Classement des vins rouges et blancs du département de la Gironde 1855

Présentation :
Pour marquer le retour de la France parmi les premières puissances mondiales, Napoléon III décida d'organiser une Exposition universelle en 1855. Afin de préparer celle-ci, l'empereur souhaite que chaque région viticole française présentant des vins à l'Exposition Universelle et établisse un classement permettant aux étrangers de « comprendre » les vins français.
Pour la région bordelaise, la Chambre de Commerce de Bordeaux se chargea d'établir ce classement.

Histoire :
La Chambre de Commerce de Bordeaux pour répondre à cette demande crée une commission composée de quatre de ses membres : Blondeau, Duffour-Dubergier (président de la Chambre de commerce), André Ferrière et Nathaniel Johnston. Cette commission demande par une lettre du 5 avril 1855 au Syndicat des Courtiers bordelais d'établir une hiérarchie des vins de la région bordelaise.
Ce classement fut établi, par l'Union des Courtiers de Commerce près la Bourse de Bordeaux et plus particulièrement par Charles-Henri Georges Merman (1820-?), propriétaire de château Le Crock à Saint-Estèphe en 1855 et courtier depuis 1843; Stanislas Dubosq courtier depuis 1848, Louis Gabriel Ferrière courtier depuis 1854, François Labory courtier depuis 1811, Edouard Lawton courtier depuis 1826, Auguste Libéral courtier depuis 1814, Edouard Pedesclaux courtier depuis 1840, Miailhe Perrins courtier depuis 1818 et Amédée Tastet courtier depuis 1842.









La construction de ce classement est uniquement basée sur la valeur commerciale des vins selon le principe suivant :
Si les 1ers Crus ont une valeur de 3000 francs.
Les deuxièmes crus ont une valeur comprise entre 2500 et 2700 francs.
Les 3èmes crus ont une valeur comprise entre 2100 et 2400 francs.
Les quatrièmes crus ont une valeur comprise entre 1800 et 2100 francs.
Les cinquièmes crus ont une valeur comprise entre 1400 et 1600 francs.
A partir de cette échelle de valeur, il est alors possible de classer les crus en fonction de l'historique du prix moyen de vente sur une longue période (50 ans approximativement pour la plupart des crus, 20 ans pour les plus récemment créés).
L'absence de crus pour le Libournais (Pomerol, Saint-Émilion) dans ce classement, s'explique par le fait qu'aucun ne possédait un prix de vente suffisant à l'époque (les vins de la rive droite étaient vendus 2 à 3 fois moins chers que ceux du Médoc, le rattrapage ne s'effectuant qu'à la fin du 19ème siècle).
Le 18 avril 1855 fut remis une liste des vins rouges produits dans l'aire médocaine avec une exception : Château Haut-Brion qui est un cru de Pessac-Léognan et une liste de vins blancs avec trois niveaux.
En septembre 1855 durant l'exposition universelle, un cru fut rajouté à la liste : Château Cantemerle (oublié car à l'époque il n'était pas commercialisé par le négoce bordelais et exporté dans son intégralité vers les Pays-Bas).
Le 30 septembre 1949, un décret réglemente l'utilisation du terme cru classé et le lie au classement de 1855 (article 13) ce qui rend celui-ci officiel.
En 1973, une modification au classement fut apportée : Jacques Chirac, ministre de l'agriculture de l'époque, signe le décret de « mise à jour » du classement de 1855, le château Mouton-Rothschild (en accord avec les autres 1ers Crus), passe du statut de second à celui de premier cru classé.