Présentation :
La propriété située à 50 kilomètres au nord-ouest de Bordeaux est mitoyenne du Château Léoville Las Cases et des châteaux de Pichon Longueville.
La superficie de la propriété est de 79 hectares et le vignoble de 78 hectares (80 % Cabernet-sauvignon, 18 % Merlot, 2 % Cabernet franc et Petit verdot).
Le vignoble se compose d'une parcelle principale de 48 hectares appelée l'Enclos dont est issu le « grand vin ».
Deux autres parcelles : Haut-Batailley (10 ha) et Pinada (2,5 ha) sont situées entre le Château Batailley et les deux Châteaux de Pichon Longueville sur une croupe de graves avec des poches d'argile et domine la Gironde à une altitude de 12 à 16 mètres.
Le nom de Château Latour vient d'une tour qui à l'origine faisait partie de fortifications datant du 14ème siècle
La tour était carrée et portait le nom de tour de Saint-Mambert, puis de Saint-Maubert avant de devenir Saint-Lambert.
La tour ronde actuelle n'est en fait qu'un colombier bâti vers 1620/1630 avec, peut-être, les pierres de l'ancien château.
Histoire :
La première tour fut construite juste avant la guerre de 100 ans (1337-1453) dans le cadre de l'accord conclu le 18 octobre 1331 par Pons de Castillon, seigneur de Castillon, de Lamarque et de Montendre, avec Gaucelme de Castillon, écuyer, coseigneur de Lamarque.
Le 15 février 1368, Bérard (Bernard) Ier d'Albret (1340-1392), vicomte de Vayre et seigneur de Verteuil obtient le fief de Saint-Maubert grâce au ralliement de son frère Arnaud-Amanieu VIII d'Albret (1338-1401) au roi de France Charles V le Sage (1338-1380).
Le 19 septembre 1378, l'armée anglo-gasconne, après un siège de trois jours, prend la forteresse de Saint-Maubert à des soldats bretons du roi de France et gardera cette tour jusqu'à la fin de la guerre de cent ans (bataille de Castillon : 17 juillet 1453).
Dès 1389, du vin est produit dans la seigneurie de Saint-Maubert. Amanieu de la Motte, co-seigneur de la tour Saint-Maubert, passe un accord avec Jean de Treulo, également co-seigneur de la tour Saint-Maubert à compter du 28 octobre 1389 et négociant bordelais expédiant du vin vers l'Angleterre, pour lui faire porter quatre tonneaux de vin dans ses chais à ses frais. Opération répétée en 1391.
Après la défaite de Castillon, le sieur de Larsan, seigneur de Latour s'enfuit. La tour fortifiée est alors rasée. Charles II d'Albret (1407-1471, seigneur d'Albret et comte de Dreux demande la restitution de la seigneurie de Latour à sa famille.
En 1455, Charles II d'Albret devient le seigneur de Saint-Maubert.
En 1464, Gaston de l'Isle (?-1502?), chevalier, seigneur de Beautiran, de l'Isle et de la Rivière, Marguerite de Treulon (1380-1473), dame d'Angludet, veuve de Pierre de Makanam (1370-1444?), sieur d'Audissas, et Huguet Viau, seigneur de Saint-Genays et sous-maire de la ville de Bordeaux deviennent, après procès contre Charles II d'Albret, co-seigneurs de Saint-Maubert.
En 1571, Arnaud de Mullet (1566?-1607), sieur de Cartujac, de Laujac, Préjeau et de Volusan, conseiller au parlement de Bordeaux, président aux enquêtes de la cour achète, le 8 mai 1571, peut-être à Gédéon (ou Gaston) de Latouche, seigneur de L'isle, baron de La Brède, La Faye et Beautiran sa part de la co-seigneurie de Saint-Maubert et de la seigneurie de La Salle de Poujeaux à Moulis pour la somme de 1100 écus.
Le 14 septembre 1591, Arnaud de Mullet s'accorde avec Raymond de Sainxe, Seigneur de Saint-Genés de Meyre, de Romefort et du fief noble de Saint-Seurin du Porge pour se partager la seigneurie de la Tour Saint-Maubert (2/3, 1/3 respectivement).
