Présentation :
Domaine de 410 hectares situé au nord d'Avensan et à la limite de Moulis au sud des château Biston-Brillette et Brillette.
Le vignoble de 94 hectares (60 % Cabernet-sauvignon, 40 % Merlot) est réparti sur les communes d'Avensan, graves sablonneuses à proximité du château Bonneau et près de Moulis autour du château sur un sol argilo-calcaire alternant avec des zones plus argileuses.
Dans l'ordre chronologique des classements, la superficie du vignoble à évolué ainsi : 120/60/65/90 hectares.
Le nom du domaine est issu de la seigneurie éponyme.
Histoire :
Ce domaine appartenait à la famille des seigneurs de Donissan dont le château fut construit en 1122. On retrouve pour la première fois le nom de Citran dès 1235 avec Guillaume Ramon de Donissan, seigneur de Citran qui y perçoit la dîme.
Cette seigneurie appartint pendant plus de six siècles à la famille de Donissan.
On peut tenter de retracer la transmission de la seigneurie à compter de : Guillaume-Raymond de Donissan, damoiseau fils d'un autre Guillaume-Raymond de Donissan, qui en 1347 est seigneur d'Angludet et de Citran. Celui-ci cède le 7 février 1350 à Rampnol ou « Raoul » de Corn, bourgeois et marchand de Bordeaux la seigneurie d'Angludet. Celui-ci est marié avec Isabelle de La Motte.
La seigneurie passe ensuite à Pons de Donissan marié avec Assali de Fins puis à Raymond de Donissan époux de Marguerite de Durfort.
L'héritier suivant de la seigneurie de Citran est Aymery de Donissan qui a épousé Marguerite de Durfort (une autre que la précédente je suppose).
Leur fils, Gaston de Donissan hérite de la seigneurie. Il épouse Isabeau de Blaignac et transmettra la seigneurie à Jean de Donissan.
Jean de Donissan épouse le 20 avril 1481 Marguerite de L'Isle et transmettra la seigneurie de Citran à son deuxième fils, Thomas.
Thomas de Donissan, écuyer et seigneur de Citran et de Jabastas qui a épousé Marguerite de Gassies transmet la seigneurie de Citran à son fils aîné Jean de Donissan et celle de Jabastas à son fils cadet Guillaume de Donissan.
Jean de Donissan se marie le 3 mai 1547 avec Marguerite Achard et transmettra la seigneurie à son fils Lancelot de Donissan.
Lancelot de Donissan, écuyer et seigneur de Citran, de Donissan, du Gua…, syndic de la noblesse du Médoc, se maria trois fois ( Marie Catherine de Villeneuve fille de Jean de Villeneuve Lopes seigneur de Cantemerle et président du parlement de Bordeaux en 1569, Jacquette Achard en 1577 et Florence de Brémond d'Ars en 1588). Il lègue la seigneurie de Citran à son fils, Josias de Donissan, seigneur-baron de Citran et jurat de Bordeaux, époux depuis le 15 juin 1620 de Suzanne Pasquier (1597-?).
La seigneurie passe ensuite à Charles de Donissan, seigneur de Citran, qui épouse le 17 septembre 1667 Marie de Maniban et transmet la seigneurie de Citran en juillet 1682 à son fils, Guy de Donissan. Celui-ci s'est marié le 5 mai 1700 avec Marie Anne d'Abadie.
La seigneurie passe ensuite en mars 1743 à leur fils, Alphonse de Donissan, marquis de Citran et grand sénéchal de Guyenne qui épouse le 16 janvier 1736 Elisabeth d'Alloue, dame de Chillac.
Le domaine passe ensuite à leur fils aîné Guy Joseph de Donnissan (1737-1794), baron puis marquis de Citran qui épouse le 26 janvier 1760 Marie Françoise de Durfort de Civrac (1747-1838). Le régisseur du domaine à la veille de la Révolution française s'appelle Crépin.
Durant la Révolution française, le marquis Guy de Donnissan sera l'un des chefs de l'insurrection vendéenne sous le nom de Citran.
Après que Guy de Donnissan fut fusillé le 8 janvier 1794 à Angers, la seigneurie de Citran passe à sa fille Victoire de Donissan de Citran (1772-1857) qui a épousé le 27 octobre 1791, le marquis Louis Marie le Saint du Poitou de Salgues de Lescure (1766-1793), puis le 1er mars 1802, le marquis Louis du Vergier de La Rochejacquelein (1777-1815), marquis de la Rochejaquelein neveu du chef de l'insurrection vendéenne et réfugié au château Citran avec qui elle aura 8 enfants.
Le domaine ne sera pas saisi comme Bien national et Victoire de Donissan de Citran rentrant d'exil en 1795 reprendra son domaine conservé durant la Révolution française par Louis-Jacques de Courcy d'Herville (1740-1805).
Le second époux de Victoire de Donissan de Citran fut un des leaders du mouvement royaliste bordelais. Jean-Baptiste Lynch (1749-1835), maire de Bordeaux de 1809 à 1814, averti celui-ci le 6 novembre 1813 de son arrestation imminente au château Citran par la gendarmerie et lui permit de s'échapper et de se cacher à Bordeaux. Louis de la Rochejacquelein accueilli Louis XVIII (1755-1824) le 24 avril 1814, à son débarquement à Calais. Il fut ensuite le général en chef des armées vendéennes en 1815 contre les troupes impériales pendant les cent jours (1er mars-7 juillet 1815) avant d'être tué à la bataille des Mathes le 5 juin 1815.
