Présentation :
Propriété de 69 hectares situées au nord de la commune de Pauillac, contigüe au château Pontet-Canet, à l'ouest de château Pédesclaux et au sud-ouest de château Mouton-Rothschild.
Le vignoble du domaine d'une superficie de 50 hectares (53 % Cabernet-sauvignon, 34 % Merlot, 11 % Cabernet franc, 2 % Petit verdot) est installé sur un sol de graves avec des poches calcaires sur socle calcaire.
Il est constitué de trois parcelles : la Croupe de Béhéré (5 hectares) sur une croupe de graves légères et profondes, le Plateau des Levantines et de L’Obélisque (26 hectares dans le prolongement du plateau des Carruades) installé sur un plateau de graves légères et profondes et une parcelle de 19 hectares sur le Plateau de Pibran (haut plateau de Pauillac) sur un sol de graves sur socle calcaire.
Le nom du domaine a beaucoup changé durant la seconde moitié du 20ème siècle (voir l'historique du cru et la partie Les vins). Le nom actuel est issu du nom du créateur du vignoble : Dominique d'Armailhacq.
Histoire :
L'origine de ce domaine remonte au 17ème siècle lorsque l'un des deux frères, Dominique ou Guilhem d'Armailhacq, pilotes sur l'estuaire de la Gironde épouse en 1680 une demoiselle de Romat ce qui lui donne des droits de co-propriété sur les terres de Mouton.
Nicolas-Alexandre de Ségur des Francs (1697-1755), président à mortier au Parlement de Bordeaux surnommé le prince des vignes étant le propriétaire de la plupart des terrains situés dans ce secteur de Pauillac à travers le château Lafite.
En 1720, Joseph de Brane achète des terrains sur Pauillac et constitue ce qui deviendra le château Brane-Mouton (château Mouton-Rothschild maintenant). La vigne fut sans doute plantée avant 1725.
Vers 1725, Jean-François Pontet, grand écuyer du roi, major général garde-côte du Médoc, commence à acheter des terrains sur la commune de Pauillac qui deviendront château Pontet-Canet.
Le 1er août 1733, Dominique d'Armailhac, inspecteur des fortifications de la Gironde, du Fort-Médoc à la pointe de Grave et bourgeois de Bordeaux, épouse Catherine Marchand, fille de Jean Marchand bourgeois de Bordeaux, celle-ci lui apporte une dot de 13000 livres.
Entre 1718 et 1740, Dominique d'Armailhacq ou d'Armailhac achète les terres comprises entre château Pontet-Canet et château Mouton-Rothschild. Nous sommes à l'époque de ce que l'on a appelé la fureur de planter. Il est donc logique que d'Armailhacq plante un vignoble à l'instar de ses voisins.
En 1743, le vignoble existe déjà puisque Dominique d'Armailhacq est exempté d'impôts sur les vins qu'il apporte sur Bordeaux.
A cette époque, Dominique d'Armailhacq continue d'étendre sa propriété en rachetant les terres situées à proximité de son domaine.
Dès 1750, il est fait mention d'un « Clos de Mouton » sur une carte de la seigneurie de Lafite.En 1776, le courtier Labadie, à la demande de Dupré de Saint-Maur, intendant général de Guyenne, dans sa nomenclature des domaines de Guyenne classe Darmaillac au quatrième rang de la commune. Le premier cru étant château Lafite avec une valeur de 1200 à 1300 livres le tonneau.
Le 24 juin 1780, Louis-Odet d'Armailhacq, fils de Dominique et conseiller du Roi, trésorier payeur des gages de la Cour des aides épouse Marie-Thérèse de Laporte, fille de Daniel de Laporte baron de Pauliac en Agenais, seigneur des maisons nobles de La Mothe, de Mouton et du Petit-Camau.
Ce mariage permet d'utiliser le nom de Mouton et le domaine est alors rebaptisé château Mouton d'Armailhacq. Mais, les d'Armailhacq ne peuvent utiliser le nom seul, car, Joseph de Brane a récupéré à peu près à la même époque la maison noble de la baronnie de Mouton en rachetant la maison du Grammant à Monsieur de Saint-Duval. Le domaine sera alors baptisé château Mouton d'Armailhacq. Le vignoble atteint alors une superficie de 52 hectares.