Le 15 avril 1595, Arnaud de Mullet achète à Louise de Lafargue, héritière de Louise de Ferran l'épouse de Raymond de Sainxe le dernier tiers de la seigneurie et devient ainsi le seul propriétaire de cette seigneurie.
Le 5 mai 1588, son fils aîné Denis de Mullet (?-1656) épouse Catherine de Gourgues , fille d'Ogier de Gourgues (?-1594), baron de Vayres et devient le seigneur de Latour. Celui-ci est avocat général au Parlement de Bordeaux et va continuer à développer la seigneurie en achetant le 26 février 1612 à Françoise de Bernard, épouse de d'Antoine de Chaillou, le fief de Montguyon et de Ballac (terre des futurs Pichon-Longueville) pour la somme de 2400 livres. Et avant 1634, le bourdieu de la tour, propriété de la famille de Massiet depuis 1572.
En 1634, Denis de Mullet nomme un agent d'affaires pour s'occuper de l'exploitation de son domaine : Jehan Castaigne ou Castaignet.
Ensuite, Denis de Mullet continue à développer la seigneurie en effectuant des opérations de rachat des tenures (terres accordées par le seigneur aux paysans) voisines de la seigneurie de Latour.
En décembre 1648, maître Pierre de Lalande, procureur au siège de Lamarque, devient l'agent d'affaires de la seigneurie de La Tour.
En 1656, après le décès de Denis de Mullet, la seigneurie passe à son petit fils Denis de Mullet (?-1660), dont le père Gabriel (?-1644), conseiller au parlement de Bordeaux, avait épousé Jeanne de Pontcastel le 27 juin 1639.
En 1660, Denis de Mullet meurt sans héritier direct. La seigneurie de Latour passe alors à Catherine Daulède épouse depuis le 12 avril 1621 de Pierre d'Aulède de Lestonnac, baron de Margaux et conseiller au parlement de Bordeaux.
Catherine de Mullet transmet la seigneurie ensuite à son fils Jean-Denis d'Aulède de Lestonnac ( ? - 1695 ?), baron de Margaux,seigneur du Cros, de Maillan et du Parc, conseiller clerc au parlement de Bordeaux depuis 1654 puis premier président du parlement de Guyenne et époux de Thérèse de Pontac, dame de Haut-Brion.
Le 29 juin 1670, Jean-Denis d'Aulède de Lestonnac cède à François Chanevas (?-1686?), écuyer conseiller et secrétaire du roi, la maison noble de la tour Saint-Maubert pour la somme de 64000 livres tournois.
François Chanevas cède la seigneurie de La Tour à sa nièce Marguerite Coutaut (?-1693) qui épouse en première noces, Pierre-André de Nesmond, seigneur de Maillou et président aux requêtes au Parlement de Bordeaux, puis en seconde noces Joseph de Clauzel (ou de Clausel).
En 1678, Pierre Desmezures de Rauzan est nommé fermier de la maison noble de Latour. Il exercera cette fonction jusqu'en 1693, ce qui lui permettra de développer de manière importante son patrimoine (cf château Rauzan-Ségla).
Le 5 mars 1695, Marie-Thérèse de Clausel, dame de la Tour depuis novembre 1693, épouse Alexandre de Ségur des Francs (1674-1716) et lui apporte le domaine en dot.
En 1706, les noms de Lafite et Latour apparaissent pour la première fois sur les registres de ventes de marchands britanniques. Dès cette époque, les vins sont également exportés vers les Pays-Bas (1714).
A compter de 1748, François Guestier (1705-1789), père de Daniel Guestier (1755-1845) le négociant, devient le secrétaire d’Alexandre de Ségur.
Vers 1750, le domaine est la propriété de Nicolas-Alexandre de Ségur (1697-1755) surnommé le prince des vignes, seigneur de Latour, de Lafite et de Calon. Le domaine possède alors une superficie de 58 hectares pour un vignoble de 36 hectares. Il est alors géré par le notaire de Pauillac, Souisse, en même temps que celui de Lafite et les vins des deux domaines sont vendus au même prix.
