Château Saint-Pierre

Présentation :
Domaine de 17 hectares situé à l'entrée de Saint-Julien Beychevelle lorsque l'on vient de Bordeaux par la départementale 2.
Le vignoble de 17 hectares (75 % Cabernet-sauvignon, 15 % Merlot, 10 % Cabernet franc) est disposé sur un sol de graves à proximité des parcelles de château Beychevelle, château Branaire-Ducru et château Gruaud-Larose.
Le nom du domaine vient d'un ancien propriétaire du 18ème siècle : le baron Jean-Baptiste de Saint-Pierre.

Histoire :
Le château Saint-Pierre n'a pas toujours porté ce nom. En effet, il existait une propriété vinicole nommée Sérançan et appartenant à la famille De Cheverry au moins dès 1693. Ce domaine était issu du démembrement de la seigneurie de Beychevelle qui donna naissance à d'autres crus à la même époque : château Branaire-Ducru, château Ducru-Beaucaillou entre autres.
Le 30 mars 1767, le baron Jean-Baptiste de Saint-Pierre (1723-1796), écuyer et propriétaire de la société de négoce Saint-Pierre & Cie, de retour des colonies achète pour la somme de 130000 livres le bourdieu de Serensan à Bessevelle (ou Serançan) à Jacques Joseph Augustin de Cheverry ( ?-1776), bourgeois de Libourne et commissaire ordinaire des guerres.
Le 27 mars 1774, Jean-Baptiste Saint-Pierre achète à Beychevelle un vignoble de palus à Jean Richard.
En 1776, Labadie, courtier en vins chargé par Nicolas Dupré de Saint-Maur (1732-1791), intendant général de Guyenne, d'établir une nomenclature des producteurs de vins par commune, classe le cru Saint-Pierre au quatrième rang de la commune de saint-Julien avec une valeur de 500 livres par tonneau. Au premier rang se trouve le domaine de Léoville avec un prix de vente de 1000 livres par tonneau.
Le 23 mai 1782, Jean-Baptiste Saint-Pierre procède à un échange de terrains avec Étienne-François de Brassieu (1725-1787), seigneur de Beychevelle.
Le 28 août 1785, il achète à Valentin Saux, brassier, un terrain et une maison à Beychevelle.
Le 29 août de la même année, il échange un palus avec Pierre Daganet (1755-1836), vigneron de Beychevelle.
En 1796, suite au décès du baron de Saint-Pierre, la propriété du château Saint-Pierre va être hérité en indivision entre les deux filles vivantes du baron : Marie Françoise Catherine Jeanne de Saint-Pierre (1755-1841) épouse depuis le 9 février 1774 de Jean Pierre Bontemps-Dubarry (1739-1825) qui sera propriétaire du Château Saint-Pierre-Bontemps † et Catherine Marguerite de Saint-Pierre (1757-1846) épouse de Jean Dubouilh (?-1832), magistrat.
Le 20 janvier 1781, Jean-Pierre Bontemps-Dubarry devient actionnaire de la société Saint-Pierre & Cie pour la somme de 26250 livres. Il est à parts égales avec Jean-Baptiste Saint-Pierre et ses deux fils Étienne et Antoine.
Le 28 avril 1783, la maison de commerce Saint-Pierre & Cie qui possédait six bateaux est déclarée en faillite.
A partir de 1784, un procès va opposer les Saint-Pierre à Jean-Pierre Bontemps-Dubarry qui s’étend au moins jusqu’en 1802.
Le 13 juin 1800, Catherine Marguerite de Saint-Pierre lègue à ses deux filles Marthe Magdelaine Delphine Dubouilh (1776-1876), épouse Roullet et Françoise Delphine Fanny Dubouilh (1779-1875), épouse Galloupeau, sa part du château Saint-Pierre. Ce n’est qu’en 1846, suite au décès de leur mère qu’elles hériteront de la moitié du château Saint-Pierre.
A compter du millésime 1830, les vins du château Saint-Pierre sont vendus auprès du négoce sous le nom de Château Bontemps-Dubarry, Château Saint-Pierre Galoupeau et Château Saint-Pierre Roulet. Ils ont alors une production équivalente : 4,5 tonneaux chacun.
Le 30 juin 1837, Marie Françoise Catherine Jeanne de Saint-Pierre fait une donation-partage à ses enfants de sa part du château Saint-Pierre entre autre.
Jusqu’au 23 décembre 1841, suite au décès de Mme de Bontemps-Dubarry, la propriété reste en indivision.
C’est le lieutenant-colonel Jean Pierre Georges Bontemps-Dubarry (1784-1865), ex-colonel du 17ème régiment de chasseur à cheval qui hérite de la part de sa mère dans le château Saint-Pierre, soit le château et une partie du vignoble.
En 1855, la propriété sera classée sous le simple nom de Saint-Pierre dans la catégorie Quatrième cru du Médoc.
Peut-être suite au classement de 1855, Jean Pierre Georges Bontemps-Dubarry rachète aux dames Galloupeau et Roullet une autre partie du domaine originel, l’ensemble prend le nom de château Saint-Pierre Bontemps-Dubarry.
Le solde du domaine est conservé par par les dames Galloupeau et Roullet.
Après le décès en 1865 du colonel Bontemps-Dubarry, sa fille Marie Françoise Wilhelmina Marguerite Bontemps-Dubarry (1836-1911), épouse de Franz Lambert Kappelhoff (1833-1894), directeur d'une société de négoce en vins : Journou frères, rachète les parts de ses frères et sœurs pour garder entier le domaine Saint-Pierre Bontemps-Dubarry.
