Présentation :
Propriété de 33 hectares installée à l'est de Saint-Émilion, sur le coteau de Mondot, point culminant de Saint-Émilion (106 mètres d'altitude) et située à proximité du château Le Prieuré et du château Trottevieille, face à la côte Pavie (château Pavie notamment).
Le vignoble de 30 hectares (90 % Merlot, 5 % Cabernet-sauvignon, 5 % Cabernet franc) entourant le château est installé sur un sol argilo-calcaire, certaines parcelles possédant en plus du limon avec parfois du silex.
La superficie du vignoble est passée de 25 à 30 hectares lors des différents classements. Il s'agit d'un des plus grands vignobles de Saint-Émilion en superficie.
Le nom du domaine vient du lieu-dit : Mondot et de Raymond Troplong qui ajouta son nom après le rachat de la propriété en 1850.
Histoire :
L'histoire connue de ce domaine débute en 1745 avec l'abbé Jean de Sèze, prébendier de Saint-Émilion en 1697, propriétaire d'un domaine sur la colline de Mondot où il fait édifier un château.
Le domaine de l'Abbé de Sèze s'étend alors jusqu'à la Dordogne et englobe au moins une partie si ce n'est la totalité de la côte Pavie.
Suite au décès de l'abbé de Sèze, le domaine de l'Abbé de Sèze passe à son neveu : Jean Raymond Sempé de Sèze (1762-1802), fils de Jean de Sèze (1709-1777), avocat.
Le frère de Jean Raymond de Sèze, Raymond Romain (1748-1828) fut avocat, il était l'adjoint des maîtres Malesherbes et Tronchet à la défense de Louis XVI, puis président de la Cour de cassation à partir de 1815, pair de France et élu à l'Académie française le 22 mai 1816.
Le domaine est ensuite transmis en indivision à Marie Jenny Élisa de Sèze (1795-1859), épouse de Jean Baptiste Osmin Gérus de Laborie (?-1857) et sa sœur Marthe Paule Céphise de Sèze (1806-1826) épouse de Jean Jules Martial Troplong (1791-1875), négociant Ce qui permet d'expliquer le nom de Gérus Troplong indiqué comme propriétaire du domaine dans le Producteur de Lecoutre de Beauvais et repris dans Bordeaux, ses environs et ses vins classés par ordre de mérite de Charles Cocks en 1850 (il était coutumier d'associer deux noms de familles dans le Libournais).
Vers 1828/1830, le domaine de l'Abbé de Sèze est démantelé en plusieurs parts et vendu sans doute en raison d'un règlement de l'indivision.
La famille de Sèze restant propriétaires de parcelles de vignes sur la côte Pavie jusqu'aux années 1840 selon les notes des courtiers Tastet & Lawton.
En 1850, Raymond-Théodore Troplong (1795-1869) juriste, pair de France et président du Sénat de 1852 à 1869, va reprendre le domaine de Mondot à son beau-frère Jean Jules Martial Troplong qui avait épousé Jeanne Hélène Elisabeth Troplong après le décès de Marthe Paule Céphise de Sèze.
Raymond Troplong va agrandir le domaine en portant sa superficie à 33 hectares et rajouter son nom au domaine comme il est d'usage à cette époque. Le vignoble prend alors sa forme actuelle.
En 1869, après le décès de Raymond Troplong, sans héritier direct, sa veuve, Marie Antoinette Maria Antonia Lota (1805-1881), reste propriétaire du domaine.
Probablement dès 1869 suite au décès de Raymond Troplong, son neveu, Édouard Troplong (1840-1928), avocat, substitut du procureur impérial à Pontoise de 1865 à 1867 puis conseiller général de la Gironde de 1886 à 1892, maire de saint-Laurent des Combes de 1884 à 1898 et surtout fils de Jean Jules Martial Troplong va reprendre la direction du domaine. Il en héritera en 1881 après le décès de sa tante.
A compter de 1881, suite à la crise du phylloxéra, Édouard Troplong débute la replantation progressive du vignoble du domaine avec des vignes greffées.
En 1891, la superficie du vignoble replanté est de 22 hectares pour une surface totale de près de 28 hectares et le domaine reçoit une médaille d'or du ministère de l'agriculture.
Édouard Troplong va faire construire à la fin du 19ème siècle un nouveau chai à proximité du château.
A la fin du 19ème siècle, le château Troplong Mondot est le plus important producteur en quantité des premiers crus de Saint-Émilion à égalité avec le château Figeac (100 tonneaux).
La légende apocryphe veut que vers 1911, à la même époque que la révolte des vignerons de la Champagne, un groupe de vendangeurs du domaine ait recouvert un tapis d'Aubusson du château d’Édouard Troplong des lentilles qu'ils devaient mangé ce qui aurait provoqué sa décision de vendre le domaine.
Ce fait est peu vraisemblable car Édouard Troplong a vendu le château Troplong Mondot après la première guerre mondiale ce qui lui laissa quand même un long temps de réflexion !
Il est bien plus probable qu’Édouard Troplong, n'ayant pas d'héritier direct, décida de vendre son domaine en raison de la crise économique qui touchait le Bordelais viticole à cette époque. Crise due à la surproduction consécutive à la replantation du vignoble après la crise du phylloxéra et qui dura de 1895/1900 à 1910 au moins.
