Présentation :
Cette appellation grand cru de Gevrey-Chambertin peut intégrer le Clos de Bèze, lui-même classé grand cru sous le nom de Chambertin-Clos de Bèze.
Elle est située sur la départementale 122 appelée route des grands crus (elle va de Gevrey-Chambertin à Morey Saint-Denis).
Le vignoble est composé de deux climats : Chambertin (12,9 hectares) et Clos de Bèze (15,4 hectares) disposé en pente douce sur un sol de marnes ferrugineuses sur socle calcaire avec une exposition vers l'est à une altitude variant entre 240 et 280 mètres.
Le nom de Chambertin viendrait d'un monsieur Bertin propriétaire de ce champ qui aurait acheté aux moines cisterciens de l'abbaye de Bèze-Fontaine (devenue Saint- Pierre de Bèze) des plants de vigne pour planter dans son champ.
Histoire :
En 1276, un acte de Guillaume de Grancey et de l’abbé de Cluny cite l'existence de vigne dans le champ Bertin.
En 1566, un terrier désigne le Grand Chambertin sur une superficie de 8,56 hectares et le Petit Chambertin sur 4,28 hectares qui sont la possession du Chapitre de Langres.
La Révolution française va provoquer la saisie des biens du Chapitre de Langres et la vente le 29 janvier 1791 puis le 26 octobre à un prix de 777 livres l’ouvrée.
Le Chambertin, allongé d'eau glacée, aurait été un des rares vins consommés par Napoléon Ier (1769-1821) notamment au Kremlin à Moscou. Ce qui donna lieu à la vente sous la Restauration (1814-1830) de Chambertin « retour de Russie » dans des quantités représentant le quadruple de ce que l'empereur avait emporté en Russie.
Après 1820, Julien dit Jules Ouvrard (1798-1861), maire de Gilly les Citeaux à partir de 1837, conseiller général de la Côte-d'Or de 1840 à 1848 puis député au Corps législatif de 1852 à 1861, devient propriétaire de 3,7 hectares du climat Chambertin.
Le 1er juin 1855, en raison d'une situation économique morose et peut-être de l’apparition des premières épidémies viticoles (oïdium), Jules Ouvrard loue pour une durée de 12 ans à Ernest Passier représentant la société Passier & Cie plus connue sous le nom de Compagnie des grands vins de Bourgogne, le droit à la totalité des récoltes à partir de la récolte de 1858 du Chambertin qu'il possède, du Clos de Vougeot et de la Romanée-Conti, moyennant le prix de 650 francs pour 456 litres de vins produits, payable en trois termes égaux le 25 décembre, le 31 mai et le 9 novembre de l'année suivant la récolte.
Le décès de Jules Ouvrard en 1861 va entraîner la vente par ses héritiers du château de Gilly mais pas celle du Chambertin qu'il possède, du Clos de Vougeot et de la Romanée-Conti.
En 1865, ses héritiers vendent le climat.
En 1929, le syndicat de défense du Chambertin est créé avec à sa tête le général Henri Rebourseau (1865-?).
Le 2 février 1931, la première chambre civile du tribunal de Dijon décide que : seuls ont droit à l'appellation Chambertin tout court les climats cadastrés Chambertin et clos de Bèze, à la condition que le vin récolté provienne de pinots bourguignons dits noiriens (Pinot noir) et que les vins du Clos de Bèze pourront être désignés indifféremment sous le nom de Clos de Bèze, Chambertin ou bien Clos de Bèze-Chambertin, mais non Chambertin-Clos de Bèze. Par ailleurs, le tribunal autorise les climats limitrophes : La Chapelle, Charmes, Griottes, Latricières, Mazis, Mazoyères et Ruchottes à faire suivre leur nom du nom de Chambertin.
Le 31 juillet 1937, le décret d’appellation d’origine contrôlée est accordé (publié au Journal Officiel le 11 août 1937). Le cépage autorisé est le Pinot noir et ses variétés (beurot, liébault et Renevey pendant 15 ans) mais il reste possible d’ajouter jusque 15 % de cépages blancs (Chardonnay, Pinot blanc et Pinot gris) dans l’encépagement. La richesse minimale en sucre des moûts est fixée à 212 g/L, le degré alcoolique minimal des vins fixé à 12,5 °, le rendement maximal autorisé est de 30 hL/ha (moyenne sur 5 ans).
Le 28 juillet 1938, l’appellation d’origine simple est supprimée par décret.
Le 14 octobre 1943, le décret d’appellation est modifié, la richesse minimale en sucre des moûts est ramenée à 207 g/L et un degré alcoolique minimum de 11,5 °.
A la fin du 20ème siècle, il y a 25 propriétaires se répartissant les 13 hectares de ce grand cru.
Les vins :Le Chambertin-Clos de Bèze peut être commercialisé sous l’appellation Chambertin, l’inverse n’est pas possible.
Chambertin :
Vin puissant à la robe foncée développant des arômes de fleurs (rose, violette), de fruits rouges (framboise, groseille), de fruits noirs (cassis) évoluant vers des notes d'épices (réséda, réglisse) et de sous-bois en finale.
Température de service : 13-16 °C (55-61 °F).
Garde potentielle : 10 à 25 ans.
Accord(s) gourmand(s) avec ce vin sur le site www.101pairing.com.Conditions de production du décret d'appellation :
Densité minimale de plantation : 9000 pieds/ha.L'irrigation est interdite.Cépage principal : Pinot noir.
Cépages accessoires (15 % maximum) : Chardonnay, Pinot blanc, Pinot gris.Rendement visé : 42 hL/ha.Rendement butoir : 49 hL/ha.Richesse minimale des moûts : 198 g/L.Titre alcoométrique volumique naturel minimum : 11,5 %.Enrichissement : Autorisé.Les techniques soustractives d'enrichissement (TSE) sont autorisées dans la limite d'un taux de concentration de 10 %.Titre alcoométrique volumique total après enrichissement : 14,5 %.Teneur maximale autorisée en sucres résiduels : 2 g/L maximum.Élevage au minimum jusqu'au 15 juin de l’année suivant la récolte.Commercialisation possible à partir du 30 juin suivant la récolte.