Présentation :Appellation la plus haute du Beaujolais située au nord du département du Rhône, dans un cirque autour du village de Chiroubles, ouvert au sud et orienté vers l'est en direction de la rivière le Douby face à la Saône.
Le vignoble est installé dans sa quasi intégralité en direction de la plaine avec des pentes allant jusque 30 % sur un sol acide et léger de sable sur socle granitique exposé vers l'est et le sud-est entre 260 et 600 mètres d'altitude.
Le climat est de type océanique avec des influences continentales et méridionales.
Le nom de l’appellation vient de la commune éponyme dérivée de chirats qui désigne des amas de pierres aux arêtes vives (également nommés piarris).
Histoire :La vigne existait sans doute à l'état sauvage avant l'invasion romaine (-58 avant J.C).
Elle apparaît de manière certaine en Bourgogne vers 60 après J.C., la vigne est alors cultivée et les vins sont aromatisés. Ce sont des vins doux, miellés, goudronnés ou salés exportés (Lucius Iunius Moderatus Columella dit Columelle dans son Traité d'agriculture).
En 96, un édit de l'empereur Domitien (51-96) ordonne la suppression de la vigne hors d'Italie pour relancer la production de vin en Italie.
Probablement qu'après la chute de l'empire romain, la vigne est maintenue et cultivée par les ordres religieux.
Au 10ème siècle, les moines introduisent la taille courte de la vigne, défrichent et plantent les coteaux abandonnés autour des monastères et les terrains qui leurs sont donnés.
En 1316, une ordonnance royale de Philippe V le Long (1293-1322) imposa le remplacement des chênes par la vigne.
Au 17ème siècle, une rivalité qui durera jusqu'au 19ème siècle, oppose le vignoble du mâconnais au vignoble du Beaujolais pour l'accession aux marchés des vins de Lyon (les vins de Mâcon étaient fortement taxés car étrangers au gouvernement de Lyon) et de Paris. Mâcon accuse le cépage Gamay de produire des vins grandements nuisibles au corps humain à partir d'un raisin interdit en de nombreux endroits et tout spécialement en Bourgogne du fait de sa nature grandement corrosive.
L'ouverture en 1642 du canal de Briare va permettre de relier les bassins de la Loire et de la Seine ce qui va entraîner le développement de la culture de la vigne dans ce secteur de la vallée du Rhône.
Dès le milieu du 17ème siècle, les vins du Beaujolais approvisionnent Paris en vin bon marché. Contrairement aux autres régions bourguignonnes, le vignoble du Beaujolais appartient à des bourgeois, des hommes de lois (noblesse de robe), des nobles et des soyeux lyonnais.
Le 18ème siècle va connaître une spécialisation agricole du Beaujolais avec la plantation de mûriers pour les soieries lyonnaises et la création d'un vignoble important afin de bénéficier du début de l'industrialisation de la région de Lyon. Les coteaux de la Saône sont défrichés, ceux de la Loire également, pour créer de nouveaux vignobles et la superficie de culture du blé diminue au profit de la vigne. Le commerce de la vigne devient l'activité principale de la région.
Le 19ème siècle entraîne une spécialisation du vignoble avec au nord une production de vins destinés à être transportés vers Paris, les pays situés au nord de la France et la Suisse alors que la partie sud du Beaujolais cherche à produire des vins de consommation courante pour alimenter la région lyonnaise. Le vignoble du Beaujolais est alors la propriété de grands propriétaires fonciers lyonnais pour l'essentiel.
En 1816, André Jullien, dans sa Topographie de tous les vignobles connus indique que Chiroubles produit des vins d'ordinaire de première qualité.
Le 22 janvier 1870, Victor Pulliat (1827-1896) grand propriétaire foncier à Chiroubles fonde la Société Régionale de Viticulture de Lyon dont il deviendra le président plus tard. Mais surtout, dès 1877, celui-ci publie un ouvrage sur la lutte contre le phylloxéra où il fait l’apologie du greffage (La vigne américaine et la culture de la vigne en Europe).
La même année, Emile Cheysson (1836- 1910) achète un domaine à Chiroubles.
En 1873, le phylloxéra commence à s'attaquer au vignoble du Beaujolais.
En 1874, Emile Cheysson est partisan du traitement au sulfure de carbone des vignes atteintes par le phylloxéra et s’oppose à Victor Pulliat.
