Présentation :
Seul cru du Bordelais appartenant à deux classements officiels : Seul cru non médocain classé en 1855 et classé 1er Grand cru en 1959 dans le classement des Graves.
Le château Haut-Brion est situé à peine à 5 kilomètres du centre-ville de Bordeaux à proximité de la rocade et de l'autoroute A 10.
Le vignoble de 45,45 hectares en rouge (45,4 % Merlot, 43,9 % Cabernet-sauvignon, 9,7 % Cabernet franc, 1 % Petit verdot) et 2,87 hectares en blanc (52,6 % Sémillon, 47,4 % Sauvignon) est situé sur un plateau constitué de deux croupes de graves sur un sol d'argile et de sable portant le nom de Haut-Brion, délimité au nord par le ruisseau du Peugue et au sud le ruisseau Le Serpent.
Le domaine tire son nom du lieu où il se situe : Brion.
Histoire :
Le 21 janvier 1521, un acte notarié par Maître Hamelin Gemisson enregistre une vente à rente perpétuelle entre Jean de Monque, écuyer et seigneur de Monque et Guilhem de Mailhois, marchand, engage la livraison annuelle de 4 pipes de vin (soit huit barriques) d’un vin venant du lieu appelé Aubrion qui doit être acheminé au lieu, maison et bourdieu dudit de Mailhois, au lieu appelé Au Bryon, en la paroisse Saint-Martin de Pessac. C’est la plus ancienne mention connue du terme Aubrion.
Le 23 avril 1525, la terre de Haut-Brion est apporté en dot par Jeanne de Bellon, fille de Pierre de Bellon, écuyer, marchand grenetier , maire de Libourne en 1514, 1519, 1524 et 1526 et seigneur de Haut-Brion, lors de son mariage avec Jehan de Pontac (1486-1589).
En 1531, Jean de Monque vend à Jehan de Pontac son bourdieu.
En mai 1533, Jehan de Pontac achète au basque Jean Duhalde pour 2650 livres tournois un petit château au voisinage de la propriété.
En 1549, il agrandit ce bâtiment et démarre la construction de la partie nord du château actuel. Dans le même temps, il achète des parcelles avoisinantes pour agrandir le domaine.
En 1584, Jehan de Pontac détache du domaine un moulin à eau entouré de prés et de vignes qu'il offre aux pères des Carmes de Notre-Dame situés à Langon. Ce terrain prendra avec le temps le nom de Carmes de Haut-Brion et deviendra le château les Carmes Haut-Brion après la Révolution française.
Ensuite, le domaine sera transmis à Geoffroy de Pontac (1576-1649).
En 1666, Arnaud de Pontac (1599-1681), président du Parlement de Bordeaux, afin de mieux faire connaître le vin du domaine envoie à Londres son fils François-Auguste (1636-1694) ouvrir une taverne à Londres : The Pontac Head's.
Dans le même temps, le vignoble est agrandi, l'usage de l'ouillage et du soutirage se généralise ce qui a pour conséquence de permettre aux vins de Haut-Brion de vieillir 4 à 5 ans en barrique avant d'être vendu et de pouvoir se garder une dizaine d'années supplémentaires.
Dès 1690, on commence à effectuer une sélection d'un grand vin.
Le domaine restera dans la famille de Pontac jusqu'en 1694, année du décès de François-Auguste de Pontac. Ses deux sœurs, Thérèse de Pontac (?-1694) épouse depuis le 30 septembre 1654 de Jean-Denis d'Aulède de Lestonnac (?-1695), baron de Margaux et propriétaire de château Margaux et Marianne, épouse depuis le 18 avril 1667 de Jean-Baptiste Le Comte (1638-1703), seigneur, baron de la Tresne -Cénac et de Gouderville, président à mortier du Parlement de Bordeaux héritent du domaine. La direction du domaine passera dans la famille de Lestonnac (propriétaire également de Château Margaux).
Le 30 août 1682, Catherine d'Aulède, épouse François-Joseph de Fumel (1660-1688) et après l'assassinat de François-Joseph de Fumel, son fils, Louis II de Fumel (?-1749) héritera du titre de seigneur de Haut-Brion.
Le domaine possède alors un vignoble d'une superficie de 42,5 hectares.
Durant ce temps, la propriété du domaine est partagée entre les deux familles.
En 1740, le château est agrandi.
