Présentation :
Cette propriété se situe au sud-est de la commune de Saint-Estèphe à proximité du chenal du Lazaret, face au château Cos Labory et à la limite de Pauillac et au voisinage du château Lafite-Rothschild.
Le domaine est situé sur la colline de Cos (20 mètres d'altitude).
Le vignoble de 91 hectares (65 % Cabernet-sauvignon, 30 % Merlot, 5 % Cabernet franc et Petit verdot) se compose d'une trentaine de parcelles distinctes orientées vers le sud et implanté sur un sol de graves et un sous-sol calcaire. Il se divise en deux secteurs partagés par le château Cos Labory (séparé par une simple rue).
Le vignoble autour du château représente 60 hectares et est disposé sur un sol de graves sur socle calcaire sur une petite colline.
Le domaine tire son nom d’une famille de propriétaire du 18ème siècle : De Lacoste D'estournel De Maniban et du terme gascon Cos désignant une colline de cailloux.
Histoire :
Le vignoble d'Estournel existe depuis au moins le 18ème siècle.
En 1776, Labadie dans son classement des vins pour l'intendant de la généralité de Guyenne indique une valeur par tonneau comprise entre 350 et 380 livres, le premier cru de la commune étant selon lui Calon (500 à 600 livres).
En 1791, Louis Joseph Gaspard Lacoste de Maniban, Marquis d’Estournel (1762-1853) hérite à 29 ans de son père, Guy de Lacoste d'Estournel De Maniban (1723-1791) d’un vignoble d'une superficie approximative de 14 ha. Il va développer la propriété et ajouter de nouvelles vignes : notamment le vignoble de Pommies, connu maintenant sous le nom de Château Pomys (cru bourgeois) et racheter l'abbaye de l'Isle à Ordonnac.
En 1811, Jean-Louis de Lapeyrière (1749-?), receveur général des contributions du département de la Seine rachète le domaine de Cos d’Estournel pour la somme de 250000 francs avec une clause de réméré permettant à Louis-Gaspard d’Estournel de racheter la propriété dans un délai de 5 ans.
Chose étrange, Louis Gaspard d'Estournel va exercer cette clause 10 ans plus tard en 1821 avec l'accord de Jean-Louis de Lapeyrière !
En 1821, Louis-Gaspard d'Estournel rachète le domaine en association avec 5 hommes d'affaires bordelais et porte la superficie totale du vignoble à une soixantaine d'hectares. Il en profite pour continuer de développer le domaine. Entre 1820 et 1848, il effectuera plus de 80 opérations d'achats et d'échanges de vignes.
A noter que l'architecture de Cos d'Estournel est atypique dans la mesure ou une forte influence orientale est présente. Celle-ci est due à ses relations avec l'Orient et l'Asie. Une légende apocryphe veut que les deux tourelles extérieures furent construites suite au retour des Indes d'une cargaison refusée qui se révéla un des meilleurs millésimes du cru.
Le 28 septembre 1847, une vente aux enchères du domaine voisin de Cos-Labory est organisée à la demande de Justin Promis séquestre judiciaire depuis le 16 décembre 1844 du domaine Cos Gaston ou Cos Labory avec une mise à prix de 200000 francs. Le seul enchérisseur est Louis Joseph Gaspard Lacoste de Maniban, Marquis d’Estournel (1762-1853). Il rachète le domaine pour la somme de 200000 francs.
C'est ainsi que les meilleures parcelles du domaine de Cos Labory seront rattachées au domaine de Cos d'Estournel.
Le 19 juin 1850, suite à un trop fort endettement pour développer ses propriétés, son vignoble et ses chais, une vente aux enchères au tribunal de Bordeaux est organisée pour vendre deux des propriétés de Louis-Gaspard d’Estournel. Le Cos d’Estournel, propriété de 58,039 hectares avec un vignoble de 37,1095 hectares est mis à prix 600000 francs, Cos Gaston ou Cos Labory, propriété de 34,0789 hectares avec un vignoble de 21,9389 hectares, est mis à prix pour la somme de 130000 francs. La vente échoue.
Le 29 juillet 1851, nouvelle mise en vente aux enchères au tribunal de Bordeaux avec cette fois le domaine de Cos d’Estournel (mise à prix 300000 francs), Cos-Gaston-Labory (mise à prix 150000 francs), le château Pomys (mise à prix 200000 francs) et les domaines de l’Abbaye de l’Isle et de Bédilloux. La vente échoue de nouveau.
Le 12 mai 1852 puis le 7 juillet 1852, les domaines sont remis à la vente. Mise à prix : Abbaye de l’Isle (mise à prix 150000 francs), Bédilloux (30000 francs), Cos d’Estournel 350000 francs, Cos Gaston Labory : 150000 francs et le château Pomys : 220000 francs. Un banquier britannique du nom de Charles Cecil Martyns, représenté par le négociant Jérôme Chiapella rachète l’ensemble pour la somme de 1150000 francs (avec également l'Abbaye de l'Isle et Bédilloux). Ce banquier aura la délicatesse de laisser d'Estournel rester dans sa maison de Pommies.
En 1853, Louis Joseph Gaspard Lacoste de Maniban, Marquis d’Estournel décède à l'âge de 91 ans au château Pomys.
En 1855, Cos d’Estournel est classé second cru du classement du Médoc et Cos Labory cinquième cru classé du Médoc.
Pendant ce temps, la propriété est administrée par Célestin Chiappella, riche colon, propriétaire de Château La Mission Haut-Brion.