Vers 1920, le domaine est vendu à un personnage mystérieux, la veuve Lasseverie qui fut propriétaire entre 1918 et 1920 d'une douzaine de domaines du Bordelais tel que Cos Labory, Rieussec ou La Tour Figeac.
En 1921, elle revend le château Troplong Mondot à Georges Thienpont (1883-1962), négociant en vins belge (maison de négoce Hof te Cattebekede Etichove) qui achètera également en 1924 le domaine du Vieux Château Certan à Pomerol.
En 1936, Georges Thienpont devant choisir entre ses deux propriétés, sans doute à cause de la crise économique de l'époque, met en vente le château Troplong Mondot.
L'acquéreur est Alexandre Valette (?-1957) négociant parisien originaire de Saint-Ouen sur Seine et propriétaire d'un vignoble à Fronsac (château La France), il dirigera le domaine depuis Paris.
En 1943, Alexandre Valette rachète le château Pavie et reconstitue en grande partie le domaine originelle de l'Abbé de Sèze.
Le 16 juin 1955, lors de la publication du premier classement des crus de Saint-Émilion, le domaine obtient le rang de Grand cru classé. Rang qu'il conservera jusqu'au classement de 2006.
Après le décès en 1957 d'Alexandre Valette, c’est son fils Bernard Valette qui prend la direction du domaine de Troplong Mondot puis dans les années 1960, Claude Valette qui dirigera le domaine jusqu'en 1980 (le château Pavie étant repris par une autre branche de la famille Valette et plus précisément par le petit fils d'Alexandre Valette : Jean-Paul).
A compter de 1969, la mise en bouteille au domaine devient obligatoire pour l'appellation Saint-Émilion Grand cru et pour les Grands crus classés. Cette même année et jusqu'en 1976, le professeur Emile Peynaud intervient comme œnologue conseil du domaine.
En 1981, Christine Valette-Pariente (1956-2014), fille de Claude reprend la direction du domaine. A compter de ce moment, l’œnologue conseil du domaine est Michel Rolland. Les vendanges sont effectuées plus tard, les rendements diminués et en 1985, un second vin est créé.
En 1986, la superficie du vignoble est de 30 hectares.
En 1990, Xavier Pariente, décorateur et époux de Christine Valette rejoint le domaine. La même année, huit cuves inox thermorégulées supplémentaires sont installées permettant d'effectuer une vinification parcellaire.
Depuis les années 1990, suite à une analyse des sols par Claude Bourguignon, un programme permanent de replantation du vignoble maintient l'âge moyen des vignes à 35 ans tout en augmentant la part des cépages Merlot et Cabernet franc dans l'encépagement du domaine au détriment du Cabernet-sauvignon et du Malbec (le Malbec représentait 10 % de l'encépagement dans les années 1970).
En 2000, Jean-Philippe Fort du laboratoire de Michel Rolland devient l’oenologue conseil du domaine.
Au début des années 2000, Xavier Pariente prend la direction du domaine à la place de son épouse.
Le 12 décembre 2006, le domaine intègre la catégorie 1er Grand cru classé B de Saint-Émilion en compagnie du château Pavie-Macquin.
Le 29 octobre 2012, le domaine intègre, après la proposition du 6 septembre 2012 de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO), le classement officiel des crus de l'AOC Saint-Émilion Grand Cru dans la catégorie : Premier Grand Cru Classé B.
Sept hectares du vignoble sont travaillé en agriculture biologique.
Le maître de chai est Jean-Pierre Taleyson.
En mars 2014, Christine Valette-Parienté décède et en septembre 2014, Julien Delpeuch succède à Jean-Pierre Taleyson comme maître de chai.
En mars 2017, le château Mondotte Bellisle et son vignoble de 6 hectares sont rachetés.
Le 6 juillet 2017, la société de réassurance SCOR rachète le domaine à la famille Parienté (la valeur de l’achat serait de 180 millions d’euros, soit 6,1 millions d’euros l’hectare).
En septembre 2017, Aymeric de Gironde, directeur du château Cos d’Estournel prend la direction du directoire du domaine.
En novembre 2017, le Clos Labarde et son vignoble de 4,58 hectares (80 % Merlot, 15 % Cabernet franc, 5 % Cabernet-sauvignon) disposé sur un sol argilo-calcaire et mitoyen du vignoble du domaine est racheté.
En 2018 débutent les travaux d’un nouveau chai de vinification doté de 42 cuves inox gravitaires de 30 à 100 hectolitres et de deux chais d’élevage (1200 barriques) dessiné par les architectes Bernard Mazières et Audrey Pédezert. Inauguration avec le millésime 2021.
En 2018, Thomas Duclos devient l’oenologue conseil du domaine.
Le 8 septembre 2022, le domaine est retenu dans la catégorie Premiers Grands Crus Classés du 7ème classement des crus classés de Saint-Emilion.
Les vins :
Densité moyenne de plantation : 6600 pieds à l'hectare.
Vendanges manuelles.
Rendement moyen du domaine : 35 hl/ha.
Rouge :
Élevage de 18 à 24 mois en fût de chêne (85 % neuf).
Production moyenne : 900 hl/an.
Vin issu de 60% Cabernet et 40% Merlot.
Le second vin du domaine porte le nom de : Mondot.
Existe depuis le millésime 1985.
Production moyenne : 72 hL/an.
Elevage de 14 mois en fût de chêne (80 % neuf).
Autre vin : Clairet de Mondot.