Château Clerc-Milon

Présentation :
Propriété de 45 hectares située au nord-ouest de la commune de Pauillac dans le hameau de Mousset et dont le vignoble est situé au voisinage des vignobles de château Lafite-Rothschild et de château Mouton-Rothschild.
Le vignoble, composé d'environ deux cent parcelles mais d'un seul tenant, est disposé à Milon au nord-ouest et à Mousset au nord de Pauillac. Il possède une taille de 41 hectares (50 % Cabernet-sauvignon, 37 % Merlot, 10 % Cabernet franc, 2 % Petit verdot, 1 % Carménère) et est installé sur un sol de graves et de sable avec de l'argile à l'approche de la Gironde.
Le nom du domaine est issu du nom de famille du propriétaire lors du classement de 1855 : Clerc et du lieu du vignoble : Milon.

Histoire :
La création du domaine remonte à la fin du 18ème siècle.
Jean-Baptiste-Mathieu Mandavy (1755-?) est l'époux de Claudine Louise Jorge. C'est un ancien colon de Saint-Domingue et il est avocat au Parlement de Bordeaux, maire de Pauillac (1790-1797) et suppléant de l'Assemblée nationale législative de 1791-1792 pour la Gironde.
Jean-Baptiste-Mathieu Mandavy possède alors un important vignoble au hameau de Milon qui s'étend jusqu'au plateau des Carruades. Ce vignoble aboutira à la création du cru Lesparre-Duroc et des châteaux Clerc-Milon et Duhart-Milon.
En 1776, le courtier Labadie dans sa nomenclature des domaines de la Guyenne à l'attention de Dupré de Saint-Maur classe la propriété de Mondavey au 4ème rang des domaines de Pauillac avec une valeur de 370 à 400 livres par tonneau. Le premier cru de la commune étant le château Lafite avec une valeur de 1200 à 1300 livres par tonneau.
Jean-Baptiste-Mathieu Mandavy traverse la Révolution française sans problème, puisqu'il est maire de Pauillac de 1790 à 1797 et commissaire municipal jusqu'au 11 décembre 1797. Il fut désigné suppléant de l'Assemblée nationale législative de 1791-1792 pour la Gironde.
En 1815, le vin du domaine Mandavy-Milon est estimé par le courtier Guillaume Lawton comme un quatrième cru de Pauillac.
Le 12 juin 1828, Mathieu Mandavy et Géraud Théodore Lesparre-Duroc, notaire à Blaye, effectuent le partage de la succession du frère de Mathieu Mandavy, Raymond (ancien capitaine de navire et maire de Gradignan de 1795 à 1800). Lesparre-Duroc obtient le domaine de Naudon situé à Saint Savin de Blaye en paiement de ses créances.
Peu de temps après, Jean-Baptiste Mathieu Mandavy cède une partie de sa propriété de Pauillac à Lesparre-Duroc.
A la même époque, Jean-Baptiste Clerc (1779-1851), armateur bordelais est propriétaire d'un vignoble situé au hameau de Mousset, voisin de celui de Mandavy, reçu sans doute par sa femme Marie Romat (1780-1858) en héritage de ses parents et qui prend le nom de Château Clerc Milon.
Entre 1830 et 1840, la famille Castéja, acquiert le reste de la propriété lors du règlement de la succession Mandavy ainsi qu’une parcelle de 14 hectares appartenant à la veuve Duhart. Ce qui constituera un vignoble de 40 hectares qu’elle nommera château Duhart-Milon.
Quelques années avant son décès, Jean-Baptiste Clerc cède une partie du domaine à Monsieur Lamena Pierre (1815-?), tonnelier à Pauillac. Ce vignoble possède une superficie d'environ 10 hectares.
En 1855, le domaine Clerc-Milon est classé dans la catégorie cinquième cru classé du Médoc.
En 1858, la veuve de Jean-Batiste Clerc décède et ce qui reste du domaine appartient alors à ses deux filles Jeanne et Olympe et peut être aussi à ses fils, Antoine (1805-1884), notaire à Saint-Laurent Médoc et Pierre (1808-?), car en 1868 et 1874, Ferret note Château Clerc-Milon, propriété des Clerc, veuves Clerc et Germain. Le domaine produit alors entre 40 et 60 tonneaux de vin rouge.
Au moins dès 1861, Pierre Mondon, en même temps qu'il est régisseur de château Lafite prend en charge la partie du vignoble appartenant à Jeanne Olympe Clerc (1818-1881) veuve de Paul Clerc (1812-1853), homonyme. Il se charge pour son compte du labourage d'une trentaine de sadons de vignes, soit environ 2,4 hectares.
En 1877, la partie du domaine appartenant à Jeanne Germain née Clerc (1811-1885) veuve de Jean Baptiste Félix Germain, est rachetée par Monsieur Meynieu.