Le 5 décembre 1879, mené par Emile Cheysson, le premier syndicat de lutte contre le phylloxéra est fondé à Chiroubles afin de bénéficier des subventions accordées par l'état français pour l'utilisation du sulfure de carbone, procédé inventé par le baron Arnoult-Paul Thénard (1819-1884) et encourager par la commission supérieure du phylloxéra présidée par Louis Pasteur (1822-1895).
C'est en 1880 que sur la colline de Brouilly a lieu les premiers essais de greffages sur plant américain du Beaujolais avant sa généralisation dans toute la région à partir de 1885.
En 1891, Pierre Mouillefert dans « Les vignobles et les vins de France et de l'étranger » décrit les vins de Chiroubles comme des vins corsés et il distingue le secteur de la côte de Grille-Midi.
En 1929, la cave coopérative est créée.
Le 11 septembre 1936, un décret défini l’appellation d’origine contrôlée Chiroubles (publié le 4 octobre 1936 au Journal Officiel). La superficie de l’appellation est de 290 hectares pour un vignoble implanté sur un sol de granit et de granulite. Le cépage autorisé est le Gamay mais il reste possible d’ajouter jusque 15 % d’Aligoté, de Chardonnay ou de Gamay blanc (Melon), la richesse minimale des moûts est fixée à 170 g/L (187 g/L si ajout du nom d’un climat), le rendement maximal autorisé est fixé à 40 hL/ha de moyenne sur 5 ans et le degré minimum des vins produits est de 10 ° (11 ° si mention d’un climat).
Le 6 décembre 1938, l’appellation d’origine simple est supprimée par décret.
En 1944, la superficie de l’appellation est de 285 hectares.
En 2003, la superficie de l’appellation est de 380 hectares.
Le 27 mai 2004, les climats La Grosse Pierre et Les Côtes sont autorisés par L'I.N.A.O d'accoler leur nom à l'appellation.
Depuis le décret du 29 octobre 2009, cette possibilité n’est plus autorisée.
En 2015, la superficie de l’appellation est de 323 hectares.
Les vins :
A noter que dans le précédent décret d'appellation, le cépage Pinot noir était toléré comme cépage accessoire dans la limite de 15 % et ce jusqu'au millésime 2015.
Deux climats (La Grosse Pierre, Les Côtes) pouvaient ajouter leur nom à l'appellation Chiroubles, depuis le décret du 29/10/2009, cela ne semble plus autorisé.
Vin à la couleur rubis, charnu et tendre aux arômes de fleurs (iris, pivoine, rose fanée, violette) et de fruits noirs et rouges (cassis, cerise, groseille) avec parfois une note épicée.
Considéré comme le cru le plus féminin du Beaujolais.
Température de service : 13-15 °C (55-59 °F).
Garde potentielle : 3 à 5 ans.
Accord(s) gourmand(s) avec ce vin sur le site www.101pairing.com.Synthèse des conditions de production du décret d'appellation :
Densité minimale de plantation autorisée : 6000 pieds à l'hectare.L'irrigation est interdite.Encépagement : Cépage principal : Gamay.
Cépages secondaires (15 % maximum) : Aligoté, Chardonnay, Melon, Pinot noir (autorisé jusqu'en 2015).Le tri de la vendange est obligatoire à la vigne ou à la cave, et ce afin d’éliminer ou de séparer des grappes de raisins ou des baies altérées par une maladie (botrytis, oïdium, etc..) ou insuffisamment mûres.Rendement de base : 56 hl/ha.Rendement butoir : 61 hL/ha.Titre alcoométrique volumique naturel minimum : 10,5 %.La concentration partielle des moûts de raisins par les techniques soustractives d'enrichissement est autorisée, elle ne peut pas dépasser 10 % du volume du moût de départ.L’utilisation de morceaux de bois est : Interdite.
Titre alcoométrique volumique total maximum autorisé après enrichissement : 13 %.Teneur maximale en sucres résiduels autorisée : 3 g/L.Élevage au minimum jusqu'au 1er mars de l’année suivant celle de la récolte.Commercialisation possible à partir du 15 mars de l’année suivant la récolte.La mention "Cru du Beaujolais", "Grand Vin du Beaujolais" ou "Vin du Beaujolais" peut figurer sur l'étiquetage.