Technique ViticultureAng. PhylloxeraAll. Blattreblaus, ReblausPort.Eu. FiloxeraEsp. FiloxeraMaladie de la vigne provoquée par un puceron microscopique.
Elle est provoquée par un parasite de la vigne d'origine américaine.
C'est en 1863, que le phylloxéra est apparu en France à Pujaut et au château de Manissy à Tavel dans le Gard après avoir importé des plants du cépage Isabelle des Etats-Unis et la même année au Royaume-Uni dans une serre d'Hammersmith.
En 1865, le phylloxéra est découvert dans les Bouches-du-Rhône à Roquemaure et un autre foyer d'infestation apparaît dans la vallée du Douro au Portugal. A compter de ce moment, le phylloxéra va se propager à un rythme plus ou moins rapide selon la densité et l’exposition des vignobles, avec une moyenne de progression d'environ 30 km/an.
Le 8 décembre 1867, un vétérinaire d'Arles, monsieur Delorme, fait le premier signalement scientifique du phylloxéra dans la revue agricole et forestière de Provence.
Le 13 juillet 1868, Henri Marès (1820-1901) qui avait mis au point en 1854 la technique du traitement des vignes par soufrage à sec pour lutter contre l'oïdium, fait, devant la Société Centrale d’Agriculture de l’Hérault, un rapport sur cette nouvelle maladie. Tandis qu'une commission créée le 6 juillet 1868 et composée de Gaston Bazile (1819-1894), Jules-Emile Planchon (1823-1888) et Félix Sahut communiquera un rapport alarmiste dès le 22 juillet 1868 : « Quelque peu agréable que soit le rôle de prophète de malheur, il est de notre devoir de faire connaître la pénible impression que nous rapportons de Provence, et de sonner le tocsin d'alarme... Le mal est déjà immense, il a un caractère contagieux auquel on ne peut se méprendre, et si le fléau ne disparaît pas comme il est venu, si un remède prompt et énergique n'est pas trouvé, avant dix ans, la Provence n'aura plus une seule vigne... ».
Le 11 juin 1869, on découvre le phylloxéra dans le vignoble bordelais à Floirac.
En juillet 1869, Léopold Laliman (1817-1897) découvre la forme gallicole du phylloxéra.
Le 14 juillet 1870, le ministère de l'Agriculture institue un prix de 20000 francs-or (porté à 30000 francs-or par le décrte du 22 juillet 1874, mais le prix ne sera jamais attribué) en faveur de celui qui trouvera un procédé efficace et pratique, susceptible de combattre le phylloxéra. Il y aura plus de 5000 propositions dont, parmi les plus sérieuses : la submersion du vignoble quand cela était possible et le traitement par le sulfure de carbone ou le sulfocarbonate de calcium (à compter de 1874). Dans les plus loufoques : enterrer un crapaud vivant sour le cep de vigne, faire manger du foie de cochon mâle au phylloxéra, arroser la vigne de vin blanc, la dynamite, l’électrocution, le pavage des vignes, le greffage de la vigne sur des ronces, etc.
En 1871, la vallée du Rhône est atteinte et la Suisse est touchée.
En 1872, la commission supérieure du phylloxéra présidée par Louis Pasteur (1822-1895) choisit d'utiliser le sulfure de carbone pour lutter contre le phylloxéra. Ce procédé fut inventé par le baron Arnoult-Paul Thénard (1819-1884). Il consistait à injecter du sulfure de carbone à la base du pied de vigne au moyen d'un pal injecteur. Ce procédé fut utilisé plusieurs années mais il était laborieux, compliqué (le dosage était différent selon le type de sol) et s'avérait onéreux car à répéter chaque année.
C'est le greffage sur des vignes américaines, procédé proposé par Léopold Laliman (1817-1897) dès décembre 1872 et promu par Victor Pulliat (1827-1896), qui permis de sauver le vignoble français.
En 1873-1874, débute la plantation de vignobles sur sable le long du littoral méditerranéen (Aigues-Mortes, étang de Berre) sous l’impulsion de monsieur Bayle avec les cépages Aramon et Petit Bouschet.
En 1875, la superficie du vignoble français est de 2,5 millions d'hectares.
En 1878, le phylloxéra atteint la Côte d'Or. Cette année 1878, 39 départements français sont touchés, 370000 hectares détruits et 240000 hectares touchés par la maladie.
En 1879, les effets dévastateurs du phylloxéra sont visibles. La production française de vin est alors de 25 millions d'hectolitres pour 84 millions d'hectolitres en 1874.
Le 2 août, 1879, une loi exempte les plantations nouvelles de vigne d’impôt foncier pendant trois ans afin de favoriser la replantation du vignoble avec des cépages greffés.
En 1883, 25 % du vignoble de l'Hérault est déjà greffé.
En 1884, l'Auvergne est atteinte. En France, c'est alors 1 million d'hectares détruits par le phylloxéra et 660000 hectares touchés par la maladie.
En 1887, les plantations de la Napa valley (vignoble fondé vers 1880) sont à leur tour atteintes par le phylloxéra.
En 1893, grâce à la plantation des cépages greffés et à une industrialisation intensive des vignobles, la production retrouve les niveaux antérieurs à la crise, soit entre 45 et 65 millions d'hectolitres par an.
En 1895, le phylloxéra atteint la dernière région française exempte de maladie : la Champagne.
En 1903, la superficie du vignoble français est remonté à 1,7 million d'hectare, ce qui quelques années plus tard avec la forte augmentation des rendements provoquera une crise de surproduction à compter de 1906/1907.
La crise du phylloxéra provoqua une importante modification du paysage viticole car lors de la replantation du vignoble, les plantations en foule ou en plantains (plate-bande) furent abandonnées pour permettre la mécanisation des labours et des traitements de la vigne.
Nom officiel de ce puceron : Viteus vitifoliae.
A partir de 1955, le phylloxéra s'attaque aux vignes de Californie en raison de l’utilisation du porte-greffe Ganzin 1, porte-greffe créé par Couderc et abandonné en raison de sa sensibilité au phylloxéra, il ne résiste au phylloxéra qu'entre dix et quinze ans.
Au milieu des années 1970, le phylloxéra réapparaît et vers 1990, suite à trois années de sécheresse 75 % du vignoble est atteint. Il doit être de nouveau arracher et replanter.