Un procès se déroulant de 1881 à 1896 va opposer le fils de Monsieur Meynieu à Jacques Mondon pour savoir qui à le droit d'utiliser la marque (étampe) 5ème cru château Clerc Milon qui pris en sandwich entre château Lafite-Rothschild et château Mouton-Rothschild n'en a que plus de valeur.
Le 5 octobre 1895, le fils de Pierre Mondon, Jacques (1838-1897), notaire à Pauillac de 1866 à 1878, va devenir propriétaire d’une partie du domaine de Clerc Milon, 5ème cru classé du Médoc, appartenant à Maître Pierre Lamena (1842-?), fils de Pierre Lamena et précédent propriétaire de la charge de notaire à Pauillac mis en vente au tribunal de première instance de Lesparre.
La plus grande partie du vignoble appartenait à Monsieur Meynieu mais c'est Maître Mondon qui gagnera le procès. Il rebaptisera son domaine château Clerc Milon Mondon et déposera l'étampe le 28 août 1896 en même temps que celle du château Cissac qu'il vient de créer après avoir reprit les domaines de Martiny (50 hectares dont 29 hectares de vigne) et d'Abiet (13 hectares) situés à Cissac.
Monsieur Meynieu rebaptisera son cru Loubeyres du nom d'une parcelle située au Pouyalet.
Le 17 novembre 1897, Jacques Mondon décède et sa veuve Marguerite Viaud dite Angèle Mondon (1849-1940) procède aussitôt au partage de ses biens qui sera confirmé en 1909 à la majorité de Pierre Mondon : sa fille Germaine (1874-1938) reçoit le château Clerc Milon Mondon, ses fils Louis (1877-1952) le château Anseillan et Pierre (1885-1930) le château Cissac.
Le 9 juillet 1898, Germaine Mondon épouse Antoine Vialard (1866-1942) qui reprendra en 1905 la charge de notaire autrefois détenue par son beau-père Jacques Mondon.
En 1942, Antoinette (1899-1984), épouse Hédon, et Marie Vialard (1903-1980) hériteront du Château Clerc Milon Mondon après la mort de leur père.
En 1947, la société Dourthe obtient le monopole de la commercialisation du domaine.
De 1955 à 1973, le professeur Emile Peynaud intervient comme œnologue conseil du domaine.
En mai 1970, la superficie du vignoble est d'environ 10 hectares lors du rachat du domaine par le Baron Philippe de Rothschild (1902-1988), propriétaire du château Mouton-Rothschild pour la somme dérisoire de 1200000 francs (le 1/3 du prix moyen pratiqué à l'époque).
A compter de ce moment, le domaine est rebaptisé château Clerc Milon, le vignoble est progressivement et entièrement replanté et agrandi. Dans le même temps, les chais et le cuvier sont rénovés.
Depuis la mort du Baron Philippe de Rothschild en 1988, c'est sa fille, Philippine de Rothschild (1933-2014) qui dirige la propriété. Elle est copropriétaire des différents domaines Baron Philippe de Rotschild avec ses trois enfants Camille, Philippe et Julien.
En 2004, Philippe Dhalluin devient le directeur général du domaine.
En 2011, le cuvier est rénové par l’architecte Bernard Mazières avec l'installation de 40 cuves inox thermorégulées et un chai d'élevage semi-enterré est créé. Ces travaux permettant une circulation des baies, des moûts et du vin selon un système gravitaire.
Après le décès le 22 août 2014 de la baronne Philippine de Rothschild, son fils Philippe Sereys de Rothschild lui succède à la tête des différents domaines familiaux.
Mi-2020, Caroline Artaud, auparavant au château Fourcas-Hosten, succéde à Jean-Emmanuel Danjoy appelé à prendre la direction du château Mouton-Rotschild.
Le chef de culture est Richard Martin et le maître de chai Frédéric Faure.


Les vins :
Rouge :
Densité moyenne de plantation : 10000 pieds à l'hectare.
Vendanges manuelles.
Rendement moyen : 40 hL/ha.
Production moyenne : 1275 hL.
Du millésime 1970 au millésime 1982, l'étiquette du château Clerc Milon représentait le dessin d'un gobelet d'argent d'origine allemande représentant une femme portant une cuve.
À partir du millésime 1983, l'étiquette est modifiée et représente un couple de bouffons dansant en pierres précieuses (émail, or, perles).

Second vin : Pastourelle.

Vin destiné à la restauration et commercialisé quand il est prêt à boire.
Premier millésime commercialisé : 2009.