Victorine Marie Anne Ferdinande Wilhelmine Bontemps-Dubarry (1840-1915), nièce de Jean-Pierre Georges Bontemps-Dubarry et épouse de Charles Oscar de Luetkens (1801-1875), propriétaire du château La Tour-Carnet héritera de ses tantes d’une partie du château Saint-Pierre, le solde du vignoble étant vendu à un avocat de Saint-Laurent Médoc : Jean Joseph Cayx, qui baptisera le domaine Chateau du Glana et à Monsieur Monnereau ou Mounnereau qui vendra son vin sous l'appellation Chalet Saint-Pierre.
En 1892, Victorine Marie Anne Ferdinande Wilhelmine Bontemps-Dubarry, devenue veuve, revend sa part du château Saint-Pierre à Léon Mathieu Sevaistre (1840-1909), homme politique originaire de Normandie (maire d’ Elbeuf puis député de l’Eure de 1885 à 1889) également propriétaire du château Saint-Louis du Bosq à Beychevelle (appelé auparavant cru du Bosq et divisé dans la première moitié du 19ème siècle en cru de Bedout et cru Fouquier).
Le domaine prend alors le nom de château Saint-Pierre Sevaistre.
Celui-ci va replanter le domaine en Cabernet-sauvignon et en Cabernet franc suite à la crise du phylloxéra, améliorer fortement la qualité du vin produit et être reconnu par certains courtiers de l'époque (Tastet and Lawton) au niveau d'un deuxième cru.
Dans le même temps, le chalet Saint-Pierre devient le cru Saint-Pierre-Maurenx avant d'aborder le 20ème siècle.
Léon Sevaistre meurt le 25 juin 1909 et c’est son gendre, Charles Legras (1872-1942) époux depuis le 30 novembre 1899 de Juliette Sevaistre (1874-1924) qui reprend la direction du domaine et introduira dans l'encépagement le Petit verdot.
Avant la première guerre mondiale, le cru Saint-Pierre-Maurenx devient Cru Saintout-Saint-Julien et Cru Saint-Pierre-Monnereau.
En 1922, Charles Legras vend le domaine à Pierre et Charles, Félicien, François, Marie, Joseph van den Bussche (1876-1958), originaire d'Anvers et négociant en vins (Vanden Bussche & Fils).
En l'absence de chais, ils vont utiliser le château Saint-Louis du Bosq et ses chais pour la production du château Saint-Pierre Sevaistre.
En 1923, Pierre et Charles Van den Bussche rachètent au fils de Franz Lambert Kappelhoff, Ivan (1865-1942) une grande partie du vignoble de Saint-Pierre Bontemps-Dubarry.
Ivan Kappelhoff conserve le château et quelques parcelles de vignes. Ce vignoble sera classé Cru Bourgeois Supérieur en 1932 lors de la création du classement des crus bourgeois sous le nom de Château Bontemps-Dubarry †.
Alfred Martin, maître de chai du domaine Saint-Pierre-Bontemps rachète dans le même temps quelques vignes du domaine à Ivan Kappelhoff, qu'il nomme Clos du vieux pressoir (nom utilisé auparavant pour le vin produit à partir des vignes non utilisées pour le grand vin), production d'environ une dizaine de tonneaux chaque année.
A cette époque, il n'y a aucun changement pour les crus Saintout-Saint-Julien et Saint-Pierre-Monnereau.
En 1936, Alfred Martin vend le Clos du vieux pressoir suite à une grève de ses employés et devient épicier coopérateur.
A partir de ce moment, les châteaux Saint-Pierre Bontemps et Saint-Pierre Sevaistre vont coexister avec Paul Castelain (1919 -?), gendre de Monsieur Van den Bussche aux commandes.
Les crus Saintout-Saint-Julien et Saint-Pierre-Monnereau ont disparu durant la seconde guerre mondiale.
En 1981, alors propriétaire du château Gloria, Henri Martin, maire de Saint-Julien-Beychevelle, achète le château Saint-Pierre et récupère ce qu'il reste du vignoble de Château Bontemps-Dubarry †.
En 1982, Henri Martin achète à Paul Castelain et aux héritiers Van den Bussche le domaine Saint-Pierre Sevaistre et réuni l'ensemble du domaine. Le château Saint-Pierre Sevaistre est rebaptisé château Saint-Pierre.
Pour financer le rachat, Henri Martin vendra le château Saint-Louis et ses chais avec 5 hectares de vignes au château Ducru-Beaucaillou et 2 hectares au château Gruaud-Larose.
En 1986, le château Saint-Pierre possède une superficie de 17 hectares.
Le château Saint-Pierre est vinifié dans les chais du château Gloria.
Après le décès en 1991 d'Henri Martin, Françoise Martin, sa fille et Jean-Louis Triaud, son mari dirigent le domaine.
Depuis janvier 2007, le responsable technique du domaine est Rémi di Constanzo qui dirige également le château Gloria depuis 2000.
En mars 2016, Orphée Amougou, Vanessa Triaud son épouse, fille de Françoise Martin et Jean-Louis Triaud et Jean Triaud reprennent la direction des Domaines Henri-Martin.

Les vins :
Élevage de 14 mois en fût de chêne (50 % neuf).
Pas de second vin.