En 1860, Cos Labory et son vignoble de 15 hectares est cédé à Louis Peychaud (1804-?).
En 1869, les héritiers de Charles Cecil Martyns vendent le domaine Cos d’Estournel à la famille Errazu, famille aristocratique basque pour la somme de 2200000 francs.
Le domaine est alors constitué de 120 parcelles pour une superficie de 55,3 hectares.
Le 22 juin 1889, Jean-Justin ( ?-1889) et Jean-Jules (1827-1906) Hostein achètent le château Montrose pour la somme de 1500000 francs.
Le 29 juillet 1889, Jean-Justin et Jean-Jules Hostein achètent le château Cos d'Estournel à la famille Erazu. Le même jours, ils achètent le château Pomys.
Le 21 novembre 1889, Justin Hostein décède.
En 1894, Louis Victor Charmolüe (1860-1925), gendre de Jean Hostein, époux de Marie-Thérèse Hostein (1861-1931), futur maire de Saint-Estèphe de 1900 à 1925 et propriétaire du château Montrose et du château Pomys à compter de 1896., prend la direction de la propriété.
En 1907, Matéo Petit, négociant, achète les récoltes invendues de 1902 à 1906 des châteaux Cos d'Estournel et Montrose, additionné de 400 tonneaux (3600 hectolitres) des millésimes 1905 et 1906 du château Pomys.
Le 3 février 1917, Fernand Ginestet, propriétaire du château Marbuzet, rachète le domaine en même temps que le château Pomys.
Pierre Ginestet l'administra à partir des années 1930.
En 1940, le domaine est réquisitionné par l'armée allemande et les soldats allemands « s'amusent » à tirer sur les cloches décorant les tourelles du château.
En 1941, c’est Fernand Ginestet qui est cité comme propriétaire du domaine par l’Annuaire des marques et appellations d’origine des vins.
En 1967, le vignoble possède une superficie totale de 58 hectares.
En 1971, Arlette Ginestet, épouse de Jean-Honoré Prats (de la famille Prats qui a créé la boisson Saint-Raphaël) et fille de Fernand Ginestet hérite du domaine tout en abandonnant ses droits sur les autres propriétés de la famille Ginestet (notamment château Margaux). Son fils Bruno en prend alors la direction.
En 1984, le cuvier est entièrement rénové.
A compter du millésime 1997, l'étiquette du domaine est imprimée sur un papier de type billet de banque afin d'éviter les contrefaçons.
En 1998, Bruno Prats vend la propriété au groupe Taillan de Jacques Merlaut (propriétaire entre autre de : Château Broustet, Château Chasse Spleen, Château Citran, Château Ferrière, Château Gruaud-Larose, Château La Gurgue et Château Haut Bages Libéral), associé à des investisseurs argentins (Cavas Santa Maria) et le fils de Bruno Prats, Jean-Guillaume prend la direction du domaine.
En novembre 2000, le domaine est revendu à l'homme d'affaires Michel Reybier, propriétaire des salaisons Justin Bridoux pour la somme de 800 millions de francs.
En 2004, une étude pédologique du vignoble est réalisée par Pierre Becheler et détermine 72 parcelles différentes dans le domaine. Suite à cette étude un terroir situé à Port de Goulée et Jau-Dignac et Loirac sur un sol de graves est acheté pour produire à compter du millésime 2004 un vin rouge nommé La Goulée by Cos d'Estournel (vinifié sur place). Une partie des vignes de La Goulée sont surgreffées en Sauvignon et Sémillon pour produire un vin blanc (vinifié au château Cos d'Estournel). Elles produisent le Cos d'Estounel blanc et en second vin La Goulée blanc à compter du millésime 2005.
En 2008, l'architecte Jean-Michel Wilmotte redessine le chai et le cuvier du domaine. Le cuvier est disposé sur un chai à barriques souterrain (11 mètres sous le sol). Il est doté de 72 cuves en acier inoxydable de forme tronconiques permettant une vinification parcellaire du vignoble du domaine. Toutes les opérations de transfert s'effectuent au moyen de 4 cuves mobiles afin d'éviter l'utilisation de pompes et de ne fonctionner que par gravité.
En janvier 2013, Jean-Guillaume Prats quitte la direction du domaine pour prendre la présidence d'Estates & Wines, division vin du groupe LVMH. Le nouveau directeur du domaine est Christophe Ranger en attendant la nomination effective d'Aymeric de Gironde en février 2013. Le responsable technique étant Dominique Arangoits.
Le 17 mars 2017, le domaine annonce le rachat à la famille Arnauld du château Pomys et de son vignoble de 12 hectares.
Les vins :
La densité moyenne de plantation varie de 8000 à 10000 pieds/hectare selon les parcelles.
Rendement moyen : 40 à 45 hL/ha.
Rouge :
Le second vin du domaine porte le nom de : Les pagodes de Cos.
Existe depuis le millésime 1994. Auparavant, les raisins issus des vignes de moins de vingt ans n'étaient pas utilisés pour le grand vin mais assemblé dans le vin du Château Marbuzet.
Un autre vin est produit hors du domaine : La Goulée. Vinifié en rouge et en blanc.
Densité moyenne de plantation : 5700 pieds/hectare.
Blanc :
Il existe également un vin blanc depuis le millésime 2005 portant le nom de Cos d'Estournel blanc. A base de Sauvignon et de Sémillon dont le vignoble est situé à Jau-Dignac et Loirac.
Un autre vin est produit hors du domaine : La Goulée.(second vin du Cos d'Estournel blanc).