.: ABC du Vin :.
Appellations et Crus classés
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Château Carbonnieux

Catégorie de l'appellation
Classement Cru Classé de Graves
Date du classement 16/02/1959
Carte
Caractéristiques géographiques
Pays France
Région Bordelais
Sous-région Graves
Commune(s)
  • Léognan.

Sol Calcaire, graves, sable
Superficie (ha) 42
Climat Océanique
Couleurs et cépages
Couleur(s) Blanc / rouge
Encépagement Sauvignon, Sémillon, Cabernet-sauvignon, Merlot, Cabernet franc, Malbec (ou Côt), Petit verdot
Production (hl)
Dégustation
Type de vin
Température de service
Garde potentielle
Autres informations
Appellation(s) rattachée(s) Graves, Pessac-Léognan
Appellation(s) de repli(s)
Site internet Site de la propriété ou du propriétaire
Caractéristiques
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Présentation :
Le domaine se situe à une dizaine de kilomètres au sud de Bordeaux à cheval sur les communes de Cadaujac et de Léognan et à proximité de la Garonne et des Châteaux Haut-Bailly et Smith Haut-Lafitte.
La propriété d'environ 200 hectares dispose d'un vignoble divisé en 119 parcelles et installé sur une croupe de graves mêlées d'argile pour les vins rouges (50 hectares : 60 % Cabernet-sauvignon, 30 % Merlot, 7 % Cabernet franc, 5 % Petit verdot) et sur une pente argilo-calcaire recouverte de graves pour le vignoble blanc (42 hectares : 65 % Sauvignon, 35 % Sémillon). L’altitude du vignoble est comprise entre 20 et 40 mètres.
Le nom du domaine a pour origine le nom du lieu au 13ème siècle : Carbonius.

Histoire :
En 1234, il y eut un Ramon Carbonnieux.
Le vignoble de Carbonnieux est très ancien puisque dès le 2 avril 1292, le poissonnier et le cellérier de l'abbaye bénédictine de Sainte-Croix parlent de biens hérités d'un parent au lieu-dit Carbonius où les moines bénédictins avaient plantés ou agrandi des vignes. Cette abbaye fut également propriétaire du Château Dauzac.
En 1332, un nommé Jean Carbonnieux de Pessac est condamné par la Cour de l'official de Bordeaux.
En 1362, Jean Carbonnieux fait don de ce terrain à l'abbaye bénédictine de Sainte-Croix.
Vers 1380, les travaux de construction du château débutent et le terrain sera exploité ensuite par les Hospices de Bordeaux dès 1424.
Après la guerre de cent ans (1337-1453), Jean Dupuyau dit Passerage, apothicaire à Bordeaux est le propriétaire de la seigneurie de Carbonnieux au moins dès 1481. Celui-ci va agrandir son domaine de plusieurs parcelles de terre situées à proximité avec notamment en juin 1493 l'achat de la maison noble de l'houstau de Gaillarde Dubosc.
En 1519, Sa veuve, Guillemette Laveau, cède le cournau de Carbonnieux à Jean de Ferron (1475-?).
Jean de Ferron va alors commencer à agrandir son domaine, par achat et échanges de terres situées à proximité de son domaine.
Après le décès vers 1540 de Jean de Ferron, son fils, Charles (1505-1582) devient seigneur de Carbonnieux. Il est également seigneur de Paludate. Il épouse le 27 janvier 1542, Jeanne de Gibault et affronte la révolte de la gabelle en 1548 qui se traduisit par le pillage et le saccage de la maison de Carbonnieux.
Après le décès de Charles de Ferron, Asdrubal de Ferron, avocat et seul représentant mâle de la famille, hérite de la seigneurie de Carbonnieux et épouse le 25 mai 1584 Suzanne de Nesmond. Asdrubal de Ferron va développer son domaine par une politique intensive d'achat et d'échange de pièces de vigne entre 1588 et 1599.
En 1593, il achète la maison noble de Tardes à Saint-Macaire. Il est également seigneur de Saint-Genès de Meyre à Avensan depuis au moins le 26 décembre 1601.
Le 13 mars 1605, Asdrubal de Ferron achète la paroisse de Saint-Aubin de Médoc et la moitié de la paroisse de Saint-Médard en Jalles.