En 1755, après la mort de Nicolas-Alexandre de Ségur, ses héritiers sont quatre filles :
- Marie-Thérèse (1723-1759) épouse depuis 1742 d'Alexandre de Ségur-Calon (1718-1773), conseiller lay au parlement de Bordeaux à compter du 19 juillet 1737 puis prévôt de Paris.
- Angélique-Louise (1730-1781) épouse de Guillaume Charles Emery Texier de Maisoncel, seigneur de Tremally et brigadier des armées du roi.
- Marie-Antoinette Victoire (1735-1774) épouse depuis le 10 février 1765 de Nicolas Thomas Hue de Miromesnil (1728-1798), comte de Miromesnil.
- Charlotte-Emilie (1724-1791) épouse depuis le 7 septembre 1750 d'Emmanuel Louis (1704-1791), comte de Coëtlogon.
En 1759, le vignoble atteint la taille de 38 hectares pour un domaine de 61 hectares.
Le 5 mai 1763, le fils de Marie-Thérèse de Ségur, le comte Marie-Nicolas Alexandre de Ségur (1745-1790), petit fils de Nicolas-Alexandre de Ségur, héritera définitivement du domaine de Lafite par donation, les trois sœurs de Marie-Thérèse se partageant le château Latour alors estimé pour la somme de 520000 livres.
A compter de ce moment, le domaine est donc en copropriété entre Angélique-Louise, comtesse de Maisoncel (28,18 %), Marie-Antoinette (28,18 %) comtesse de Miromesnil et Charlotte-Emilie (43,64 %), comtesse de Coëtlogon. Lors de ce partage, une importante métairie nommé Lhorte et possédant une superficie de près de 100 hectares (dont seulement deux hectares de vignoble) est détachée du domaine de Latour. Un acte notarié en date du 30 novembre 1760 prévoyait que les héritières vendraient les vins de Latour conjointement et de concert et au même prix avec ceux de Lafite.
De 1774 à 1797, le régisseur du domaine s'appelle Marc-Antoine Domenger (?-1797), auparavant régisseur du château Lafite et propriétaire du domaine de Marbuzet à Saint-Estèphe. La superficie du domaine est alors de 58 hectares.
En 1777, le vignoble est grêlé durant l'été ce qui détruit la plupart des baies et entraîne la plus faible production du domaine : 81 hectolitres.
Durant la Révolution française, il y avait trois propriétaires : le comte de Ségur-Cabanac (fils d'Angélique-Louise) qui émigrera et dont la part (27,06 %) sera vendue comme Bien national en 1794 et les époux des deux filles de Marie-Antoinette Victoire Hue de Miromesnil : le comte Charles Joseph de La Pallu (1753-1823), seigneur des Laitiers époux de Anne-Marie (1765-1821) avec 36,47 % des parts et le marquis André Bonnin de La Bonninière de Beaumont (1761-1821) époux de Anne (1766-1830) avec 36,47 % des parts également.
En 1789, Guillaume Barton achète la totalité de la récolte du millésime 1788.
Le 30 juin 1797, la part du comte de Ségur-Cabanac sera vendue aux enchères pour la somme de 219724,09 francs. Les acheteurs seront au nombre de trois : Marie-Judith Corrégeolles (1749-1809) épouse depuis le le 6 juillet 1774 d'André Teulon négociant bordelais, Marthe Corrégeoles veuve de Jacques Clamagéran (1732-1787) qu'elle avait épousé le le 14 décembre 1774 et Jean-Baptiste Monbalon (1755-1837), médecin, membre du premier conseil général de la Gironde et bibliothécaire de la ville de Bordeaux entre 1795 et 1830, également acheteur d'une partie du château Léoville † (futur Château Léoville Barton). La superficie du vignoble est alors proche de 47 hectares pour un domaine de 65 hectares d'un seul tenant.
En 1797, suite au décès de Domenger, Poitevin est nommé régisseur du domaine.
Le 21 janvier 1802, la part de la veuve Clamagéran est rachetée à Jean-Baptiste Labarrère, négociant, par Jacques Conte (1753-1836), armateur bordelais ayant fait fortune sous le Directoire dans la « course » et propriétaire du domaine de Beychevelle depuis 1800.