Durant la Révolution française, la famille d'Armailhacq va tenter de racheter une parcelle des Carruades d'environ 10 hectares mais la commune de Pauillac va s'y opposer et les d'Armailhacq n'entreront en possession de ces terres qu'en 1838 (après 35 ans de procédure).
En 1820, les travaux de construction du château commencent. Ils ne seront jamais terminé et seront arrêtés en 1830.
De 1830 à 1843, Armand d'Armailhacq (1789-1868) et son frère Joseph-Odet d'Armailhacq (1782-1860) dirigeront le domaine. C'est une époque de crise économique sévère pour les domaines viticoles avec la réapparition de taxes douanières qui empêchent les exportations de vin.
Pour faire face aux dettes accumulées, le domaine qui atteint à l'époque la superficie de 70 hectares est mis en vente en novembre 1843 par les créanciers et est racheté en mars 1844 par Madame Darmailhacq, épouse séparée de biens de Monsieur Joseph Odet-d'Armailhacq aîné, pour la somme de 398000 francs hors frais.
Afin de régler cette somme, elle va vendre les 10 hectares du plateau des Carruades pour la somme de 96000 francs au propriétaire de château Lafite qui brûle la politesse à celui de Mouton-Rothschild (Goudal le régisseur de château Lafite ayant signé le compromis 30 mn avant Lestapis, le régisseur de l'époque qui arrivait avec une offre de 100000 francs).
Après ce rachat, Madame d'Armailhacq confie la direction du domaine, alors d'une superficie d'environ 70 hectares, à son fils Armand d'Armailhacq (1789-1868). Celui-ci va transformer le vignoble en n'utilisant que les cépages nobles, moderniser la vinification du domaine et l'élevage du vin.
A cette époque, le domaine est encore propriétaire d'une parcelle sur le plateau des Carrruades et produit un vin nommé Carruades d'Armailhacq.
En 1855, Armand d'Armailhacq publie un livre nommé : De la culture des vignes, de la vinification et des vins dans le Médoc, avec un état des vignobles d'après leur réputation qui sera un ouvrage de référence durant tout le 19ème siècle.
En 1855, le domaine est classé dans la catégorie cinquième cru classé du Médoc.
Après son décès le 14 avril 1868, c'est le comte Adrien de Ferrand (1828-1907), époux depuis le 5 août 1857 de la sœur d'Armand : Alexandrine d'Armailhacq (1833-?), qui reprend en indivision le domaine avec Louis Amédée d'Armailhacq (1829-1871).
En 1878, le comte de Ferrand rachète la totalité des parts de Louis Amédée d'Armailhacq.
En 1882, débute la crise du mildiou dans le bordelais qui connaîtra son apogée en 1886. Mais, le domaine dès 1885 utilisera la bouillie bordelaise, solution cupro-calcique mise au point par Alexis Millardet (1838-1902) avec la collaboration d'Ulysse Gayon (1845-1929), ce qui permettra de sauver la vendange du millésime.
Après le comte Adrien de Ferrand, c'est son fils Roger de Ferrand (1867-1934), comte de Ferrand de Mauvesin (ou de Mauvezin) et époux de Jeanne de Gourgues (1874-1973), qui prend la direction du domaine.
Sous leurs direction, il se passera peu de choses, car, comme pour beaucoup de domaines bordelais, la crise du phylloxéra, de l'oïdium et la première guerre mondiale entraîne une crise économique sévère.
A noter toutefois que le comte Roger de Ferrand de Mauvesin sera l'un des principaux participants de l'unique manifestation du 23 juin 1907 à Lesparre lors de la crise viticole du début du siècle.
Les millésimes allant de 1907 à 1911 sont vendus par abonnement au négociant de Bordeaux Rosenheim & fils.