Le 19 janvier 1610, François de Ferron (1585-1629), conseiller au parlement de Bordeaux et fils aîné d'Asdrubal de Ferron, épouse Marguerite de Martin (?-1673), fille de Pierre de Martin, receveur général des finances de Guyenne. En cadeau de mariage, François de Ferron reçoit les maisons nobles de Carbonnieux et de Saint-Genès de Meyre. C'est probablement à cette époque qu'Asdrubal de Ferron fait construire le château actuel sur les ruines du précédent. Ce nouveau château se compose de quatre pavillons autour d'une cour centrale et de deux tourelles. Les travaux de construction s'achèveront vers 1640. Asdrubal de Ferron était encore vivant en 1643.
Au cours du 17ème siècle, un système de canaux est créé afin de permettre le drainage du vignoble vers les ruisseaux de l'Eau-Blanche et de Bourran.
Après le décès en 1629, de François de Ferron, son épouse Marguerite de Martin reçoit l'usufruit du cournau de Carbonnieux et en 1650, Charles Asdrubal de Ferron (1614-?) laisse à sa mère la seigneurie.
Le domaine est ravagé durant la Fronde par les troupes de Jean Louis de Nogaret de La Valette (1554-1642), plus connu sous le nom de duc d'Epernon.
En 1673, après le décès de Marguerite de Ferron, le domaine et le titre sont hérités par François de Ferron (?-1710), frère de Charles Asdrubal. Celui-ci épouse le 8 juillet 1673, Mathurine Desnanot qu'il répudiera en 1696.
Après son décès en 1710, le domaine est hérité par son fils, François également (1674-1734), qui épouse le 16 juin 1711 Louise-Marie du Sault (1691-1770), fille d'un assesseur au présidial de Saintes à qui il va emprunter d'importantes sommes d'argent.
Dès le décès de François de Ferron en 1734, Louise-Marie du Sault devient l'usufruitière du domaine et elle sera assistée par son fils aîné Charles (1713-?) pour la gestion de Carbonnieux. Elle devra faire face aux nombreuses dettes laissées par son mari.
Le 17 juin 1736, Louise-Marie du Sault passe un contrat de fermage avec des négociants de la paroisse de Sainte-Eulalie de Bordeaux, les frères François et Louis Loppes de Pas. A cette époque, le vignoble représente une superficie d'une trentaine d'hectares.
Le 18 mars 1740, Charles de Ferron, dernier seigneur de Carbonnieux est contraint de vendre la propriété aux moines bénédictins de Sainte-Croix de Bordeaux, avant de s'exiler clandestinement vers Saint-Domingue. Le montant de la vente est de 120000 livres dont 89000 livres servent à rembourser les dettes de sa famille. Le domaine possède alors une superficie de 115 hectares (340 journaux) avec un château et de son domaine d’un seul tenant d’une superficie de 98 hectares, un enclos entouré de murs d’environ 9,6 hectares, de trois métairies et d’un vignoble. Le tout étant complètement en ruine.
La prise de contrôle du domaine par les moines va permettre au domaine de connaître son apogée.
Ils vont d'abord remembré le domaine notamment en achetant, échangeant et vendant des droits et des parcelles avec les propriétaires voisins dont notamment les moines chartreux du domaine de la Louvière.
Une fois ces opérations effectuées, le domaine est remis en ordre sous la direction de Dom Secousse, régisseur, et se spécialise dans la production de vins.
Vers 1750, la superficie du vignoble atteint une cinquantaine d'hectares et la production de vins se réparti entre vins blancs et vins rouges.
Les moines vont agrandir le domaine et porter sa superficie totale de 115 hectares à 175 hectares.
En 1776, le courtier Labadie dans sa nomenclature des vins de la Guyenne à l'attention de Dupré de Saint-Maur, intendant général, classe le domaine Carbonnieux aux Bénédictins au premier rang des communes de Gradignan et Léognan avec une valeur de 800 livres le tonneau de vin blanc.
Les vins blancs du domaine vont alors connaître la renommée et seront considérés à l'égal des plus grands vins rouges de Graves (Haut-Brion).
En 1786, Thomas Jefferson (1743-1826), futur troisième président des États-Unis visitera le domaine.