En octobre 1807, Poitevin décède et Pierre Migault-Lamothe (1755-1835), ancien capitaine au long cours, lui succède le 4 mai 1808. Celui-ci va fortement influencer le domaine en supprimant petit à petit les cépages blancs (En 1815, le second vin est de moins bonne qualité car il est fait avec du raisin blanc et du malbec passé sur trois cuves selon Migault-Lamothe) et en drainant tout le vignoble.
En 1814, la société de négoce Blackenbury et Cie de Liverpool, achète, par l'intermédiaire de son courtier Miailhe, la récolte du domaine au prix de 2600 francs le tonneau ((1200 bouteilles). Prix équivalent à celui payé pour le château Margaux.
En 1816, des essais de chaptalisation seront effectués qui mirent fin à l'habitude d'hermitager les vins.
Durant l'hiver 1829/1830, le gel fut si important que le domaine ne produisit que 110 hectolitres de vin (rendement de 2,6 h/ha) du millésime 1830 et 252 hectolitres du millésime 1831 (6 hl/ha).
Les 19 janvier et 20 juillet 1833, les négociants Nathaniel Barton et Pierre-François Guestier rachètent aux héritiers de Jacques Conte pour la somme de 100000 francs les 13/144 qui avaient appartenu à la veuve Clamagéran.
En octobre 1835, Pierre Lamothe est renvoyé, un mois avant son décès, pour malversations et d'octobre 1835 à 1847, le régisseur du domaine sera Guillaume-Pascal Tenet. La superficie du domaine atteint alors 66 hectares.
Après le décès le 17 mai 1837 de Jean-Baptiste Monbalon, sa part de 13/144 du domaine est vendu sur licitation le 15 juillet 1839 pour la somme de 166000 francs. Les acheteurs sont Nathaniel Barton et Pierre-François Guestier qui prennent 3/144ème des parts. Le reste étant racheté par les propriétaires du domaine : les fils du marquis André Bonnin de La Bonninière de Beaumont, le marquis Théodore-Léon Bonnin de La Bonninière de Beaumont (1791-1865) et le comte Léon Bonnin de La Bonninière de Beaumont (1794-1871), le marquis Armand de Fayet (1787-1872) et le marquis Louis Philippe Marie Le Compasseur de Courtivron (1781-1865) époux de Armande Constance de La Palu (1791-1862).
En 1839, la superficie du domaine est de 66,15 hectares avec un vignoble de 45 hectares.
Le 14 mars 1840, Nathaniel Johnston rachètera pour la somme de 166795 francs la part de Marie-Judith Corrégeolles-Teulon, alors propriété de Suzanne-Julie Bosc, née Teulon et petite fille de Marie-Judith Corrégeolles-Teulon épouse depuis 1830 de Pierre Bosc, négociant.
Le 3 juillet 1841, afin de se « débarrasser » de ces encombrants actionnaires, la propriété est mise en vente par licitation (vente d'un bien immobilier aux enchères par des propriétaires de manière volontaire) au prix de 1200000 francs chez Maîtres Sicard & Darrieux, notaires à Bordeaux.
Le 4 août 1841, les descendants de Nicolas-Alexandre de Ségur rachètent la totalité de la propriété pour la somme de 1511000 francs. En réalité, ils ne déboursent que 20 % de cette somme (la part des négociants). En contrepartie Barton & Guestier auront l'exclusivité de la commercialisation de la totalité des vins du domaine du millésime 1844 au millésime 1853 au tarif de 1750 francs le tonneau (900 litres).
Entre 1841 et 1850, une quinzaine d'opérations d'achats et d'échanges ont lieu entre le domaine et les propriétés avoisinantes, notamment les domaines de Chateau Longueville au Baron de Pichon-Longueville et de Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande.
En mai 1842, naît la société civile du château Latour, c'est la première créée dans le département. Le marquis Théodore-Léon Bonnin de La Bonninière de Beaumont en prend la direction. Cette même année, l'homme d'affaires du domaine, Dariet est remplacé par monsieur Maney.
En février 1847, Guillaume-Pascal Tenet est renvoyé et remplacé par Etienne-Benjamin Boutet. Celui-ci va entreprendre de nombreux travaux pour, dès 1848, drainer les sols.
En 1848, Jean Landureau est nommé régisseur du domaine à la place de Maney.
