Présentation :
Propriété de 128 hectares située à proximité du château d'Yquem et bordée par vignobles des châteaux : d'Arche, Filhot et Lamothe Guignard.
Le vignoble est constitué de 74 parcelles d'une superficie totale de 100 hectares. 85 hectares sont en appellation Sauternes (65 % Sémillon, 35 % Sauvignon) et sont disposés sur des graves sableuses (80 %) et des graves argileuses sur socle calcaire pour le solde. Les 15 hectares restants du vignoble (70 % Sauvignon, 30 % Sémillon) sont consacrés à la production de vin blanc sec en appellation Bordeaux sec.
Le nom du domaine vient de Pierre Guiraud, acquéreur en 1766 du domaine.
Histoire :
L'histoire de ce domaine débute dès le Moyen-Âge avec la maison noble du Bayle (bayle se traduit par donner en gascon), ce qui indique la présence d'un péage sur cet important axe de circulation reliant Bazas à Cérons (ancienne voie romaine).
Au début du 18ème siècle, la maison noble de Bayle appartient à la famille d'Essenault, propriétaire à l'époque de château d'Issan.
Une des membres de la famille d'Essenault, Jeanne d'Essenault, épouse de Guillaume Joseph de Mons ( ?-1713) depuis le 17 septembre 1681, lègue sa propriété à sa fille Marie Catherine Thérèse de Mons de Soussans (?-1835) qui la transmettra ensuite à son frère Léonard-Joseph de Mons (1736-?), propriétaire du château de Ferrand à Saint-Émilion.
Le 22 février 1766, Pierre Guiraud (?-1799), négociant en vins bordelais et époux depuis le 16 septembre 1755 de Lydie Balguerie (de la famille Balguerie de la société de négoce bordelaise : Balguerie, Sarget et Cie, future propriétaire de château Gruaud-Larose) rachète le domaine à Léonard-Joseph de Mons pour la somme de 53000 livres. Le vin est déjà la production principale du domaine et comme il est souvent de coutume à cette époque, à compter de ce moment, le vin prendra le nom de son propriétaire.
Pierre Guiraud va développer le domaine et traverser la Révolution française sans trop de problèmes même si le domaine connaîtra une baisse qualitative à compter de 1793.
Au décès de Pierre Guiraud en 1799, son fils, Louis Guiraud (1761-1837) hérite du domaine de Bayle qui sera estimé 83223 livres en 1799.
C'est sous la direction de Louis Guiraud que le domaine va connaître un fort développement et que dès 1822, Jullien dans la deuxième édition de la Topographie de tous les vignobles connus va recenser le domaine (Guiraut) comme un des trois premiers crus de la commune de Sauternes.
En 1837, le domaine est estimé 250000 francs après le décès de Louis Guiraud. Celui-ci a deux enfants mais à désigner comme nouveau propriétaire et héritier unique, son fils Pierre-Aman Guiraud. A charge pour celui-ci de régler une somme de 180000 francs à sa soeur (sur un héritage estimé à 352445 francs).
Le 17 juillet 1846, devant les problèmes rencontrés par Pierre-Aman Guiraud pour régler la succession et après deux commandements en saisie immobilière, la propriété est vendue aux enchères par le tribunal civil de la Réole à François Henri Nauté.
Le 7 septembre 1846, le domaine est acheté pour la somme de 142100 francs par Maître Cubourg pour le compte de six associés : Jean-Baptiste Depons de Grignol (50 %), Messieurs C. Coubet et A. Coutereau (25%), A. Ardusset, Auguste Depons et Roman (25 %).
Le 18 avril 1855, le domaine est classé parmi les premiers crus des vins blancs de la Gironde sous le nom de Bayle.
Dès novembre 1858, le domaine est revendu à un banquier parisien : Aaron-Euryale-Félix Solar (1811-1870) qui pour acheter le domaine utilise l'argent d'un certain Monsieur Mirès.
Le 17 juillet 1861, Monsieur Solar revend le domaine à Pierre Schroder de la société de négoce Schroder, Schiller et Cie (commercialisant les châteaux Carbonnieux et Kirwan quelques années plus tard) pour la somme de 300000 francs. La superficie du domaine est alors de 122 hectares.
Le 18 avril 1862, les créanciers de Félix Solar chargés de liquider les biens de Monsieur Mirès font une surenchère de 10 % comme les y autorise la loi.
Le 24 juin 1862, les frères Bernard font une surenchère et achètent le domaine pour la somme de 330100 francs.
Sous la direction des frères Bernard, le domaine va connaître d'importantes modifications. Les chais vont être reconstruits et à compter de 1865 le château actuel construit.