En 1749, après le décès de Louis II de Fumel, le domaine est divisé entre les deux familles, les 2/3 pour les descendants de Louis II de Fumel, le dernier tiers au descendant du marquis de la Tresne.
En 1785, pour la première fois, une vente par abonnement de la production du domaine est effectuée (vente de récoltes à venir).
Jusqu'en 1840, les deux portions du domaine seront séparées.
La partie de Fumel sera en possession de Joseph de Fumel et de sa sœur Laure de Fumel mariée le 14 octobre 1794 avec Joseph Hector de Brane (1746-?), seigneur de Budos. L'absence de membre de la famille sur le territoire national entraîne la saisie et la mise sous séquestre du domaine comme bien national (tout comme le château Margaux). Le neveu de Joseph de Fumel rachètera la part de celui-ci et celle de Laure de Fumel.
En 1796, la superficie totale du domaine dépasse les 72 hectares.
Le 28 février 1801, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838) rachète le domaine à Jacques Poris pour la somme de 255000 francs.
Talleyrand revend la propriété dès 1804 afin de racheter le château de Valençay à Pierre-Narcisse Dorothée Michel aîné (1771-?), banquier, pour la somme de 300000 francs.
En avril 1822, la quasi-totalité du vignoble gèle, la production du millésime est presque nulle.
En 1825, le domaine est racheté moyennant la somme de 525000 francs et une rente viagère annuelle de 25000 francs par un négociant néerlandais, Jean-Henry Beyerman associé à un agent de change, Louis-Nicolas Comynet. En 1832, Comynet étant tombé en faillite, il cédera ses parts du domaine à Jean-Henry Beyerman (1755-1835).
En 1836, après le décès de Jean-Henry Beyerman, ses héritiers vendent la propriété aux enchères. L'acheteur est Joseph-Eugène Larrieu (1777-1859), banquier et propriétaire de château Bastor-Lamontagne, pour la somme de 296000 francs.
Le domaine possède alors une superficie de 91 hectares et un vignoble d'environ 35 hectares.
Dans le même temps la portion du domaine appartenant à la famille du marquis de la Tresne est rachetée en 1802 par Jean Antoine de Catellan (1759-1838), marquis de Caumont pour la somme de 70000 francs.
Après le décès du marquis de Caumont, en 1838, sa petite-fille Amélie de Gramont d'Aster (1818-1908), comtesse de Vergennes, épouse de Edmond Guillaume Gravier de Vergennes (1812-1872) vend pour la somme de 60000 francs à Joseph-Eugène Larrieu la portion lui permettant de reconstituer le domaine de 1749.
En 1856, Amédée Larrieu (1807-1873), député, prendra la direction du domaine.
Son fils, Eugène Larrieu (1848-1896) lui succédera en 1873, le domaine possède alors une superficie de 165 hectares et un vignoble de 50 hectares seulement du à la crise de l'oïdium, la superficie du vignoble sera de 56 hectares à la fin du 19ème siècle.
Après le décès d'Eugène Larrieu en 1896, Jacques Milleret (1885-?) et madame Taconet, neveu et nièce de celui-ci héritent du domaine.
En mai 1907, le domaine vend en abonnement pour dix millésimes (1907-1916) sa production pour la somme de 2500 francs le tonneau (900 litres) aux établissements Richard et Muller de Bordeaux.
En mai 1920, Jacques Milleret va racheter la part de madame Taconet pour la somme de 3500000 francs. Cette opération ne pourra se réaliser complètement et en 1923, la Compagnie algérienne, banque de Jacques Milleret, s'emparera du domaine.
Cette même année 1923, le domaine commence à embouteiller sa production au domaine et Georges Delmas commence à travailler au domaine.
En 1924, la Compagnie algérienne revend le domaine à la Société des Glacières de Paris (Entrepôt de Grenelle) qui elle-même revend la propriété en 1925 à André Gibert, directeur de la société partant en retraite.
Dans la foulée du rachat, André Gibert va vendre trente deux hectares du domaine qui deviendront le lotissement des Echoppes) et engager de nombreuses poursuites juridiques envers les différents domaines utilisant le nom de Haut-Brion (excepté Larrivet Haut-Brion et la Mission Haut-Brion).
La crise économique de l'entre-deux-guerres va entraîner de nouvelles difficultés. La superficie du domaine est alors de 48 hectares et celle du vignoble va baisser à 31 hectares.