Le 26 novembre 1850, la parcelle du Petit Batailley (10,75 hectares) est achetée pour la somme de 12000 francs pour permettre l'apport de fumures.
En 1852, l'oïdium atteint le vignoble du château Latour.
Le 18 avril 1855, le domaine est désigné 1er Grand cru Classé du Médoc et le 30 avril 1855, Etienne-Benjamin Boutet démissionne pour devenir le régisseur du château Margaux. Il est remplacé par Justin Roux (?-1883), notaire jusqu'en 1868 et futur maire de Pauillac.
En 1861, le vignoble de Latour commence à être traité au soufre pour lutter contre l'oïdium.
En 1862, débute les travaux de construction du château et d'un nouveau chai sous la direction de l'architecte bordelais Henri Duphot (1810-1889). Ils se termineront en 1864.
A compter de 1863 débute partiellement la mise en bouteille au domaine, en totalité à compter de 1925, un an après château Margaux et château Mouton-Rothschild.
En 1865, après le décès du marquis Théodore-Léon Bonnin de La Bonninière de Beaumont-Villemanzy, c'est Armand Ango de La Motte--Ango de Flers (1814-1909) qui exerce le mandat de surveillant général de la société civile du château Latour.
Entre 1870 et 1873, débute le marquage des bouchons avec le millésime et le nom du domaine.
Le 31 octobre 1873, e marquis de Flers démissionne de son poste de surveillant général et le comte Louis Paul Antoine Marie Le Compasseur de Courtivron (1823-1891) lui succède.
A compter du millésime 1874 ou 1875, les bouteilles portent systématiquement une étiquette (la plus vieille étiquette du domaine remonte au millésime 1863).
En 1883, Daniel Jouet (?-1934), ingénieur agronome, est nommé régisseur du domaine. Celui-ci sera également, dans le même temps, régisseur des châteaux Gruaud-Larose Sarget (jusqu'en juin 1910) et Langoa-Barton. Cette même année, le 1er novembre, le vicomte Aymé Le Compasseur-Créqui-Montfort de Courtivron (1834-1922) devient surveillant général de la société civile du château Latour.
Entre 1885 et 1890, des travaux de drainage de la totalité du vignoble sont effectués.
En 1888, le maître de chai Siaut prend sa retraite. Il est remplacé par monsieur Thunes. La même année débute la reconstitution progressive du vignoble avec l'utilisation de plants greffés américains. Cette opération durera jusque 1921.
Le 9 juin 1891, la marque château Latour est déposée aux greffes de Lesparre.
Après le décès en 1893 de monsieur Thunes, Adrien Landard prend le poste de maître de chai.
Le 6 juillet 1892, un incendie détruit la tonnellerie et plusieurs bâtiments, dont des chais et granges. Les bâtiments seront reconstruits dès l'année suivante.
En 1895, le millésime est si mauvais que le vin est vendu au négoce sous le nom de vin rouge de Pauillac.
Le 1er novembre 1898, le comte Guillaume de Beaumont (1850?-?) devient l'administrateur délégué de la société civile du château Latour à la place du vicomte Aymé de Courtivron.
En 1902, suite aux abondantes récoltes de 1900 et 1901, deux cuves de bois de 198 hectolitres sont construites pour permettre le stockage des vins produits.
Le 25 mai 1906, il est décidé de créer une marque pour commercialiser les vins n'entrant pas dans le grand vin. Ce sera à compter du millésime 1907 les Vins de Saint-Lambert, Pauillac. Le vin étant commercialisé sans millésime sur son étiquette.
Le 16 mars 1907, un contrat d'abonnement pour 5 millésimes (1906-1910) est signé avec plusieurs courtiers en vin dont Damade, William Mestrezat, Pierre Moreau et Matéo Petit (1600 francs le tonneau de grand vin).
En 1908, pour la première fois depuis un essai avec le millésime 1816, les moûts furent chaptalisés. Opération répétée avec les millésimes 1909, 1910 et 1912.
En 1911, les travaux de rénovation du port du domaine, commencé trois ans auparavant, sont terminés.
Le 23 mai 1914, le négociant Eschenauer achète les récoltes de 1914 et 1915 (2200 francs le tonneau de grand vin et 1100 francs le second vin).