A la fin du 19ème siècle la superficie de la propriété est de 180 hectares pour un vignoble de 70 hectares (1898) et l'orthographe du domaine figée en château Guiraud.
Après le décès de P. Bernard, ses deux héritières ont épousé des membres de la famille Maxwell originaire d'Irlande.
Dès le début du 20ème siècle, la superficie du domaine va augmenter et atteindre 200 hectares (1908) pour un vignoble de 70 hectares. A noter que dans l'encépagement du domaine, il y a quelques plants de Riesling. Par ailleurs, lorsque le château Guiraud ne produit pas certains millésimes par manque de qualité, ceux-ci sont alors commercialisés sous l'étiquette Cru La Terre.
A compter de 1910, James Maxwell prend la direction du domaine.
Après la première guerre mondiale, le vignoble possède une superficie de 60 hectares.
En 1932, après plusieurs millésimes désastreux, la famille Maxwell décide de vendre le domaine aux enchères.
En 1935, l'acheteur est Paul César Rival pour la somme d'un million de francs de l'époque. Celui-ci a fait des études d'ingénieur agronome et jusqu'à la seconde guerre mondiale va maintenir le niveau du domaine.
Après la seconde guerre mondiale, l'occupation du domaine par les troupes allemandes pendant 4 ans, les conditions économiques du vignoble bordelais et le caractère exécrable de son propriétaire vont entraîner une lente détérioration du domaine et de son vignoble.
Pour l'anecdote, Paul Rival fit construire une piste d'atterrissage face au château au milieu des vignes et réussi à s'écraser avec son avion dans les vignes du château d'Yquem.
En 1956, la totalité du vignoble gèle.
Le 2 juillet 1981 le domaine est vendu à la famille Narby via la société Dolphin international vineyard limited pour la somme de 1650000 francs. Hamilton Narby puis son père à compter de 1988 prennent la direction du domaine. Première innovation, le dauphin, animal symbole de la famille Narby, est mis sur l'étiquette du domaine.
Cette période est marquée par de nombreux investissements pour remettre le domaine à niveau. Installation de cuves inox, création d'un laboratoire œnologique, utilisation de fût de chêne neuf (35 %), replantation de la totalité du vignoble sur 5 ans par étape (à compter de 1983), arrachage des vignes rouges (Alicante Bouschet, Merlot, Tibouren...), fin de l'utilisation d'insecticide à compter de 2004...
En 1986, la superficie du vignoble est de 75 hectares. La même année, Hubert Corre devient le maître de chai du domaine.
En 2001, un conservatoire des cépages constitué d'une centaine de souches des cépages Sauvignon et Sémillon est créé.
Le 20 juillet 2006, le domaine est vendu pour une somme estimée entre 15 et 20 millions d’euros à la Financière Guiraud, composée de la FFP (Robert Peugeot, 70 % des parts) associée à trois personnes (10 % chacune) : Xavier Planty, gérant et oenologue de la propriété depuis 1982; Olivier Bernard propriétaire du Domaine de Chevalier et Stephan Von Neipperg propriétaire du Château Canon La Gaffelière.
En 2010, la replantation du vignoble est terminée.
Le domaine est le premier grand cru classé 1855 à obtenir la certification agriculture biologique à compter du millésime 2011.
L’oenologue conseil est Christine Sourdes, le directeur du domaine : Luc Planty, le chef de culture : Loïc Kersaudy.
En octobre 2021, Xavier Planty cède l’intégralité de sa participation dans la financière Guiraud à Matthieu Gufflet. Celui-ci rachète également des parts d’autres actionnaires et devient l’actionnaire majoritaire du domaine.
En mai 2022, Sandrine Garbay quitte le château d’Yquem pour devenir la responsable des domaines possédés par Matthieu Gufflet, fondateur du groupe d’achats indirects EPSA (Château Guiraud et château de Callac en Graves). Elle remplace Luc Planty.
Les vins :
Densité moyenne de plantation : 6660 pieds à l'hectare (vignoble AOC Sauternes).
Vendanges par tries successives, en moyenne de 2 à 6.
Élevage en fût de chêne de 18 à 24 mois.
Rendement moyen annuel : 12 hl/ha/an.
Production moyenne : 1275 hl/an dont 750 hl pour le grand vin.
Le grand vin n'a pas été produit dans les millésimes : 1991, 1993.
Le second vin du domaine porte le nom de : Petit Guiraud.
Création avec le millésime 2005. Le second vin s'appelait jusqu'au millésime 2004 : Le Dauphin de Guiraud.
Un vin blanc sec est produit : Le G de Château Guiraud (225 hl/an).