Château Duhart-Milon

Présentation :
Propriété de 152 hectares située à l'ouest de château Lafite-Rothschild et de château Mouton-Rothschild sur le coteau de Milon qui prolonge, au nord, le plateau des Carruades.
Cette propriété a pour particularité de ne pas posséder de château mais d'utiliser un chai situé dans la commune de Pauillac, rue Étienne Dieuzède.
Le vignoble, presque d'un seul tenant, de 73 hectares (67 % Cabernet-sauvignon, 33 % Merlot) est disposé sur des graves sableuses sur socle calcaire.
Le nom du domaine est issu du nom du propriétaire au milieu du 18ème siècle, Duhart et du hameau de Milon.
Le nom exact de la propriété est : Château Duhart-Milon Domaine Barons de Rothschild (Lafite).

Histoire :
La vigne existe dans le secteur du hameau de Milon au moins depuis le début du 18ème siècle (la fureur de planter : 1710-1730) car ce hameau faisait parti de la seigneurie de Lafite que dirige la famille de Ségur à cette époque.
Le premier propriétaire connu de ce qui deviendra le château Duhart-Milon est Jean-Baptiste Mathieu Mandavy (1755-?), avocat et maire de Pauillac (1790-1797) et suppléant de l'Assemblée nationale législative de 1791-1792 pour la Gironde. Celui-ci, à la fin du 18ème siècle, possède un important vignoble au hameau de Milon nommé Mandavy ou Mandavey-Milon et qui s'étend jusqu'au plateau des Carruades mais également des propriétés dans les colonies (Saint-Domingue).
Ce vignoble aboutira après son décès, entre 1830 et 1840, à la création du château Clerc-Milon, du château Duhart-Milon et du cru Lesparre-Duroc.
En 1750, monsieur Duhart, corsaire, fait construire un château, situé à proximité du Château Grand-Puy Ducasse et de l'actuelle mairie de Pauillac, à l'angle de la rue Adrien de Chauvet et du Quai Antoine Ferchaud bordant la Gironde.
En 1776, le courtier Labadie dans sa nomenclature des domaines de la Guyenne à l'attention de Dupré de Saint-Maur classe la propriété de Mondavey au 4ème rang des domaines de Pauillac avec une valeur de 370 à 400 livres par tonneau. Le premier cru de la commune étant le château Lafite avec une valeur de 1200 à 1300 livres par tonneau.
En 1815, le vin du domaine Mandavy-Milon est estimé par le courtier Guillaume Lawton comme un quatrième cru de Pauillac.
Le 12 juin 1828, Mathieu Mandavy et Géraud Lesparre-Duroc, notaire à Blaye, effectuent le partage de la succession du frère de Mathieu Mandavy, Raymond (ancien capitaine de navire et maire de Gradignan de 1795 à 1800). Lesparre-Duroc, qui a peut-être un lien de parenté avec Mandavy, obtient alors le domaine de Naudon situé à Saint-Savin de Blaye en paiement de ses créances.
Quelques temps après, Jean-Baptiste Mathieu Mandavy cède une partie de sa propriété de Pauillac à Lesparre-Duroc, ce qui formera le cru Lesparre-Duroc.
Entre 1830 et 1840, Pierre Castéja (1799-1863), substitut du procureur auprès du parquet de Bordeaux puis maire de Bordeaux (1860-1863), va reprendre le domaine de Duhart d'une superficie de 14 hectares appartenant à Madame Duhart, veuve de son corsaire de mari. Ce vignoble est situé sur le plateau des Carruades.
Un peu plus tard, lors du règlement de la succession de Jean-Baptiste Mathieu Mandavy, Pierre Castéja reprend le reste du vignoble du domaine Mandavy-Milon. Le tout constituera un vignoble de 40 hectares.
En 1855, le domaine Duhart va être classé quatrième cru classé du Médoc.
Entre 1855 et 1863, Pierre Castéja va acheter une partie du vignoble de Monsieur Lesparre-Duroc situé sur les coteaux de Milon, qu'il va unir au sien et donner au tout le nom de château Milon-Duhart.
Après le décès en 1863 de Pierre Castéja, le domaine sera d'abord gérer par sa veuve et aura le nom dès 1868 de château Duhart-Milon.
A la fin du 19ème siècle, le domaine est la propriété de Pierre-Eugène Castéja (1840-1912) et de sa sœur Suzanne Castéja, épouse de Jacques ou Jules Calvé.
Après la mort de Pierre-Eugène Castéja, c'est son fils Jean Castéja (1882-1955), futur propriétaire du château Lynch-Moussas, qui prendra possession du domaine avec Suzanne Calvé. Ceux-ci vont laisser la direction du domaine à André Delon, futur administrateur de château Léoville las Cases.
Le manque de capitaux va entraîner la vente dans les années 1930 de 15 hectares du vignoble au château Batailley.
En 1937, le domaine sera revendu et jusqu'en 1962, cinq propriétaires dont Edouard Kressmann (1907-1985) vers 1950 et Francis Borie (1890-1953) en 1951 vont se succéder à la tête du domaine. Ceux-ci ne vont pas vouloir ou pouvoir investir dans le domaine ce qui va entraîner petit à petit sa chute.
En 1947, 15 hectares du vignoble sont cédés à Marcel Borie qui créa pour l'occasion le Château Haut-Bages Monpelou.
Dans les années 1950, Édouard Kressmann cède le château à André Cazes, alors maire de Pauillac (1947-1991) qui le fait démolir pour le remplacer par une maison moderne. Les communs étant réaménagés en appartements.
En 1962, il ne reste plus que 17 hectares de vignoble pour un domaine d'une superficie totale de 110 hectares. Le baron Éric de Rothschild (château Lafite-Rothschild) décide alors de racheter le domaine et de réinvestir fortement, dans le vignoble. Il va d'abord organiser la replantation de la totalité du vignoble (excepté 2 hectares planté en 1948) avec les mêmes proportions de cépages qu'au château Lafite-Rothschild à l'époque (70 % Cabernet-sauvignon, 20 % Merlot, 10 % Cabernet franc).
Le 16 juin 1969, un orage de grêle dévaste le vignoble du domaine et provoque la perte de 80 % de la récolte.
En 1973, le vignoble atteint une superficie de 42 ha.
En 1974, les chais et le cuvier sont entièrement rénovés.
A partir de 1975, le professeur Emile Peynaud intervient comme œnologue conseil. Le domaine est alors dirigé par Gilbert Rokvam, directeur technique du château Lafite-Rothschild.
En 1994, Charles Chevallier succède à Gilbert Rokvam comme directeur technique des Domaines Rothschild.
En 2001, la superficie du vignoble est portée à 71 hectares pour un domaine d'une superficie de 152 hectares.
L'équipe chargée de château Duhart-Milon est la même que celle de château Lafite-Rothschild. Seule exception : depuis le millésime 2002, les vendangeurs ne sont plus les mêmes.
L’œnologue du domaine est Christophe Congé.
En janvier 2016, Eric Kohler prend la direction de tous les domaines bordelais des Domaines Barons de Rothschild.

Les vins :
Rouge :
Densité moyenne de plantation : 7000 pieds à l'hectare.
Le second vin du domaine porte le nom de : Moulin de Duhart.
Existe depuis le millésime 1986.
Il existe un troisième vin qui porte le nom de Baron de Milon.