A la Révolution française, la propriété est confisquée et vendue aux enchères comme Bien national pour la somme de 366000 livres le 24 janvier 1791 à Élisabeth Baudoin des Marattes (1756-?) épouse depuis le 25 mai 1773 d’Élie de Bouchereau (?-1813). Celui-ci est juriste de formation et a fait fortune avec son frère François aux Antilles. Le domaine atteint alors la superficie de 137 hectares pour un vignoble approchant les 70 hectares.
Après le décès le 9 avril 1813 d’Élie de Bouchereau, la gestion du domaine est reprise par Jean-Baptiste (1787-1876) et Henry-Xavier de Bouchereau (1799-1871).
Entre 1820 et 1856, le domaine va connaître de nouvelles opérations de remembrements par achats, ventes ou échanges de parcelles.
A cette époque, une expérience de culture du coton est tentée ainsi que de mûriers blancs. Cette expérience réussie mais n'eut pas de suite.
En 1827, Henry-Xavier de Bouchereau commence une collection ampélographique qui atteindra en 1843 les 919 plants différents originaires de différents pays européens.
C'est dans la première moitié du 19ème siècle que serait apparue la légende apocryphe de « l'eau minérale de Carbonnieux ». Le vin de Carbonnieux aurait été expédié en Turquie à un sultan comme eau minérale revigorante avec l'étiquette « Eau minérale de Carbonnieux en Guienne » afin de contourner l'interdiction du Coran de boire de l'alcool et ce grâce à la grande clarté et limpidité des vins blancs de la propriété.
Même si les moines bénédictins exportaient leurs vins vers des pays européens voir plus lointain, notamment l'Amérique (le vin y était vendu sous le nom de vin des Odalisques). Cette « légende » n'est rapportée pour la première fois qu'en 1843 lors du Congrès des vignerons français de Bordeaux par Pierre Constant Guillory (1796-1878), alors propriétaire du vignoble de La Roche aux Moines à Savennières en Anjou.
Vers 1850, la superficie du vignoble est de 50 hectares réparti à parts égales entre cépages blancs et cépages rouges (dont 12,5 hectares pour le Cabernet-sauvignon). La propriété disposant de sa propre tonnellerie et continuant de pratiquer la polyculture avec la présence d'un élevage laitier (production de fumures) et une production céréalière (blé, seigle).
Vers 1845, pour la première fois, le domaine est désigné sous le nom de château Carbonnieux.
Le 24 avril 1871, Pierre Aimé Mirambeau (1820-?) est nommé régisseur du domaine par Henry Xavier Bouchereau.
Le 30 mai 1871, au décès de Henry Xavier Bouchereau, le domaine possède une collection ampélographique d'origine européenne unique pour l'époque. Elle est constituée de 1242 plants différents et tombera à l'abandon suite à ce décès. La superficie du vignoble est alors d'environ 70 hectares.
Léontine Roumégoux (1833 -?), épouse de Pierre Aimé Mirambeau est désignée légataire universelle d'Henry-Xavier Bouchereau et le 22 juillet 1871 Jean-Baptiste Bouchereau adopte Pierre Aimé Mirambeau.
Au décès de Jean-Baptiste Bouchereau, le 23 février 1876, le domaine a une superficie de 178 hectares dont 54 hectares de vigne en production et 7,75 hectares en attente de plantation. Cette époque correspond au début de la crise du phylloxéra.
Le 20 mars 1878, Léontine et Pierre Aimé Mirambeau vendent le domaine à François Tranquille Allendy (1794-1885) qui a fait fortune à l'Île Maurice pour la somme de 400050 francs.
En 1885, après le décès de François Allendy, le domaine est hérité par Thérèse-Françoise Allandy (1828-?), sa fille, épouse depuis le 29 mai 1849 de Jean Isaac Mirieu de la Barre (1813- ?).
Le 24 décembre 1894, le domaine est vendu par Françoise Allendy à la société civile du château Carbonnieux pour la somme de 500000 francs. Cette société civile fut créée le jour même par messieurs Élie Ballet (1844-?), apport de 100000 francs, Edmond Mure, négociant à Surgères apportant 200000 francs et le docteur Georges Martin (1844-?), oculiste de Bordeaux apportant 200000 francs.