En 1921, Roger de Ferrand créée une société de courtage appelée la société vinicole de Pauillac (celle-ci deviendra La Bergerie, puis plus tard La Baronnie et enfin la S.A Baron Philippe de Rothschild).
En 1931, le comte Roger de Ferrand crée la société anonyme du domaine de Mouton d'Armailhacq. Société dotée de 3500 parts de 1000 francs chacune. Philippe de Rothschild, propriétaire depuis 1922 du domaine voisin le château Mouton-Rothschild, en devient un actionnaire minoritaire.
En 1933, le comte Roger de Ferrand cède en viager le domaine au baron de Rothschild.
En 1934, le comte Roger de Ferrand meurt. A cette époque le vignoble a une superficie de 60 hectares environ.
Après son décès, la demeure deviendra ultérieurement la résidence du régisseur de château Mouton-Rothschild de 1947 à 1966 et sera utilisé pour stocker le matériel agricole et viticole nécessaire aux deux propriétés.
Lors de la seconde guerre mondiale, Philippe de Rothschild est emprisonné à Vichy avant de s'évader et de s'enfuir vers Londres, tandis que sa femme Elisabeth de Chambure (1902-1945) décède en déportation à Ravensbrück.
En septembre 1940, l'état français met sous séquestre le domaine, il sera administré par le Secours National.
En avril 1942, les propriétaires sont expropriés en vue de la création de terrains d'expérience agricole.
À compter de 1943, c'est l'Administration provisoire des Domaines qui gère le domaine.
En 1945, le château Mouton-d'Armailhacq est restitué à la famille de Rothschild.
En 1949, le vignoble a une taille de 45 hectares.
En 1956, année du gel catastrophique pour le vignoble du Médoc, la propriété change de nom et devient château Mouton Baron-Philippe.
En 1960, il ne reste plus que 32 hectares de vigne.
En 1968, les chais sont entièrement reconstruits.
En 1976, suite au décès de sa femme, le baron, en hommage, change le nom de la propriété en château Mouton-Baronne-Philippe (Chateau Baronne-Pauline ayant été refusé). La même année un programme de replantation du vignoble commence qui va porter la superficie du vignoble à 50 hectares.
Après le décès en 1988 du Baron Philippe de Rothschild, c'est sa fille, Philippine de Rothschild (1933-2014) qui dirige la propriété. Elle est copropriétaire des différents domaines Baron Philippe de Rotschild avec ses trois enfants Camille, Philippe et Julien.
En avril 1991, le nom de la propriété change de nouveau et devient château d'Armailhac (sans q) à compter du millésime 1989.
En 2002, Jean-Paul Polaert prend la direction du domaine.
En 2003, Philippe Dhalluin, ancien directeur technique du château Branair-Ducru, devient le responsable technique des domaines Baron Philippe de Rothschild (Château d'Armailhac, château Clerc-Milon et château Mouton-Rothschild).
Les œnologues conseils du domaine sont : Eric et Jacques Boissenot.
Après le décès le 22 août 2014 de la baronne Philippine de Rothschild, son fils Philippe Sereys de Rothschild lui succède à la tête des différents domaines familiaux.
En janvier 2022, Lucie Lauilhé succède à Jean-Paul Polaert à la direction du domaine.
En 2021, un nouveau chai est inauguré avec une cuverie dotée de 50 cuves inox (de 75 à 240 hectolitres) pour une vinification parcellaire et de deux chais d’élevage (sur deux niveaux).
Les vins :
Rouge :
Densité moyenne de plantation : 8500 à 10000 pieds à l'hectare.
Pas de second vin.
Le nom du grand vin a été modifié plusieurs fois:
Vers 1750, Clos de Mouton.
A la fin du 18ème siècle : Darmaillac (1776), nom repris lors du classement de 1855.
Jusqu'au millésime 1932 : Château d'Armailhacq.
De 1933 à 1956 : château Mouton d'Armailhac.
Du millésime 1956 au millésime 1976 : Château Mouton-Baron Philippe.
Du millésime 1977 au millésime 1988 : Château Mouton-Baronne-Philippe.
Depuis le millésime 1989 : Château d'Armailhac.