En 1915, les vignes sont tellement abîmées par le mildiou et l'oïdium que le vin n'est pas commercialisé mais réservé comme vin de consommation aux employés et aux propriétaires du domaine. Conséquence, l'accord avec la société de négoce Eschenauer est donc prolongé au millésime 1916.
Le 21 juillet 1917, un nouveau contrat d'abonnement de 5 ans (1917-1921) est signé (2650 francs le tonneau de grand vin pour les 4/5ème de la production et 2200 francs le solde, 1325 francs les seconds vins), aux mêmes conditions que le château Lafite-Rothschild et le château Margaux pour cinq millésimes supplémentaires avec cinq maisons de négoce : Eschenauer, Latrille & Ginestet, Marcelin Marceau, Michëlsen, Turpin & Riout.
En 1919, le comte René de Beaumont devient l'administrateur de la société civile du château Latour.
En décembre 1920, le maître de chai du domaine, Landard, démissionne pour diriger celui du château de Fonbadet.
En 1923, le domaine ne vend pas sa production à un négociant mais à la société Nicolas de Paris.
, opération répétée en 1924 avec le groupe Félix Potin.
En 1926, un chai de vieillissement est créé.
En 1928, Pierre Brugière (1879-?), ingénieur agronome et régisseur du château Beychevelle, est embauché comme régisseur-adjoint.
En 1931, la récolte est chaptalisé pour tenir compte des mauvaises conditions climatiques.
En mars 1932, Daniel Jouet prend sa retraite et Pierre Brugière (1879-?), ingénieur agronome, devient le régisseur du domaine. La production de 1932 ne fut pas commercialisée.
En 1935, Adrien Landard, le maître de chai prend sa retraite et est remplacé par Fernand Laumonier, son gendre.
La période de la seconde guerre mondiale et les premières années suivant celle-ci sera une période de marasme économique et financier pour le domaine en raison de l'importante inflation et de l'absence d'acheteurs malgrè les excellents millésimes 1945, 1947.
Le 30 octobre 1940 le comte René de Beaumont, président du conseil d'administration de la société civile du château Latour décède et le vicomte Henry de Courtivron lui succède amis décède le 13 avril 1941. Il est alors remplacé à la tête de la société civile de château Latour par le comte Hubert de Beaumont qui prend le titre de président-délégué.
Le millésime 1949 va permettre le retour à l'équilibre du domaine à partir de 1950 grâce à un redémarrage du marché français mais également à une reprise des achats des Etats-Unis.
Le gel de février 1956 n'atteindra que très peu le vignoble du domaine.
En 1962, le groupe Pearson via la Hallminster limited rachète 53,5 % des parts de la société civile de château Latour tandis que dans le même temps, 25,2 % des parts sont reprises par la société Harveys of Bristol, le solde restant entre les mains des descendants de la famille de Ségur. L'achat représente un prix de 2700000 $.
Après la reprise du domaine par le groupe Pearson, la surface du vignoble augmente de 12,5 hectares dès 1963 par la plantation de parcelles situées à l'ouest du Domaine : Comtesse de Lalande, Petit Batailley et Sainte-Anne. Cela donnera lieu à la naissance de Les Forts de Latour. La même année, Pierre Brugière prend sa retraite à l'âge de 84 ans. Il est remplacé par Henri Martin, le créateur du château Gloria, et Jean-Paul Gardère de château Margaux. La mécanisation du domaine débute également par l'emploi d'engins motorisés pour les travaux de la vigne.
En 1963 débute une opération de rénovation de l'ensemble du système de drainage du vignoble et une nouvelle parcelle de vignoble de 2,5 hectares est plantée : la Pignada, sa production étant destinée au vin Les Les Forts de Latour.
En 1964, avant les vendanges, le cuvier en bois est rénové par l'installation de deux presses pneumatiques et de douze cuves en acier inoxydable de 200 hectolitres chacune, dans l'optique d'un contrôle parfait des fermentations, tout en assurant les meilleures conditions d'hygiène. Ce nouveau cuvier est en fait le premier cuvier inox du Médoc. Il sera complété quelques temps plus tard de deux cuves suplémentaires de même capacité.