Le 13 mai 1935, Clarence Dillon de la Dillon Read Company, banque d'investissement, achète le Château Haut-Brion pour la somme de 2350000 francs. Le domaine est alors administré par Seymour Weller, neveu de Clarence Dillon.
Dès 1940, le domaine est saisi par l'armée allemande et transformé en maison de repos pour la Lutwaffe (l'armée de l'air allemande).
En 1959, un chai de première année est créé.
En 1961, le cuvier utilisera des cuves inox et Jean-Bernard Delmas (1936-2019) prendra la fonction d’œnologue du domaine à la suite de son père Georges Delmas.
En 1974, un chai de deuxième année est créé.
En 1975, Seymour Weller prend sa retraite et Joan Dillon, alors princesse du Luxembourg, le remplace. Elle épousera en 1978 Philippe de Noailles, duc de Mouchy qui prendra les fonctions de directeur général du domaine jusqu’en 2003.
En 1983, les propriétés voisines de château la Mission Haut-Brion et Château Laville Haut-Brion sont rachetées à la famille Woltner.
En 1986, la superficie du vignoble est de 40 hectares.
En 1995, Jean-Philippe Masclef devient le maître de chai du domaine.
En 2003, Robert de Luxembourg, fils de la duchesse de Mouchy et arrière-petit-fils de Clarence Dillon devient le directeur général du domaine et Jean Philippe Delmas succède à son père comme œnologue du domaine, Jean-Bernard Delmas restant consultant du domaine et Pascal Baratié le chef de culture.
En juin 2011, le château Tertre-Daugay est repris par la société Domaine Clarence Dillon et rebaptisé en février 2012 : château Quintus.
En novembre 2012, le domaine de la Passion Haut-Brion (1,31 hectares, 60 % Cabernet franc et 40 % Cabernet-sauvignon, densité moyenne de plantation : 8000 pieds/ha replanté en 1982), appartenant depuis 1919 à la famille Touraille/Allary (achat aux enchères de la succession Vandercruyce) est racheté par le château Haut-Brion. Ce domaine fut commercialisé de 1919 à 1928 sous le nom de Domaine du Haut-Brion la Passion, puis à compter de 1929 : La Passion Haut Brion. Entre 1948 et 1978, le vignoble est exploité et vinifié par le Château Haut-Brion et divisée en trois parts, 2/3 pour la famille Allary et le solde assemblé au moins en partie au château Haut-Brion (une partie de la production aurait été commercialisée au négoce sous l’étiquette de La Passion Haut-Brion). De 1978 à 2007, le vignoble est exploité en fermage et assemblé au château Haut-Brion, loyer : une barrique (900 litres) de Haut-Brion. En 2008, Michel Allary (1916-2010) relance le Domaine de la Passion Haut-Brion avec comme œnologue conseil Stéphane Derenoncourt. Cette nouvelle production s'achève en 2011. En novembre 2012, la parcelle est cédée par les héritiers Allary à la société Domaine Clarence Dillon. Les vendanges de 2012 sont assurées par le château Haut-Brion et la récolte assemblée au second vin du domaine : Clarence de Haut-Brion.
Les vins :
Densité moyenne de plantation du vignoble : 8000 pieds à l'hectare.
Rouge :
Élevage de 18 à 22 mois en fût de chêne (80 % neuf).
Production moyenne annuelle du grand vin : 1000 hectolitres.
Le second vin du domaine porte le nom de : Clarence de Haut-Brion pour les vins rouges.
Existe depuis le millésime 2008.
Auparavant il s'appelait Château Bahans Haut-Brion.
Blanc :
Il est également produit un vin blanc sec appelé Château Haut-Brion blanc issu de Sauvignon (47 %) et de Sémillon (53 %), cultivé sur une superficie de 2.87 ha.
Il a pour particularité de ne pas avoir été classé en 1959 à la demande de la propriété car la production était trop peu importante.
Le second vin du domaine porte le nom de : Clarté de Haut-Brion pour les vins blancs.
Existe depuis le millésime 2009. Auparavant, il s'appelait Les Plantiers de Haut-Brion. Ce vin a la particularité d'être issu du Château Haut-Brion et de La Mission Haut-Brion blanc. Sa production est infinitésimale (12000 à 14000 bouteilles/an environ).