En 1832, la marquise de La Rochejacquelein, née de Donissan vend le domaine à Benjamin Clauzel (1794-1866) qui avait fait fortune aux Antilles et avait épousé en 1821 Marie-Félicie de Boyrie (1803-1881). Le domaine de Citran possède alors une superficie de 600 hectares et un vignoble de 120 hectares.
En 1861 débute les travaux de construction du château actuel, sous la direction de Pierre-Charles Brun (1825-1902), sur les fondations de l'ancien château.
Après le décès de Benjamin Clauzel en 1866, le domaine reste la propriété de son épouse.
Le 27 avril 1873, une gelée détruit la quasi-totalité des raisins du vignoble.
En 1874, le domaine possède une superficie de 600 hectares pour 150 hectares de vignoble dont les trois quart vont geler dans la nuit du 4 au 5 mai.
Après le décès en 1881 de Marie-Félicie Clauzel, le domaine est repris en indivision par ses enfants : François Félix (1821-1886), Marcelin (1824-1903), Etienne (1829-1902), Eugène (1832-1891), Félicie (1834-1848), Camille (1840-1865) et Marie-Elisabeth (1844-1919).
En 1888, les héritiers s'accordent sur le partage du domaine. Chacun reçoit 1/6 soit 100 hectares mais Marcellin Clauzel isole sa part du château Citran des autres mais la production de chaque part reste commercialisée sous l'étampe château Citran. La superficie totale du vignoble est de 100 hectares répartis en deux zones avec un encépagement 75 % Cabernet-sauvignon, 25 % Merlot.
Après le décès de Marcellin Clauzel en 1903, sa veuve Léonice Clauzel née Gastel (1838-1929) conserve les différentes propriétés de celui-ci : Citran, Haut-Galan, Saint-Genès, Villegeorge et peut-être le château Laudère.
En 1905, les héritiers Clauzel constituent la société civile du château Citran.
Après la première guerre mondiale, la superficie totale du château Citran est de 500 hectares (100 hectares Veuve Marcellin Clauzel, 400 hectares pour 40 hectares de vigne, héritiers Clauzel).
Le 3 décembre 1923, le tribunal de première instance de Bordeaux interdit l'emploi de l'appellation Margaux au château d'Issan.
Après le décès en 1929 de Léonie Clauzel , le domaine est vendu à des marchands de bois, la famille Magne.
Le 13 septembre 1932, le domaine intègre le premier classement des crus bourgeois dans la catégorie cru bourgeois supérieur.
Les Magne ne vont pas entretenir le vignoble, bien au contraire, en cette période de surproduction, ils vont abandonne progressivement le vignoble au profit de la plantation de pins maritimes.
En 1943, 12000 m² du domaine sont loués par la mairie d’Avensan pour en faire un terrain de sport.
En 1944, il ne reste plus que 4 hectares de vigne dont 0,5 hectare d'hybrides lorsqu'Edouard (1898-1959) et Louis (1892-1982) Miailhe rachètent le château Citran pour la somme de 5 millions de francs.
En février 1945, Jean Miailhe (1925- ), fils de Louis Miailhe prend la direction du domaine et la conserve jusqu'au partage de 1979.
En 1953, Édouard et Louis Miailhe se partagent les différentes propriétés qu'ils possèdent et c'est Louis qui reprend le château Citran.
En 1980, suite à un partage de famille en 1979, le domaine est repris par Jean-François Cesselin et son épouse Françoise Miailhe (1931- ), sœur de Jean Miailhe.
En 1983, Jean-Michel Ferrandez devient le régisseur du domaine, il était auparavant au château Beauséjour héritiers Duffau-Lagarosse. Le professeur Emile Peynaud est alors l'oenologue conseil du domaine. Le vignoble possède alors 78 hectares de superficie.
En 1986, le vignoble possède une superficie de 80 hectares réparti en deux zones et les vendanges se font à la machine.
En 1987, le domaine est revendu à la société japonaise Touko Haus pour la somme de 100 millions de francs avec 320 hectares de terre et de forêts destinés à devenir un parc de loisirs.
En octobre 1996, le groupe Taillan reprend le domaine suite à la faillite de la société Touko Haus pour la somme de 35 millions de francs et Antoine Merlaut prend la direction du domaine.
En 2000, l’oenologue conseil du domaine est Michel Rolland.
Propriété dirigée par Celine Villars, nièce d'Antoine Merlaut (?-2009).
Le 17 juin 2003, le domaine est classé Cru Bourgeois Supérieur dans le nouveau classement des crus bourgeois. Classement annulé en février 2007 par la cour administrative de Bordeaux suite à l'appel de 77 châteaux non classés.
A partir de 2014, le domaine commercialise un vin sous la marque Bordeaux de Citran issu d’un assemblage de vins d’AOC Bordeaux Supérieur.
En décembre 2021, confirmé le 25 janvier 2024 par la chambre correctionnelle de la cour d’appel de Bordeaux, le domaine est condamné pour pratiques commerciales trompeuses pour avoir commercialisé un vin de Bordeaux sous la marque Bordeaux de Citran issu d’un assemblage de vins d’AOC Bordeaux Supérieur ne venant pas du vignoble du château Citran.
Les vins :
Densité moyenne de plantation : 6700 pieds/ha.
Élevage de 12 à 14 mois en fût de chêne (33 % neuf).
Production moyenne annuelle : 4125 hl.
Le second vin du domaine porte le nom de : Moulins de Citran.