqueton est maire de Saint-Estèphe.
A partir de 1962, Philippe Capbern-Gasqueton (1921-1995) dirige le domaine ainsi que le château Capbern-Gasqueton et le château du Tertre (acheté en 1961).
Depuis 1974, le cuvier est doté de cuve en acier émaillé.
En 1984, un nouveau chai d'élevage pour les vins de première et de deuxième année est construit.
En 1997, l’épouse de Philippe Capbern-Gasqueton, Denise Capbern-Gasqueton (1924-2011), vend à Eric Albada Jelgersma, le château du Tertre. Elle prend la direction des domaines de Calon-Ségur et de Capbern-Gasqueton jusqu'à son décès.
En 1999, l’œnologue conseil du domaine est Pascal Ribéreau-Gayon.
En 2006, Vincent Millet, auparavant responsable de la recherche et du développement à château Margaux, devient le responsable du domaine.
En 2011, succède à Denise Capbern-Gasqueton sa fille, Hélène Capbern-Gasqueton, vicomtesse Alain de Baritault du Carpia (ancien propriétaire du Château Mauvesin devenu Château Mauvesin-Barton à Moulis, revendu en août 2011 à la famille Barton du château Léoville-Barton) qui a repris la direction des deux domaines.
Le 3 juillet 2012, le Crédit Mutuel Arkea, (Crédit mutuel de Bretagne, du Massif central et du Sud-Ouest) via Suravenir, sa filiale d'assurance-vie (95 %) en association avec le groupe VIDELOT de Jean-François Moueix (5%), annonce le rachat du château Calon-Ségur et du château Capbern-Gasqueton à leurs propriétaires : le vicomte et la vicomtesse Alain de Baritault du Carpia et leurs nièces mesdames Agnès Florisoone et Sophie de Mascarel de la Corbière pour une somme aux alentours de 173 millions d'euros.
En mars 2013, Laurent Dufau, auparavant directeur général de la maison de négoce Balande & Méneret, prend la direction du domaine tandis que Vincent Millet en conserv Château Couhinse la responsabilité technique.
Eric Boissenot est l'oenologue conseil du domaine.
En janvier 2014, un plan d'investissement de 25 millions d'euros (30 millions finalement) est annoncé. Au programme :
-Restructuration du vignoble par l'arrachage de plants de vigne Merlot pour être remplacé par du Cabernet-sauvignon ( porté jusqu’à 70 % du vignoble) et augmentation de la densité moyenne de plantation à 10000 pieds/hectare. Cela devrait durer jusqu'en 2028 à raison de 2 à 4 hectares par année.
- Création d'un nouveau chai de vinification permettant une vinification parcellaire et intra-parcellaire grâce à 70 cuves en inox de 25 à 120 hectolitres à la place de l'ancien pour le millésime 2016.
- Création d'un nouveau chai à barriques en 2017 pouvant recevoir 1100 barriques.
- Rénovation du château, des bureaux et création d'une salle de dégustation, fin prévue des travaux : 2018. Ces travaux sont menés par l’architecte Alain de la Ville.

Les vins :
Densité moyenne de plantation : 8000 pieds à l'hectare.
Vendanges manuelles.
Production moyenne annuelle : 1950 hl/an (600 hl pour le grand vin, 900 hl pour le second vin).

Rouge :
Élevage de 18 à 20 mois en fût de chêne (100 % neuf) pour le grand vin.
Le second vin du domaine se nomme : Marquis de Calon.
Élevage de 17 mois en fût de chêne (30 % neuf).
Un troisième vin existe : Saint-Estèphe de Calon Ségur.
S'appelait du millésime 1999 au millésime 2013 : Chapelle de Calon.