La même année, la parcelle d'une dizaine d'hectares du Petit-Batailley est plantée, sa production étant destinée au vin Les Les Forts de Latour.
En 1965, la marque Les Les Forts de Latour est déposée.
En 1967, cinq cuves en acier inoxydables supplémentaires d'une capacité de 140 hectolitres sont installées portant la capacité totale du cuvier à 3500 hectolitres. Le vignoble possède alors une superficie totale de 49 hectares.
En 1968, l'ancien chai Gratadour situé à Saint-Lambert utilisé pour le stockage de vins en bouteille (510000) est rebaptisé château Les Les Forts de Latour.
En 1971, le mur ceinturant le domaine est restauré.
En 1972, débute les traitements du vignoble par hélicoptère.
En 1986, Christian Le Sommer devient le responsable technique du domaine. La superficie du vignoble est alors de 60 hectares.
En mars 1989, la société Allied Lyons qui entre-temps a racheté la société Harveys of Bristol reprend les parts du groupe Pearson (53,5%) pour la somme de 58 millions de livres ou 605 millions de francs et porte sa participation à 93 % du capital de la société civile de château Latour. Allied Lyons va également acquérir le solde auprès des derniers descendants de la famille de Ségur.
En juin 1993, Alllyed Lions revend la propriété à François Pinault via sa holding personnelle Artémis pour la somme de 735 millions de francs.
En 1994, le responsable commercial du domaine, John Kolasa (1949-) quitte le domaine pour devenir le régisseur du château Rausan-Ségla racheté par les frêres Wertheimer.
En 1998, François Pinault nomme Frédéric Engerer à la tête du domaine.
En 2001, le cuvier est entièrement rénové avec l'apport de 45 cuves en acier inoxydable avec thermorégulation centrale et informatisée.
Les chais sont rénovés avec la création de deux niveaux permettant la distinction entre vin de première et vin de deuxième année. Le maître de chai est monsieur Pierre-Henri Chabot.
En 2002, Hélène Génin devient la directrice technique du domaine.
En 2008, certaines parcelles du domaine commencent à être travaillées en biodynamie (environ 20 hectares).
En 2011, le château La Bécasse, propriété de la famille Fonteneau, créé en 1966 et disposant d'un vignoble de 4,5 hectares (55 % Cabernet-sauvignon, 36 % Merlot, 9 % Cabernet franc) disposé au sud du chenal du Gaet sur un sol de graves profondes bien drainées (alluvions, graves, et argilo-calcaire) est racheté pour être intégré au vignoble de château Latour (dernier millésime du château La Bécasse : 2011).
Depuis 2012, des chevaux sont utilisés pour travailler l'Enclos.
La même année, le domaine annonce en avril qu'il quitte le système des primeurs (vente à des négociants avant embouteillage) à compter du millésime 2012 afin de vendre celui-ci lorsqu'il sera prêt à boire. A rapprocher de la méthode de commercialisation de Vega Sicilia ?
A compter de 2013, l'Enclos est entièrement cultivé en agriculture biologique et une partie située face à l'estuaire de la Gironde est travaillée en biodynamie.
L'œnologue-conseil du domaine est Éric Boissenot.
En 2014, Hélène Génin devient la directrice technique du domaine.
En 2018, la totalité du vignoble est certifié en agriculture biologique et 54 hectares de l’ensemble sont conduits en biodynamie.
Les vins :
Rouge :
Densité moyenne de plantation :10000 pieds à l'hectare.
Rendement moyen : 45 hl/ha.
Le second vin du domaine porte le nom de : Forts de Latour.
Ce n'est pas un second vin comme on l'entend ailleurs dans le Médoc. Il est issu depuis le millésime 1966 de deux parcelles (Haut-Batailley et Pinada) et des vignes de moins de 12 ans issues de la parcelle « L'enclos » plus les cuves éventuellement déclassées du grand vin (commercialisation réalisée à partir de 1972).
Un troisième vin existe également appelé Pauillac de château Latour ou Le Pauillac de château Latour produit lorsque la production n'est pas satisfaisante qualitativement (millésimes : 1973, 1974 et 1987). Il semble maintenant produit de manière régulière depuis le millésime 1990.