Après le rachat le 27 mars 1895 du domaine de Veyres à la famille De Basquiat (ce cru sera débaptisé et renommé château Duc d'Epernon avant la fin du 19ème siècle), la superficie du domaine est alors portée à près de 200 hectares, la superficie du vignoble atteignant environ 80 hectares.
Cette même année 1895, un contrat d'abonnement est conclu avec la société de négoce Schroder, Schiller et Cie pour dix millésimes.
En 1904, le contrat d'abonnement est prolongé de dix millésimes jusqu'en 1914.
En 1919, la société de négoce Ernest Doutreloux & Cie obtient le monopole de la diffusion des vins du domaine.
Le 26 juin 1920, le domaine est cédé par son dernier propriétaire, le docteur Georges Martin, à la société de négoce Ernest Doutreloux & Cie.
En 1930, Ernest Doutreloux & Cie vend le château Carbonnieux à Jean Jacques Chabrat (1904-1978), industriel de la chaussure et propriétaire de la Société civile agricole des Grandes Graves. Celui-ci est alors propriétaire du château la Tour, domaine contiguë au château Carbonnieux.
Le domaine va ensuite connaître un sort identique à beaucoup d'autres, la crise économique et la seconde guerre mondiale vont entraîner une réduction du vignoble et un délabrement du château.
En février 1956, la Société civile agricole des Grandes Graves est vendue par les deux enfants de Jean-Jacques Chabrat à Marc Perrin (1905-1982), alors propriétaire du Château Tirenat les Pins à Siddi Bel Abbès, dans la région d’Oran en Algérie. Il ne reste plus alors que 30 hectares de vignes. En reprenant le domaine, il rachète avec le château la Tour qu'il va renommer château Tour-Léognan. Celui-ci deviendra le second vin de la propriété et le domaine travaille en polyculture la vigne, les légumes et les céréales.
Le 16 février 1959, le domaine est classé en blanc et en rouge dans le nouveau classement des Crus Classés des Graves.
En 1962, la famille Perrin s'installe au domaine, Anthony Perrin (1940-2008) prend la direction du domaine et débute alors un programme de replantation du vignoble et de restauration des installations.
En 1970, la superficie du vignoble est portée à 45 hectares répartis à part égales entre cépages blancs et cépages rouges.
En 1980, la superficie du vignoble atteint 70 hectares.
En 1981, le château Le Sartre est repris avec un vignoble de 26 hectares dont 15 hectares en vigne rouge.
En 1983, un nouveau cuvier est construit, dans le même temps les chais sont rénovés.
En 1987, le Château Haut-Vigneau situé à Martillac avec son vignoble de 20 hectares est racheté par Éric Perrin.
En 1990, de nouveaux chais d'élevage souterrains sont créés et le vignoble passe en agriculture raisonnée.
En 1998, le château Bois-Martin et son vignoble de 7 hectares sont repris et intégré au vignoble du château Le Sartre.
En 1999, le vignoble blanc représente 42 hectares et le vignoble rouge : 45 hectares.
En 2005, le château Le Sartre est repris par Marie-José Leriche, sœur d’Anthony Perrin. Le château Le Sartre sera revendu en 2017 à Bernard Magrez, propriétaire, entre autre, du château Pape-Clément pour la somme de 23 millions d’euros.
En 2008, suite au décès d'Anthony Perrin,ce sont ses deux fils, Eric et Philibert qui reprennent la direction du domaine.
Le chef de culture Frédéric Magniez.
L’œnologue conseil du domaine est Denis Dubourdieu.
En 2016, la superficie du vignoble cultivé en agriculture biologique atteint 10 % pour un total de 92 hectares (42 hectares en blanc, 50 hectares en rouge) et un troisième pressoir sous gaz inerte (pour les vins blancs) est installé.

Les vins :
Densité moyenne de plantation : 7200 pieds à l'hectare.
Élevage en fût de chêne de 10 mois (25 à 30 % neuf) pour les vins blancs.
Élevage en fût de chêne de 15 à 18 mois (35 à 40 % neuf) pour les vins rouges.
Production moyenne annuelle : 2850 hl/an dont 1350 hl pour les vins blancs.
Le second vin du domaine porte le nom de : La Croix de Carbonnieux ou de Château Tour Léognan.
En blanc et en rouge.
Dernière modification: 22 Avril 2023
Éditeurs: Sylvain Torchet
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